vendredi 24 janvier 2014

"Moment d'un couple"

Ce roman de Nelly Allard se lit avec un plaisir évident. Pour son second opus, elle accroche dès la première page, l'intérêt des lecteurs(trices). Juliette, le personnage principal, informaticienne et heureuse en ménage, apprend l'infidélité de son mari, Olivier. Il  avoue à sa femme qu'il a une liaison avec une femme politique de gauche. Le monde de Juliette s'effondre. Au lieu de gémir, de pleurer, d'accepter cette trahison avec fatalisme et de pardonner son mari, elle va décider de sauver son mariage et de se battre contre cette maitresse omniprésente, envahissante, agressive et possessive. Juliette ne veut pas que cette femme "prédatrice",  détruise leur vie familiale (ils ont deux enfants) et elle va exiger de son mari qu'il renonce à cette relation amoureuse.  Nelly Allard place au centre du roman la femme "trompée", Juliette,  qui  décuple son énergie pour organiser une stratégie de reconquête à base de sexe et de séduction. Ce pauvre Olivier est ainsi pris en étau entre une femme légitime, redevenue redoutablement amoureuse et une maîtresse de plus en plus folle de rage contre lui. Elle le harcèle constamment au téléphone et même se livre au chantage pour le reconquérir. Sa conduite hystérique l'éloigne d'Olivier qui comprend enfin qu'il s'est fait piéger. Le mari risque en fait de perdre, et sa folle amante et sa fidèle épouse. Ce livre exploite le thème de l'infidélité avec beaucoup d'humour, d'ironie et de lucidité. Le mari se transforme en objet sexuel, en marionnette pitoyable que se disputent deux "lionnes"... Qui va gagner l'homme ? Sa femme ou sa maîtresse ? Lisez donc ce roman pour découvrir le talent d'écriture de Nelly Allard. Elle renouvelle à sa manière le thème de la femme trompée, mille et mille fois utilisé en littérature, mais toujours d'actualité (voir la vie mouvementée d'un personnage au sommet). La trahison, la tromperie, l'imposture nourrissent la littérature depuis la nuit des temps et jusqu'à la fin des temps... En lisant "Moment d'un couple", j'ai eu envie de relire le beau roman de Simone de Beauvoir, "La femme rompue" pour mesurer la différence de traitement cinquante ans après...