vendredi 7 juillet 2017

Simone Veil, une femme libre et sage

Depuis lundi, des femmes de ma génération éprouvent un pincement au cœur quand nous avons appris la disparition de cette grande dame. J'ai lu beaucoup d'hommages dans la presse, j'ai entendu dans les médias, les témoignages de ses amies, de ses biographes et de ses admirateurs des deux sexes. J'ai suivi à la télévision les discours poignants de ses deux fils et du président Macron aux Invalides. Comment écrire après cette avalanche d'hommages sincères et unanimes ? Pour moi, elle représentait l'audace, la liberté et la sagesse. Jean d'Ormesson a écrit le discours de réception à l'Académie française en 2010 quand Simone Veil a accepté d'intégrer cette institution. L'écrivain insiste sur l'héritage familial de cette grande dame. Elle avait reçu l'amour de la culture, de la laïcité, de la justice qu'elle a pratiqué toute sa vie. Pourtant, elle a rencontré à seize ans la plus atroce barbarie dans le camp de Birkenau où elle a perdu ses parents et sa sœur. De cette expérience la plus inhumaine qui soit, elle a lutté plus tard pour une Europe unie et pacifique. Elle s'est occupée des prisons et de l'amélioration de la condition des prisonniers. Sa passion de la justice a influencé sa position magnifique sur l'IVG devant un parterre masculin haineux et hostile à la libération des femmes. Cette loi de 1974 a sauvé des milliers de femmes qui risquaient leur vie en pratiquant l'avortement clandestin. Je ne mentionnerai pas sa vie de femme politique que tout le monde connaît et je regrette qu'elle ne soit pas devenue la première femme présidente de la République. Quel symbole pour nous toutes ! On est encore très loin de cette réalité éventuelle. Pour honorer Simone Veil, je reprends un passage de l'article dans le Monde, de Delphine Horvilleur, seule femme rabbin en France : "En yiddish, un homme exemplaire, capable de guider et d’inspirer sa génération, est appelé un mensch. Je ne connais pas le féminin de ce terme. Mais je peux vous dire très facilement à quoi il ressemble. Pour beaucoup d’entre nous, il a dorénavant le visage d’une femme née le 13 juillet 1927, une jeune fille âgée de 16 ans quand elle pose le pied en pleine nuit sur la rampe d’Auschwitz, une femme qui survit, témoigne et fait gagner la vie, une militante, une épouse, une mère, une grand-mère, une pionnière, une Européenne, une immortelle."  Sa présence au Panthéon avec son mari me semble juste et logique et comme l'écrit Leïla Slimani, Simone Veil est notre "héroïne" comme le pensent des millions de femmes...