mardi 23 mai 2023

Atelier Littérature, 3

 Après Milan Kundera, nous avons évoqué les coups de cœur du mois. Mylène a présenté avec enthousiasme le dernier roman d'Alice Ferney, "Deux innocents", publié chez Actes Sud. Le personnage principal, Claire, une quinquagénaire généreuse, enseigne dans un établissement associatif où elle s'occupe de jeunes gens en difficulté. Un jeune élève, Gabriel, s'attache à Claire mais cet histoire de tendresse bascule dans un drame quand l'enseignante est accusée d'avoir eu des "gestes déplacés" envers l'adolescent. Les soupçons et les silences s'installent dans l'institution et face à l'incompréhensible, l'écrivaine explore les conséquences psychologiques et sociales de ce malentendu fatal. Mylène aime beaucoup Alice Ferney pour son écriture "magnifique" et ses sujets intimes. La bienveillance et la tendresse ne sont peut-être plus à la "mode" dans les relations humaines. A l'heure de "Metoo", du harcèlement dans les réseaux sociaux, du soupçon généralisé, ce roman raconte les pièges de l'innocence. Danièle a pris la suite en parlant du roman magique d'Elsa Morante, "L'île d'Arturo". Le petit Arturo vit dans l'île de Procida, en face de Naples et grandit dans une solitude sauvage. Il rêve de son père qui habite sur le continent mais qu'il ne voit guère. Sa mère est morte à sa naissance et il n'apprécie guère sa belle-mère. Comme dans tous les romans denses et passionnants d'Elsa Morante, il faut se laisser emporter par cet océan de mots, de sensations, de sentiments dans un style fluide et percutant. L'écrivaine italienne, un peu oubliée aujourd'hui, décrit avec son génie légendaire, l'adolescence, un passage crucial dans la vie. Un grand roman inoubliable et en plus, venu d'Italie ! Annette a choisi "Le bureau d'éclaircissement des destins" de Gaëlle Nohant, publié chez Grasset en janvier. La jeune Irène travaille en Allemagne dans un centre de documentation sur les persécutions nazies. Méticuleuse et obsessionnelle, elle se dévoue corps et âme aux destins brisés des victimes du nazisme. Divorcée, elle vit avec son fils adolescent. Sa mission consiste à restituer des milliers d'objets dont le centre a hérité à la libération des camps. Cherchant les disparus, elle rencontre leurs familles à Varsovie, à Paris et à Berlin jusqu'en Argentine. Ce roman bien documenté évoque la tragédie des camps, la séparation des familles et leurs disparitions sans laisser des traces. Seuls, quelques objets les plus modestes (un foulard, une peluche), témoignent de l'existence de toutes ces victimes du nazisme. Un roman à découvrir. (La suite, demain)