jeudi 25 juillet 2013

"Marée basse, marée haute"

j'ai déjà parlé de cet écrivain merveilleux, délicat et tellement représentatif de la qualité éditoriale "gallimardesque" (si j'ose m'exprimer ainsi...), J.-B. Pontalis, disparu récemment. J'ai donc lu une œuvre posthume, "Marée basse, marée haute", recueil de textes autobiographiques et aussi imaginaires à la façon d'un homme rêveur qui utilise la psychanalyse littéraire ou la littérature psychanalytique comme un symptôme révélateur du comportement humain. Je ne peux pas relater les 26 textes très courts, concis, limpides mais je cite quelques titres éclairants : "Le retrait", "la chute", "Se séparer d'une part de soi-même", "S'exiler de l'exil", "Reprendre vie", "La passerelle, le carrefour", etc. Je suppose que la double identité de J.-B. Pontalis, écrivain-psychanalyste,  a dû nourrir son imagination. Il raconte avec un art très subtil notre condition d'homme et de femme toujours à la recherche du sens de sa propre vie. Chaque personnage réel qu'il décrit et qu'il analyse nous parle aussi de nous-mêmes : histoires d'amour, d'amitié, de haine, de fatigue, de dépression et de ruptures. Le dernier texte du recueil m'a particulièrement touchée car J.-B. Pontalis aborde le thème de la mer et de ses marées (titre choisi pour l'ensemble), et il écrit : "Je me dis que ces coquillages, ces coques, ces palourdes, ces moules en grappes, ces bouts de bois rongés par le sel marin, ces morceaux de corde tombés d'un bateau de pêche, figurent ce qui est déposé dans ma mémoire : de petits restes - comme ils me sont précieux ! - qui seront tout à l'heure recouverts par la marée haute mais qui réapparaîtront, ceux-là ou d'autres, quand la mer de nouveau se retirera. Marée basse, marée haute, cette alternance est à l'image de ma vie, de toute vie peut-être. La vie s'éloigne, mais elle revient." A méditer...