mercredi 1 mars 2017

Rubrique cinéma

Le temps maussade d'aujourd'hui m'a influencée pour me rendre à l'Astrée où j'ai vu un film américain de Mike Mills, "20TH Century Women" (Femmes du XXe siècle). Le cinéaste avait entrepris de raconter son enfance avec le portrait de son père dans "Beginners" en 2011. Le deuxième volet de son autobiographie filmée concerne sa mère, interprétée par Annette Benning. Cette femme divorcée, d'une cinquantaine d'années, élève son fils de quatorze ans en souhaitant pour lui "le meilleur des mondes possibles".  Mais, cette chronique familiale se déroule en 1979, au seuil d'une modernité percutante et libérale. Tout commence à changer : le gentil rock and roll devient le punk rock, la société n'est plus structurée comme avant, la consommation s'affole, les femmes se révoltent et veulent leur indépendance, les ordinateurs apparaissent, les relations amoureuses se multiplient... La mère, ingénieur de métier, vit dans une grande maison où elle loue deux chambres à un ancien hippie, amateur de voitures, et à une artiste photographe un peu loufoque. Le jeune adolescent reproche à sa mère d'être célibataire et de se complaire dans cette situation. La mésentente entre mère et fils entraîne celle-ci à passer un pacte d'accompagnement : son fils doit être suivi par sa locataire et sa meilleure amie. Comme elle ne peut plus communiquer avec lui, ces deux femmes vont remplacer cette mère qui ne veut pas renoncer à renouer des liens avec cet adolescent (pourtant bien sage...). Les scènes de sorties nocturnes s'enchaînent au son de la punk (assez éprouvant en bande sonore). Les confidences sur la sexualité féminine servent d'initiation transgressive. Chaque personnage, au fond, révèle une fragilité psychologique et un mal être existentiel et chacun cherche un équilibre dans un monde bouillonnant. Il ne se passe presque rien dans ce film et pourtant, la magie du cinéma capte l'attention des spectateurs. Le cinéaste, en choisissant ce moment clé de leur vie, raconte aussi leur avenir. Le portrait de la mère est une grande réussite pour sa force vitale, son humour décapant, son esprit bohème. Son fils lui déclare malgré tout son amour filial en lui disant que ce n'était pas la peine d'appeler à l'aide car il se sentait toujours bien avec elle...Un beau film, original et surprenant, mêlant des archives télévisuelles à l'histoire familiale. L'adolescent est devenu cinéaste et sa mère a vécu avec un compagnon jusqu'à la fin de sa vie... en 1999.