vendredi 30 octobre 2015

Hommage à Henning Mankell

J'ai appris la disparition d'Henning Mankell à l'âge de 67 ans. Il est décédé des suites d'une longue maladie, ce que l'on dit pudiquement, pour qualifier le cancer. Je ne lis pas souvent des romans policiers mais j'ai toujours fait une exception pour l'écrivain suédois. Son personnage, Kurt Wallander, est avant tout un homme ordinaire, sympathique, honnête et il souffre d'une dépression chronique. Son mal-être nous touche et les enquêtes qu'il mène ne sont pas simplistes et attendues. J'ai apprécié en lisant Mankell, la complexité des intrigues, l'obsession du Mal, la noirceur des personnages, la lumière assombrie de la Scandinavie, la vengeance comme ressort dramatique. Je conseille tout particulièrement "La Cinquième femme", thriller remarquable, écrit dans les années 90. Dans la notice nécrologique de la revue Lire, j'ai noté que l'écrivain pensait que "le roman policier sait parfaitement mettre en scène les dysfonctionnements de la société". Entre la première enquête, "Meurtriers sans visage" et la dernière, "L'homme inquiet", Wallander vieillit comme son créateur qui, en plus, le dote de la maladie d'Alzheimer. L'écrivain avait un ancrage avec le Mozambique, source précieuse car, il a écrit aussi des romans dits  traditionnels, en évoquant son Afrique, plongée dans la corruption et l'injustice. Dans son dernier ouvrage, "Sable mouvant", il évoque son enfance, sa vie à Paris et en Afrique, sa lutte contre le cancer. Mais, de tous les romans qu'il a écrits, je garde un très bon souvenir de son livre, "Les Chaussures italiennes" que je recommande vraiment et que je place au cœur de son œuvre littéraire. Mankell était un grand voyageur, un amoureux de l'Afrique, un citoyen du monde et il a donné au roman policier scandinave, un souffle nouveau. L'écrivain a maintenu toute sa vie sa confiance illimitée en l'homme malgré un certain désespoir de voir la violence ancrée dans la société, celle que l'on voit dans les histoires de Wallander. Il était tout simplement le plus grand des écrivains suédois !

jeudi 29 octobre 2015

"Madame H"

Dès qu'un livre de Régis Debray sort en librairie, je cours l'acheter avec un grand plaisir. Une voix comme celle de Régis Debray m'intéresse car elle fait partie d'une génération des grands intellectuels généralistes comme Alain Finkielkraut. Je ne vais pas rappeler son engagement auprès de Che Guevara, son emprisonnement en Bolivie, sa libération et son retour en France. Il s'est mis au service de François Mitterrand en 1981 comme conseiller personnel. En même temps, il poursuit une œuvre littéraire avec ses récits de vie, sorte de journal intime en continue sur sa vie politique et intellectuelle. Je me souviens en particulier de sa passionnante trilogie "Apprendre à vivre" avec "Les Masques", "Loués soient notre Seigneur" et "Pour l'amour de l'art", tous écrits dans les années 90. Je suis restée fidèle à cet écrivain iconoclaste, agaçant pour les uns, fascinant pour les autres. Sa force réside dans sa vie de philosophe des idées qu'il transmet dans un style inimitable, ramassé, percutant, brillant. Son parcours exceptionnel dans la politique, la nouvelle science qu'il a développée que l'on appelle "la médiologie" ou comment la technique a changé le monde peuvent dérouter le lectorat mais son immense curiosité basée sur une érudition classique  façonne une œuvre exigeante et profonde. Son dernier pamphlet, "Madame H" commence par ces phrases : "Ce fut par un beau dimanche d'été, de tôt matin. Après avoir atterri au Bourget, le chancelier faisait le tour d'un Paris désert, vidangé par l'exode, toute circulation interdite". L'auteur définit l'Histoire comme un dépassement de soi, un héroïsme qu'il a, dit-il, lui-même raté car né trop tôt ou trop tard... Il nous joue la nostalgie quand il se souvient du passé, celui des jetons pour téléphoner, les solex, le baby-foot dans les cafés, etc. Ce passéisme ne l'empêche pas de goûter les bienfaits de la modernité. Son livre ressemble à un festival de mots, d'idées, de couleurs, de saveurs et même si certains ont baptisé Régis Debray, le grognon de la République. Cet écrivain indispensable réveille les papilles neuronales, se confie avec un humour dévastateur et une ironie mordante. Je ne peux pas résumer un tel essai revigorant et vivifiant qui ne plaira pas aux conformistes de la pensée unique... Je lui redonne le mot de la fin : "J'ai joué ma partie nez au vent, comme tout un chacun : perdu ou gagné, allez savoir ; trois petits tours et puis s'en va ; et ce mistigri, jusqu'à la fin des temps qui n'ont, faut-il le dire, pas plus de sens que de fin, pas plus d'année zéro que de Jugement dernier".

