mardi 13 juin 2023

Escapade en Sardaigne, Sant'Antioco

 Ma deuxième étape se nommait Sant'Antioco, une bourgade qui porte le nom d'Antiochus, le fondateur martyr de la communauté chrétienne de Sardaigne. Il suffit de franchir un pont pour se retrouver sur les terres de la presqu'île. Dès que je me suis rapprochée de mon but, j'ai aperçu des flamants roses dans les marais salants entourant la presqu'île. Des flamants roses ! C'était un enchantement de voir ces volatiles si grâcieux ayant adopté la Sardaigne comme refuge. Leur alimentation, basée sur l'ingérence de crevettes roses, leur donne cette couleur si lumineuse. Lors de mon parcours en bord de marais salants, j'ai guetté avec l'âme retrouvée d'une petite fille curieuse, la présence des flamants roses, symboles de renouveau selon une légende. Sant'Antioco possède une atmosphère maritime avec ses barques bleues et ses bateaux de pêche, ses rues en pente. Connue sous le nom de Sulky, les Romains en ont fait la ville la plus prospère de la Sardaigne. Dès le matin, j'ai visité une catacombe avec une guide italienne et je comprenais son exposé ! Cela fait deux ans que j'apprends en solo cette si belle langue. Obligation de porter un casque pour pénétrer dans ces cavités creusées dans la roche. Une fresque surprenante m'attendait au détour d'un couloir très étroit et sur ce mur, le regard saisissant d'une femme, disparue il y a des siècles, m'a rappelé l'art du Fayoum qui présentait des portraits funéraires au niveau du visage de la momie égyptienne. Je me sentais toutefois oppressée dans ce souterrain et j'étais étonnée de cette prestation assez unique à Sant'Antioco. Les rites funéraires m'ont toujours intéressée car les anthropologues considèrent qu'ils sont un des fondements du passage à la civilisation. Pour compléter ma connaissance de la région, j'ai parcouru avec beaucoup d'intérêt le musée archéologique présentant des vestiges phéniciens, puniques et romains : bijoux, poteries, outils, statuettes votives, jouets, céramiques et mosaïques. J'ai surtout appris qu'il existait des stèles sculptées et dédiées aux enfants morts nommés Tophet, des sanctuaires particulièrement émouvants. A quelques kilomètres de la petite cité marine, j'ai loué une chambre dans un hôtel à Calasetta et à mon grand étonnement, le bâtiment était désert comme la plage ! Une impression d'un lieu improbable et irréel. Pourtant, les employés assez nombreux vaquaient à leurs occupations alors que la clientèle occupait dix chambres sur une centaine ! Peut-être que la saison estivale d'un coup de baguette magique remplit leur hôtel ! Cela ne doit pas être facile de trouver du travail dans ces lieux un peu abandonnés. Dès ma deuxième journée, je commençais à ressentir l'air du pays, un air iodé, léger malgré quelques nuages et le paysage s'affirmait dans la blondeur du sable et le bleu de la mer, un bleu scintillant sous le soleil.