lundi 5 août 2013

"Les oreilles de Buster"

"J'avais sept ans quand j'ai décidé de tuer ma mère. Et dix-sept ans quand j'ai finalement mis mon projet à exécution" : voilà la première ligne de ce roman écrit par une écrivaine suédoise, Maria Ernestam en 2006 et publié dans la collection Poche Babel d'Actes Sud en 2013. Eva, le personnage central, mène une vie agréable auprès de Sven, de quelques amies et de sa fille Suzanne. Elle entreprend l'écriture de son journal intime pour raconter son présent harmonieux et son passé douloureux. Le portrait de sa mère, une non-mère à vrai dire, frivole, cruelle et égoïste, constitue l'essentiel du roman. La relation ambiguë et démoniaque de la petite fille délaissée avec cette fausse mère entraîne le lecteur dans un huis-clos étouffant et quelque peu dérangeant. Eva, elle-même, mère et grand-mère, amie fidèle et dévouée, possède bien deux facettes : une socialement satisfaisante et une intime en proie à la haine et à la désillusion. Sa face noire qu'elle nomme son "chevalier de pique" rend le personnage attachant et troublant. Dans sa jeunesse, Eva rencontre un jeune homme anglais, marin de son état, qu'elle va passionnément aimé. Mais cette relation amoureuse ne se réalisera pas. Pour maintenir le suspens, je ne dévoilerai pas l'issue de l'histoire : va-t-elle mettre à exécution le funeste plan de supprimer sa "génitrice" ? Qui est Sven ? Se remet-on d'une mère indigne ? Ce roman se lit comme un policier psychologique à la "suédoise"... Un très bon poche pour l'été.