lundi 26 octobre 2015

"Profession du père"

Sorj Chalandon a longtemps travaillé au journal Libération et au Canard enchaîné. Il a écrit six romans qui ont tous rencontré le succès dont "Le quatrième mur", prix Goncourt des Lycéens en 2013. Son dernier livre, paru en septembre, "Profession du père", raconte l'enfance du narrateur, un certain Clément, pourvu d'un père particulier, singulier et même étrange. Il terrifie sa femme, la mère du garçon, et celle-ci subit la situation avec une passivité coupable. Elle ne peut protéger son fils de ce père bizarre et lâche prise par lassitude, par défection, par paresse. Comme une fatalité familiale que l'on ne peut contourner. Le premier chapitre introduit d'emblée un voile noir sur le roman : l'enterrement du tyran. L'histoire démarre en 1961 quand le père de Clément fait irruption dans la salle à manger en proclamant : "C'est la guerre". Il soutient l'OAS , groupuscule de généraux rebelles, voulant provoquer le Général de Gaulle pendant la Guerre d'Algérie. Voilà notre jeune garçon embarqué dans une histoire abracadabrante de complot contre le Général. Son père lui confie ses secrets d'espion et d'ancien parachutiste. Et, voulant l'entraîner dans cette guerre imaginaire, il lui inflige des violences physiques et psychiques. Ses discours belliqueux et paranoïaques déstabilisent la vie de famille aussi chaotique qu'isolée. Car, le jeune Clément ne peut inviter aucun ami chez lui. Un jour, il influence un jeune Français, venu d'Algérie, pour préparer un attentat prévu contre De Gaulle. Le roman prend des allures de thriller politico-familial quand le moment fatal approche et je n'en dirai pas davantage pour conserver le suspens... Dans la revue Page, un article est consacré à Sorj Chalandon et le lecteur(trice) apprend qu'il évoque sa propre enfance sans pathos et sans haine. Ce roman d'autofiction montre que l'on peut, peut-être, survivre dans sa vie d'adulte quand l'enfance a été piégée par la maladie mentale d'un père invivable. Un livre fort et difficile mais l'écrivain avec sa plume vivante et sensible transforme cette tragédie personnelle en comédie familiale qui facilite la lecture...

vendredi 23 octobre 2015

Escapade à Santander, 4

Je lis en ce moment l'ouvrage de Yuval Noah Harari, "Sapiens", paru chez Albin Michel en septembre. Mon professeur de philosophie nous l'a fortement conseillé dès la rentrée car notre sujet de l'année porte sur l'homme, la condition humaine. L'auteur de ce livre raconte d'une façon très pédagogique "Une brève histoire de l'humanité". Je reparlerai de ce document dans ce blog mais, grâce à cette lecture, j'ai beaucoup apprécié ma visite dans le superbe musée de Santander, le MUPAC, consacré à la Préhistoire et à l'archéologie de la région cantabrique, ouvert en 2013. Il met en scène les modes de vie de nos plus anciens ancêtres, de l'ère paléolithique au Moyen Age. Tous les objets présentés ont été trouvés dans des grottes proches de Santander. Des restes d'animaux disparus sont exposés dans des vitrines. Et on peut admirer quelques objets gravés dans des bois de cerf, des os, des plaques de pierre et ces premières traces d'art, datant de dizaines de milliers d'années provoquent un sentiment de proximité avec les "Sapiens". Au fond, ce temps si lointain, vertigineux, se rapproche quand nous reconnaissons ces gestes pour se nourrir, pour se vêtir, pour survivre dans un milieu naturel hostile. Les premiers outils, les premiers harpons, les premières lances retracent à merveille la vie des hommes et des femmes de cette époque. De grandes stèles discoïdales géantes n'ont jamais délivré leur secret. Les anthropologues supposent qu'elles auraient un caractère funéraire. J'ai surtout apprécié la scénographie vraiment intelligente avec des outils pédagogiques informatiques que l'on commence à utiliser dans beaucoup de musées scientifiques. J'étais même été étonnée de trouver un musée de cette qualité dans une ville qui est loin d'être une grande métropole. Le livre de l'historien Harari, "Sapiens" et ce musée de la Préhistoire de Santander ont déclenché une plus grande curiosité envers ces temps encore plus lointains que mes chers Grecs. Avant, mon intérêt commençait à la naissance de l'écriture (-3000 ans av JC) et maintenant, la Préhistoire mérite toute mon attention... J'ai terminé mon séjour en dégustant un plat typique de ce pays si attachant dans un restaurant situé dans un marché couvert :"los chipirones encebollados", un vrai délice, au goût océanique...

