mercredi 21 janvier 2015

Atelier de lectures, 2

J'ai proposé un changement dans nos pratiques de lecture. Les années précédentes, je choisissais un lot de livres à la médiathèque sur un sujet, une littérature d'un pays, un écrivain, etc. Mais, je devais rendre les livres à un mois près sinon, les amendes tombaient... J'ai donc décidé de proposer l'approche d'un écrivain. Pour l'atelier de janvier, j'ai pensé à Stefan Zweig et j'ai été agréablement surprise en constatant que toutes les lectrices présentes avaient respecté le "nouveau contrat". J'ai opté pour Zweig, car j'aime le côté cosmopolite et européen de cet écrivain autrichien, passionné par la culture, la littérature, la musique, la peinture, l'art en général. Son destin tragique ne peut qu'attirer l'empathie des lecteurs(trices). Avant de se suicider au Brésil en 1942 avec sa compagne Lotte, il écrit dans son autobiographie, "Le monde d'hier"  : "Né en 1881 dans un grand et puissant empire [...], il m'a fallu le quitter comme un criminel. Mon œuvre littéraire, dans sa langue originale, a été réduite en cendres. Étranger partout, l'Europe est perdue pour moi... J'ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison [...]. Cette pestilence des pestilences, le nationalisme, a empoisonné la fleur de notre culture européenne ». Dans l'ensemble, cet écrivain a beaucoup intéressé les lectrices de l'atelier. Danièle a découvert "La lettre d'une inconnue", ou l'histoire d'une obsession amoureuse d'une femme envers un homme qui  comprendra trop tard qu'il est passé à côté de l'amour. Elle a aussi présenté "Clarissa", un roman très intéressant sur un couple "interdit" entre une jeune fille allemande et un jeune homme français. Régine a lu "Le bouquiniste Mandel", une nouvelle courte mais dense sur le destin tragique d'un homme, fou de références bibliothéconomiques et ne vivant que pour cette passion. Geneviève a résumé "La confusion des sentiments" où Zweig aborde courageusement, pour son époque, le thème de l'homosexualité. Dans les titres lus et appréciés, je citerai aussi "Le voyage dans le passé", "Amok", "Le joueur d'échecs", "24 heures de la vie d'une femme". Nous avons évoqué Stefan Zweig comme historien biographe où il met en perspective la psychologie des personnages historiques. Stefan Zweig est un écrivain éclectique (nouvelles, poésie, théâtre, biographies), un analyste profond sur les failles des individus, leurs passions contrariées, leurs vies ratées, leurs échecs... C'est pour cela que les lectrices l'ont trouvé sombre et pessimiste, mais aussi clairvoyant et lucide. Son œuvre littéraire palpite encore de nos jours alors que beaucoup de nos classiques contemporains n'attirent pas le même intérêt...