mercredi 25 février 2015

Atelier de lectures, 2

J'avais choisi Annie Ernaux pour la deuxième partie de l'atelier, consacré jusqu'à fin juin à un ou une écrivain dont l'œuvre me semble unique dans le panorama littéraire. Après Stefan Zweig en janvier, mes amies-lectrices devaient donc acquérir les nombreux ouvrages d'Annie Ernaux, parus dans la collection de poche, Folio. Je joue la parité dans l'atelier (un homme, une femme)... Je vais tenter de brosser le portrait de cette femme de lettres d'après le très bon article de Wikipédia. Elle est née en 1941 dans un milieu modeste car ses parents d'abord ouvriers, sont devenus petits commerçants à Yvetot, en Normandie. Ses origines sociales vont influencer fortement son œuvre. Très bonne élève à l'école, elle intègre l'université de Rouen, obtient le CAPES et l'agrégation de lettres. Elle enseigne à Annecy, à Pontoise et au CNED. La littérature prend une place prépondérante dans sa vie quand son premier roman autobiographique, "Les armoires vides, est publié en 1974. Elle emporte le prix Renaudot en 1984 pour son roman emblématique, "La place". Elle se consacre désormais à son œuvre qu'elle qualifie elle-même d'autobiographique. Dans l'atelier, chaque lectrice avait suivi mes conseils de lecture, et j'étais heureuse de constater que la table était couverte de folios d'Annie Ernaux. J'ai procédé par chronologie en démarrant par "Les armoires vides", le premier récit d'enfance de l'écrivain. Elle vit déjà le sentiment de décalage entre son milieu social et le milieu scolaire car son identité change avec l'acquisition du savoir. Ce thème de "transfuge" de classe traverse souvent tous ces textes et la jeune étudiante ressent sa vie comme une trahison. Dans la "La femme gelée", la discussion entre deux lectrices a mis l'accent sur la vision négative du mariage et de la maternité. Annie Ernaux décrit avec son scalpel habituel ("une écriture au couteau"), le malaise qu'elle a éprouvé dans son couple, jouant le rôle obligatoire de l'épouse modèle et de la mère parfaite. Dans "Passion simple" et "Se perdre", Annie Ernaux évoque ses amours passionnelles, sa jalousie envers son amant dans un langage souvent cru. Elle relate dans "L'évènement" un avortement, condamné à l'époque par la société. Il faut donc déjà remarquer qu'elle puise dans sa vie tous les évènements qu'elle écrit. Son œuvre est la copie de sa vie, une copie tellement intime que son lectorat féminin se lit en même temps, peut retrouver en Annie Ernaux des souvenirs familiaux, des expériences de femme adulte, des pensées, des idées... Comme son œuvre est très dense, j'aborderai demain ses œuvres plus récentes.