jeudi 22 octobre 2015

Escapade à Santander, 3

Après Bilbao, j'avais envie de découvrir Santander sur la côte cantabrique. Je connaissais la réputation de la cité balnéaire, dotée d'une des baies les plus magnifiques d'Espagne. J'avais réservé une chambre avec la vue sur l'océan et en octobre, les prix sont très attractifs... Vivre même quelques heures en bord de mer procure une sensation de liberté, de légèreté et d'insouciance. Se laisser bercer par la musique lancinante des vagues, voir le coucher de soleil, écouter respirer l'océan la nuit, ouvrir la fenêtre et se retrouver dans ce paysage marin, tous ces moments résument le voyage que j'ai entrepris. Je pourrais ajouter la marche matinale sur la plage, la balade en bateau tout au long de la baie, les aigrettes sur un îlot ensablé, les mouettes virevoltant derrière les bateaux de pêche, les montagnes au loin... Mais, je n'ai pas seulement admiré la baie de Santander. J'ai aussi visité deux musées. Le musée d'art moderne et contemporain expose aussi bien un Goya avec un tableau d'un artiste d'aujourd'hui... Hétéroclite et surprenant, ce petit musée bouscule la tradition dans la mise en place des collections. J'ai surtout admiré une sculpture du catalan Jaume Plensa qui s'est représenté dans un autoportrait, assis avec les genoux repliés et retenus par ses bras. Cette sculpture en marbre porte des noms de ses écrivains préférés. J'ai retenu Pessoa, Baudelaire, Woolf, etc. Dans un article de Wikipédia, j'ai trouvé des explications éclairantes sur la démarche "littéraire" de l'artiste : " Les sculptures nous parlent d'elles-mêmes, les mots qu'elles portent sont écrits avec une encre invisible. Comme un tatouage, tout ce que nous vivons s'imprime sur notre peau. Selon lui, les livres nous transforment intellectuellement et physiquement : ce que nous lisons devient une peau de mots, traverse nos flux, fabrique notre identité et change notre compréhension du monde. Les lettres du livre forment une totalité des êtres vivants. Une caractéristique de son approche tient au fait qu'il ne se contente pas de lire les auteurs qu'il a choisis, mais les entend comme des voix vivantes qui l'accompagnent. Pour percevoir ces voix, on a besoin d'un vide dans lequel puissent naître des idées, un dialogue, on a besoin d'un intervalle qui corresponde à une autre tension. » J'avais vu déjà vu une de ses sculptures monumentales à Antibes et elle m'avait vraiment "emballée". J'aime beaucoup les artistes qui rendent hommage à la littérature, aux lettres, aux livres...

