jeudi 11 octobre 2012

Rubrique cinéma

J'ai passé un très bon moment aujourd'hui grâce au film de François Ozon, "Dans la maison". Fabrice Lucchini joue un rôle de professeur dépité par le niveau lamentable de ses élèves de Seconde en Français. En corrigeant une copie, il remarque la prose un peu plus étoffée d'un de ses élèves. Cette découverte va l'entraîner dans un enchaînement de faits réels et imaginaires. Monsieur Germain, le professeur, influence l'adolescent dans l'écriture d'un scénario "familial" : s'introduire dans la famille de son meilleur copain, séduire sa mère, se moquer de son père. Claude, le garçon, prend goût à ce jeu où se mêlent la curiosité de Germain, celle de sa femme et aussi l'envie de fuir une réalité difficile concernant un père infirme. Fabrice Lucchini est formidable dans ce personnage grincheux ne comprenant plus grand chose dans ce lycée modèle quand les pédagogues parlent d'"apprenant" pour qualifier l'élève. Lui n'aime que la littérature, le langage littéraire, la puissance de la création littéraire. Ce film rend un hommage appuyé aux livres, aux grands textes. Mais, François Ozon évoque aussi l'effet dévastateur de l'imagination dans la vie de ceux qui aiment trop la littérature, qui se "marginalisent" car ils ne peuvent pas s'empêcher de se "raconter des histoires". Monsieur Germain est en fait un écrivain refoulé et la rencontre avec cet adolescent transforme sa vie ennuyeuse de professeur blasé en lecteur privilégié découvrant un talent d'écriture qu'il ne possède pas lui-même. Il faut aller voir ce film curieux, littéraire, plein d'humour et de finesse, évoquant le charme considérable et essentiel de la littérature...