lundi 15 décembre 2014

Patrick Modiano

Depuis que Patrick Modiano a reçu le Prix Nobel de littérature, il figure sur les listes des meilleures ventes en librairie. J'ai lu son discours dans le Monde du mardi 9 décembre et je ne résiste pas à mentionner quelques phrases emblématiques de ce grand écrivain français, si modeste, si hésitant et l'on ressent immédiatement une empathie à son égard. Ses maladresses d'élocution, ses doutes, ses interrogations sur la littérature, sur ses propres ouvrages font de lui un homme particulièrement attachant, authentique et proche de ses lecteurs(trices). Dans ce discours, Patrick Modiano éclaire son œuvre qui prend ses racines dans son enfance, "Je me trouvais le plus souvent loin de mes parents, chez des amis auxquels ils me confiaient et dont je ne savais rien, (...). C'est beaucoup plus tard que mon enfance m'a paru énigmatique et que j'ai essayé d'en savoir plus" . En vivant une enfance où il se sent abandonné dans un Paris de l'après-Occupation (il est né en 1945), ses romans vont devenir pour lui un ensemble d'enquêtes quasi policières pour découvrir tous ces adultes mystérieux, opaques que l'écrivain transformera en personnages romanesques. Il dit plus loin : "Cette volonté de résoudre des énigmes sans y réussir vraiment et de tenter de percer un mystère m'a donné l'envie d'écrire". Il évoque longuement le rôle essentiel de Paris dans ses romans et des bottins téléphoniques où il avait l'impression "d'avoir sous les yeux une radiographie de la ville, mais d'une ville engloutie, comme l'Atlantide, et de respirer l'odeur du temps." Et il termine son magnifique discours avec ces mots : "A cause de cette couche, de cette masse d'oubli qui recouvre tout, on ne parvient à capter que des fragments du passé, des traces interrompues, des destinées humaines fuyantes et presque insaisissables. Mais c'est sans doute la vocation du romancier, devant cette grande page blanche de l'oubli, de faire ressurgir quelques mots à moitié effacés, comme ces icebergs perdus qui dérivent à la surface de l'océan." Après Marcel Proust et sa recherche "éperdue" de la mémoire,  Patrick Modiano et son œuvre-mosaïque mémorielle, la littérature ne peut que nous enchanter...