mercredi 21 octobre 2015

Escapade à Bilbao, 2

Biarritz n'est qu'à 150 kilomètres de Bilbao et j'avais envie de passer une journée dans cette ville basque, côté espagnol. Le GPS m'a dirigée directement vers le musée Guggenheim, cette masse "titanesque" (les parois extérieures sont recouvertes d'écailles en titane...), un OVNI à l'allure de station spatiale. J'ai revu l'Araignée de Louise Bourgeois, monstre féminin, figée sur la berge du fleuve, à l'extérieur du bâtiment. Le chien assis et monumental, "Puppy", composé de millions de fleurs, supportait des échafaudages où les jardiniers arrosaient et soignaient ce jardin suspendu à la forme canine de Jeff Koons. En semaine, la fréquentation était raisonnable et j'ai arpenté pour la troisième fois les salles d'art contemporain. Un grand artiste, Jean-Michel Basquiat, d'origine haïtienne et portoricaine, fait l'objet d'une grande exposition et j'ai profité de cette manifestation pour découvrir surtout les œuvres de ce jeune homme au destin tragique, mort à 28 ans d'une overdose. Ces toiles nous montrent l'engagement radical du premier peintre noir de l'histoire de l'art moderne. A travers son art "graffitis" de la rue new-yorkaise et en utilisant des supports ordinaires (planches en bois, toiles grossières), il  dénonce le racisme, la société de consommation, la violence urbaine, la discrimination, la difficulté de vivre. J'ai surtout remarqué l'utilisation des lettres, des mots dans ses tableaux, en particulier, le verbe "lire", inscrit plusieurs fois comme un programme salutaire. Quand je suis ressortie, une animatrice m'a proposé de dessiner pour marquer la visite et moi qui ne dessine jamais, j'ai joué le jeu en exécutant des gribouillis enfantins qui m'ont rajeunie...  Après le "Guggenheim", j'ai découvert le Musée des Beaux-Arts, méconnu du public qui ne voit que l'autre, l'immense nef argenté. Ce musée plus traditionnel possède des collections très intéressantes. J'ai vu Cranach (Lucrèce), Zurbaran, Le Greco, Murillo, Sorolla, des peintres basques réputés et surtout, une très belle collection d'art moderne dont un Picasso, Braque, Juan Gris. Bacon, etc. Mais j'ai connu une belle émotion devant un tableau de Vieira da Silva, nommé les "Miroirs", que je n'avais jamais vu. J'ai retrouvé la magie des couleurs bleu, gris, blanc dans un labyrinthe de lignes horizontales et verticales symbolisant les miroirs et au fond de la toile, un rectangle blanc que j'ai interprété comme une issue "lumineuse"... La peinture lyrico-abstraite permet le rêve, l'idée et le projet. Je suis repartie en emportant avec moi, (dans mon esprit !), cette toile de ma peintre préférée depuis de nombreuses années. Bilbao est vraiment une ville d'art, mais, aussi une ville laborieuse, rieuse, dynamique et ouverte sur le monde... Et basque en plus, une très grande qualité à mes yeux !

mardi 20 octobre 2015

Escapade au Pays Basque, 1

Après la Grèce, je suis repartie vers ma terre natale, le Pays basque. J'ai retrouvé avec plaisir "mon" océan atlantique du côté de Biarritz, d'Anglet et de Bidart. Le mois d'octobre est plutôt clément et sur dix jours, la pluie s'est manifestée sur deux jours... J'ai ainsi observé avec admiration mes "gladiateurs" des vagues et j'enviais leur courage d'affronter ces éléments liquides bouillonnants d'écume et de force marine. Quand ils disparaissent dans le creux des vagues, je me demande s'ils vont reparaître. Le surf symbolise à mes yeux un certain comportement dans la vie que je pourrais résumer avec des verbes: faire face, assumer, assurer, tomber, se relever, plonger, glisser, dominer sa peur, affronter... J'aime voir ces hommes et ces femmes (des Amazones magnifiques) chevaucher les crêtes blanches des rouleaux, dignes de l'Enfer dantesque. Et quand ils reviennent sur le sable, avec leur planche blanche sous le bras, ils me font penser aux héros grecs de l'Odyssée... J'avais besoin de me ressourcer dans cet environnement océanique avant de glisser dans la froideur de l'hiver savoyard. Ce pays à l'extrême sud-ouest possède des atouts certains : la douceur de l'air à plus de vingt degrés, la gentillesse des "autochtones", mes racines familiales, la vision d'un vol d'oies sauvages à Salies-de-Béarn, une légèreté mêlée d'insouciance et de bien être, une présence culturelle indéniable depuis vingt ans avec des concerts, des expositions, des conférences. J'ai même découvert une belle maison basque à Guéthary transformée en petit musée d'art moderne et contemporain, la villa  Saraleguinea, inscrite aux Monuments historiques. On trouve des sculptures de Georges Clément de Swiecinski, un artiste d'origine polonaise, des archives et des objets du poète béarnais, Paul-Jean Toulet. Les belles salles reçoivent trois expositions par an et j'ai eu la chance de voir les œuvres du Suisse Fabiano Bevilacqua. J'ai même eu la surprise d'admirer une exceptionnelle épitaphe funéraire provenant de vestiges romains découverts en 1984 sur le site de la gare de Guéthary. Ce petit port de pêche à la baleine dans les temps anciens mérite le détour... Des Romains à l'art contemporain, mon après-midi entre plage et musée ne pouvait que me plaire.  

lundi 19 octobre 2015

"La condition pavillonnaire"

