jeudi 18 octobre 2012

"La réparation"

Certains lecteurs pourraient se lasser des histoires concernant la mémoire familiale, les plongées en eaux troubles dans la filiation et les ancêtres, les autobiographies générationnelles et généalogiques. Pourtant, j'ai lu avec intérêt Colombe Schneck et son témoignage sur la Shoah. Elle évoque le non-dit dans sa propre famille car sa mère, Hélène, ne lui a jamais raconté le passé tragique d'une petite cousine, Salomé, disparue à Auschwitz en 1943. Salomé n'est jamais revenue ainsi que ses grands-parents. Colombe Schneck mène une enquête à partir de ces disparitions. Sa grand-mère, Ginda, s'était installée en France et avait épousé un médecin russe mais ses propres soeurs sont restées en Lituanie et ont vécu dans le ghetto de Kovno. Colombe Schneck veut comprendre cette époque effroyable et surtout les raisons du silence de la famille sur le sort des deux soeurs de sa grand-mère,  Raya et Macha. Ces deux femmes ont survécu et ont même recommencé à vivre après la guerre, se sont mariées et ont eu des enfants. Salomé, la petite fille espiègle et adorable, massacrée par les nazis, symbolise l'atrocité de la Shoah. Le phénomène psychologique de la résilience, élaboré par Boris Cyrulnik, prend toute sa dimension dans ce récit concernant les deux grands-tantes de Colombe Schneck. Un livre sert à ouvrir les yeux du lecteur. Je connaissais des témoignages sur le sort de Juifs en Allemagne et en Autriche, mais la Lituanie reste encore pour moi un pays européen peu connu. Ce témoignage nous apporte des informations précieuses sur ce ghetto de Kovno et sur l'après-guerre pour ces milliers de victimes. Colombe se rend en Israël et aux Etats-Unis pour retrouver des traces familiales concernant les soeurs de sa grand-mère. Et le mot de la fin concerne cette petite fille Salomé qui aurait eu soixante-quinze ans aujourd'hui, et qui, grâce à Colombe Schneck, ne tombera pas dans l'oubli.