lundi 27 septembre 2010

Le coeur régulier

Le dernier roman d'Olivier Adam tient toutes ses promesses et figure aussi sur les listes des prix littéraires de l'automne. On retrouve l'atmosphère "adamienne", c'est à dire une compassion très forte pour ses personnages cassés par la vie, les perdants, les sans-rien, les dissidents du sentiment, les "paumés"... et surtout les "suicidés". L'héroïne du roman, Sarah, s'interroge sur la mort de son frère Nathan, qui a toute sa vie voulu écrire et ne pas se "conformer" aux modèles que la société nous impose. Le Japon tient lieu de décor où l'on découvre un personnage, retraité de la police, qui aide les candidats au suicide à survivre. Olivier Adam, tout en douceur, fait le procés de notre mode de vie égoïste et indifférent au sort des "déprimés", véritables boulets pour la société. Un passage du roman reflète la compassion sans larmoyance de l'auteur : "Toujours il en revenait là, la violence morale qui s'exerçait à l'école, au travail, dans le couple. L'usure et les humiliations, la pression sociale, le culte du rendement, du gagnant, du vainqueur, le cynisme et l'exclusion, comment tout cela pouvait vous briser les os." Sarah finira par comprendre, après un voyage initiatique au Japon, sa vie tissée de mensonges et de malentendus. Elle finira par atteindre un "coeur régulier", qui lui permettra de vivre dans une certaine sérénité. Ce roman possède toutes les qualités pour emporter la faveur du public et peut se passer de la comédie des prix littéraires !