En regardant sur la 5, "La Grande Librairie", un écrivain avait choisi le roman de Sophie Divry, "La condition pavillonnaire". Je l'ai donc découvert et tout au long des pages, le portrait de M.A. (qui ne porte pas un prénom alors que les membres de sa famille en sont dotés) m'excédait un peu, tellement elle symbolisait une Madame Bovary "populaire" du XXe siècle. L'auteur s'adresse à elle en la tutoyant et relate sa vie avec un accompagnement très précis de son mode de vie matérielle. Tout y passe : les appareils électro-ménagers, les voitures, la maison, le travail salarié, le jardinage, etc. Tous les faits et gestes de la vie quotidienne sont décrits à la façon d'un Georges Perec. Dans ce magma d'objets, le personnage central du roman vit une enfance choyée, fait des études commerciales, rencontre son compagnon, se marie, donne naissance à trois enfants, travaille dans une entreprise de meubles, s'entiche d'un collègue, trompe son mari, voit partir ses enfants à l'université, mène une vie sociale, vieillit et tombe malade. Et dominant toute sa vie, somme toute bien réglée, bien classique, rôde l'ennui comme dans l'existence de Madame Bovary dans le bocage normand. Pourtant elle possède tout ce dont rêve une femme "traditionnelle" : une famille, une maison, un travail, des activités sociales et même, audace oblige, un amant de passage. Un certain vide l'habite, un manque la submerge, cet ennui existentiel lui procure une insatisfaction permanente. La condition "pavillonnaire" représente l'humaine condition pour Sophie Divry : quel est le sens de la vie ? Comment vivre ? Que faut-il faire pour parvenir à une satisfaction de l'être ? M.A. rêve toujours à "autre chose" : elle se sent limitée, cernée, prisonnière de son existence banale et ordinaire. Pourtant, elle est aimée des siens, elle vit dans un certain confort (le pavillon), elle se divertit (yoga, associations, sorties). Quand son amant la quitte, elle craque... Mais les devoirs familiaux et conjugaux la remettent sur le chemin. Ce portrait réaliste d'une femme "inassouvie" est peint avec une dose d'ironie et de distance qui semble suggérer au lecteur(trice) : "ne laisse pas ta vie t'échapper, fuis la conformité, la banalité, l'encombrement des objets", c'est à dire la société de consommation. Ce roman "sociologique" nous parle de la vie d'aujourd'hui, d'une vie matérielle un peu trop prenante et prégnante... Un roman original, plein d'humour et d'ironie sur notre vie moderne.

vendredi 9 octobre 2015

Atelier de lectures, 3

J'ai suggéré à mes amies lectrices de "visiter" un écrivain. Tout au long de l'année, j'avais proposé un écrivain par mois, en pratiquant la parité, un homme-une femme. Mais cette année, je propose pour le trimestre, trois femmes écrivains : Colette, Simone de Beauvoir et Marguerite Yourcenar. Colette est-elle encore lue aujourd'hui ? Je crois bien qu'elle est très admirée pour plusieurs raisons : son style sensuel, son amour des hommes et des chats, sa liberté absolue voire son libertinage audacieux pour l'époque, sa passion de la vie proche de la nature. J'ai relu les premières pages de "Claudine à l'école" et j'ai été frappée par l'énergie que le texte diffusait. Quand elle décrit sa classe, elle bouscule la grammaire et compare ses comparses en utilisant le "ça"... Elle décrit une France du début du XXe siècle où les écoles étaient chauffées au poêle à bois, où les maitresses étaient respectées et craintes : tout un monde disparu que l'on a un peu connu. J'étais dans une petite école où la corvée de bois relevait d'un privilège pour les bons élèves... Ah, nostalgie quand tu nous tiens ! A part une lectrice qui s'est ennuyée dans l'univers des Claudine, les autres ont apprécié "La retraite sentimentale", "Le blé en herbe", "Chéri". Régine, en particulier, a découvert une anthologie de nouvelles courtes, "La femme cachée", éditée en Folio. Elle a lu un petit extrait et c'est à ce moment-là que l'on mesure le génie littéraire de cette grande écrivaine. Pour ma part, je néglige la relecture des classiques car je lis trop d'auteurs contemporains. Quelle erreur ! Il serait temps de reprendre le chemin vers nos anciens. En novembre, nous allons évoquer l'extraordinaire destin de Simone de Beauvoir et cela me ravit déjà de me replonger trente ans après dans cette œuvre qui m'a profondément changée dans les années 70 et 80. J'ai conseillé "La femme rompue" et "Une mort très douce". Le prochain atelier aura lieu le mardi 24 novembre à 14H.  

jeudi 8 octobre 2015

Atelier de lectures, 2

Dans la deuxième partie de l'atelier, nous avons abordé les nouveautés de la rentrée. Evelyne a beaucoup apprécié "Orages intimes" de Jeanne Benameur. Il est d'ailleurs étonnant qu'il ne figure dans aucune liste de prix littéraires. Jeanne Benameur est pourtant publiée chez Actes Sud mais son œuvre semble peut-être trop "gentille" aux yeux des critiques littéraires. Il faut plus de "problématique" , de crise, de drame... Pourtant, l'écrivaine a choisi de raconter le retour d'un otage, ce qui correspond bien à l'air du temps... De toutes façons, elle n'a pas besoin de reconnaissance médiatique car elle est appréciée par de nombreux lecteurs (et surtout des lectrices) qui lui sont très fidèles. Evelyne a commencé le dernier ouvrage de Carole Martinez, encore plus "farfelu" que son "cœur cousu"... Véronique a choisi le dernier Christine Angot, "Un amour impossible" où il est question de la vie de ses parents, de leur relation de couple, de leur échec réciproque et le thème de l'inceste revient comme un traumatisme familial dont on ne se remet pas.  Janine a acheté en librairie, "Eva" de Simon Liberati, encore un roman d'autofiction sur sa compagne. Ce récit lui a rappelé "L'amour et les forêts" d'Eric Reinhard, un texte troublant qui a provoqué un débat autour de notre table. L'atelier sert à partager nos lectures et surtout à confronter nos avis. Régine a bien aimé "Au pays du petit" de Nicolas Fargues, un ouvrage où le cynisme règne mais un cynisme jouissif. Janelou a découvert "Seuls au monde" d'Isabelle Autissier, un roman à la "Robinson Crusoé" où deux quadras triomphants se retrouvent échoués sur une île déserte. Cette parabole sur le couple isolé et sans ressources pose l'éternel problème de l'amour, de "l'autre", de la vie en commun dans un enfer paradisiaque qui révèle la personnalité de chaque naufragé involontaire. Janelou a aussi lu le dernier ouvrage autofictif de Delphine de Vigan, phénomène de librairie (déjà 160 000 exemplaires vendus). Elle avait obtenu un très grand succès avec son récit-roman sur sa mère dépressive et suicidaire, "Rien ne s'oppose à la nuit". Elle évoque dans ce nouveau texte, le succès qui l'a laissée sans voix donc sans écriture. Une amie vient s'immiscer dans sa vie et cette amitié envahissante et dévorante ressemble à de la manipulation mentale... Un livre qui selon Janelou, se lit d'une traite... Voilà pour la partie nouveautés de la rentrée qui vont circuler entre nous et nous pourrons ainsi échanger nos avis et commentaires sur ces titres acquis en librairie. Qui obtiendra le prix Goncourt, Fémina, Médicis, Renaudot ? Les listes se raccourcissent et les résultats tomberont en novembre comme les feuilles mortes...

mercredi 7 octobre 2015

Atelier de lectures, 1

Démarrage de l'atelier de lectures mardi après-midi après trois mois d'interruption. J'étais heureuse de retrouver mes amies lectrices pour évoquer les coups de cœur de l'été, les avis sur les romans de la rentrée et la lecture de l'œuvre de Colette. Sylvie a commencé le tour de table en évoquant son coup de cœur de l'été et même de l'année, un roman de Philippe Carrèse, "L'Enclave" aux éditions de l'Aube. L'histoire se déroule dans un camp de travail en Slovaquie en 1945 au moment de sa libération. Mais, les prisonniers restent cantonnés dans cet espace cerné par les montagnes. Du jour au lendemain, ils sont obligés de s'organiser mais la tyrannie se perpétue comme une impossibilité de vivre en démocratie. Un livre fort et haletant, à lire sans tarder. Mylène a présenté deux livres : "Les Passeuses d'histoires" de Danièle Flaumenbaum, un témoignage sur l'héritage familial, les non-dits, les fantômes du passé qui laissent des empreintes à décrypter. Elle a aussi évoqué l'excellent roman de l'américaine Anne Tyler, "Leçons de conduite". Dans cette fiction, un couple de quinquagénaires s'embarque pour une traversée en voiture et lors de ce voyage, ils font un bilan de leur vie. Mylène aime tout particulièrement les écrivains d'Outre Atlantique qui décrivent à merveille les tourments psychologiques des personnages qui nous ressemblent. Evelyne a beaucoup apprécié "L'Idée ridicule de ne plus jamais te revoir" de Rosa Montero, une autobiographie sur la perte de son compagnon et une enquête sur la vie de Marie Curie, à la fois heureuse sur le plan scientifique et tourmentée sur le plan personnel. Elle a aussi évoqué l'Islande à travers ses romanciers comme Indridason et Stefanson avec son dernier ouvrage, "Les poissons n'ont pas de pieds". Elle a relu "Pêcheurs d'Islande" de Pierre Loti avec intérêt. Janine aime Silvia Avallone et nous a recommandé "D'acier" et "Marina Belleza". Régine a choisi un document, "Le fils" de M. Roustain, un témoignage douloureux sur la vie de son fils, décédé d'une méningite foudroyante. Une lecture difficile sur le deuil et la vie d'après. Elle a évoqué l'enquête de la journaliste du Monde, Raphaëlle Bacqué, "Richie", ou le portrait du sulfureux Richard Descoing, l'ancien directeur de Sciences Po, mort à New York, à la double personnalité, celle d'un éducateur visionnaire et celle d'un libertin, assoiffé de reconnaissances et d'honneurs. Pour se détendre, elle propose "Expo 58" de Jonathan Coe, une histoire d'espion dans l'exposition universelle de Bruxelles. Janelou est revenue sur "Colère" de Lionel Duroy, dont elle avait beaucoup aimé "Le Chagrin". On connaît bien l'œuvre de cet écrivain de la "famille", une famille disloquée, brouillée et invivable.  Encore de bonnes idées de lectures pour l'automne... 

mardi 6 octobre 2015

Retour de Grèce, 5

J'ai aussi profité du soleil en partant en Grèce en agissant comme un écureuil qui amasse des noisettes pour l'hiver. Mes noisettes ensoleillées, je les ai ramassées sur une plage proche d'Athènes, baptisée Edem que l'on atteint en tramway. Mais, je ne sais pas rester sur un transat des heures entières surtout quand on a tant de lieux à découvrir. J'ai choisi d'aller à Egine, l'île aux pistaches, à deux heures de ferry. Prendre un ferry au Pyrée demande pas mal d'astuces quand on utilise le bus. Mais, j'ai eu de la chance pour trouver le terminal car une jeune femme grecque d'une gentillesse exquise m'a accompagnée de l'arrêt du bus à mon ferry. Il faut vivre cette expérience essentielle : s'embarquer avec des Grecs (peu de touristes sur le bateau) et partager ces moments de traversée dans un grand salon avec tables et fauteuils. Des popes s'amusaient comme des enfants, des groupes de "copines" jouaient aux cartes, certains dormaient, d'autres regardaient la télévision. Je me promenais sur les divers ponts pour humer la mer bleue, observer les mouettes, suivre les voiliers, les bateaux de pêche, les ferries qui nous croisaient. Je pensais au mot grec "thalassa", la mer tout autour de moi comme un sentiment de jubilation archaïque, sachant depuis longtemps que le vivant est né dans l'eau... A Egine, j'ai vite repéré une plage de rêve et je n'arrivais pas à le croire : un musée archéologique se cachait derrière la pinède ! Je l'ai visité avec plaisir entre deux baignades... Ma deuxième sortie m'a réservé une belle surprise, encore d'ordre archéologique. J'ai repris un bus régional pour longer la côte de l'Attique, vers le cap Sounion où un temple de toute beauté, dédié au dieu de la mer, Poséidon, contemple l'horizon depuis 2600 ans. Homère l'a mentionné dans l'Iliade, Thucydide aussi, et j'imaginais les méchants Perses, escalader les pentes du piton rocheux pour envahir la terre grecque. Un lieu somptueux, magique, assez difficile d'accès, mais quelle récompense quand on arrive sur place...  J'ai vécu un beau voyage, un retour sur le grand passé, (3000 ans av JC), une déambulation dans une Athènes en crise mais si attachante, une plongée dans la mer Egée, je me dis que, décidément, ce pays nous est essentiel, indispensable en Europe. Nous sommes tous Grecs comme on était Charlie en janvier 2015. J'ai déjà décidé que j'y retournerai dès l'année prochaine pour une escapade dans les Cyclades !

lundi 5 octobre 2015

Retour de Grèce, 4

Il m'est un peu frustrant d'aborder dans ce quatrième billet l'univers merveilleux des musées et à Athènes, il en existe une dizaine à découvrir en priorité. J'avoue que j'aime énormément me promener dans ces lieux magiques qui concentrent le "meilleur de l'art", des chefs d'œuvre parfois connus, parfois méconnus. Je citerai les deux principaux qu'il ne faut en aucun cas rater : le Musée archéologique national et le Musée de l'Acropole. Ces deux institutions détiennent les plus grandes collections de l'art antique. Le premier, ouvert en 1889, s'annonce le plus complet et offre un panorama unique concernant toutes les périodes  : cycladique,  mycénienne, archaïque, hellénistique romaine, égyptienne. Il m'a fallu deux visites pour apprécier et admirer les milliers de vases grecs, les statues, les stèles funéraires, les objets du quotidien. Si l'on veut comprendre la Grèce antique, il faut "savoir décrypter" toutes ces images de pierre, de céramique, de marbre, de bronze pour voir défiler sous nos yeux cette civilisation, une des plus passionnantes de l'Histoire ancienne. J'éprouve toujours le même vertige du temps quand je pense aux potiers qui ont façonné les vases, aux sculpteurs qui ont creusé le marbre, aux peintres qui ont décoré les murs... J'ai admiré en particulier les kouroi et les kourai, des statues votives représentant des jeunes hommes et des jeunes filles, arborant un sourire énigmatique, baptisé le "sourire archaïque". J'arpentais les salles avec un sourire ébloui, le kouros de trois mètres m'ayant influencée... Ouvert en 2009, le Musée de l'Acropole impressionne par sa dimension et son architecture. Il présente tous les objets, statues, stèles trouvés sur l'Acropole dont les célèbres Caryatides du temple Erechthéion, les frises du Parthénon, les sculptures, les vases, etc. J'étais tellement plongée dans la culture antique que je n'ai pas eu le temps d'appréhender l'art byzantin et les églises à part celles qui se trouvaient sur mon parcours, mais la plupart était fermée. J'ai aussi beaucoup apprécié les "petits musées" que peu de touristes fréquentent mais qui me semblent incontournables : celui de l'art cycladique qui présente de fascinantes figurines en marbre à la tête plate et aux bras croisés dont on ne connaît pas encore la signification et celui d'un mécène, le musée Kanellopoulos avec des portraits du Fayoum. Je suis revenue avec plus de 1000 photos prises dans ces lieux et quand je veux les classer, je vais revivre mon voyage dans l'art grec en admirant des détails que je n'avais pas remarqués en temps voulu... 

vendredi 2 octobre 2015

Retour de Grèce, 3

Hier, j'ai évoqué le site majeur de l'Acropole, dominant la cité, attirant plus de trois millions de touristes par an. Mais, en fait, il suffit de faire quelques pas pour se retrouver presque seul devant un monument de toute beauté. Cela m'est arrivé quand j'ai pénétré dans l'enceinte de l'ancienne Agora, au pied de la colline sacrée. Ce site date du VIe siècle avant JC et j'ai arpenté avec une fébrilité de "groupie" de la Grèce antique les allées menant aux différents espaces de ce carrefour de la vie publique avec ses commerces, ses édifices administratifs et civils, ses maisons dont il ne reste que des traces sur le sol.  Deux édifices dominent l'ensemble : le Théséion, un beau temple dorique (6 colonnes sur 13) consacré au dieu Héphaïstos, en très bon état et la Stoa d'Attale, roi de Pergame, qui abrite le musée de l'Agora. Cette magnifique galerie expose une collection de statues et de têtes en marbre représentant des hommes politiques de l'époque et des dieux toujours présents sur cette terre grecque. On y admire aussi les objets trouvés dans l'Agora antique. Lors de cette découverte, je voyais déambuler les citoyens d'Athènes dans leurs activités sociales et politiques. Plus loin, l'Agora romaine du 1er siècle après JC présentait des ruines plus abîmées mais je pouvais constater l'existence d'un ancien marché derrière une porte monumentale d'Athéna. Hélas, la Tour octogonale des Vents était en rénovation... Mais, je voulais aussi aller à la rencontre de l'empereur Hadrien, amoureux de la Grèce, qui a construit une bibliothèque où furent déposés 17 000 rouleaux de papyrus. On ne voit que des pans de mur avec des niches réceptionnant ces livres antiques. Imaginez-vous ce lieu de l'écrit, du patrimoine complètement disparu. Mais, ces lambeaux de pierres noircies par le temps, témoignent de ce "miracle grec", berceau de la littérature, de la philosophie et des mathématiques. Les épousailles de la démocratie et de la bibliothèque jaillissent comme une source du savoir qui a permis la naissance de notre histoire occidentale... Athènes réserve encore quelques belles surprises comme le site de l'Olympieion, temple gigantesque dont il reste une quinzaine de colonnes, terminé par le même Hadrien. Quand on prend le tram ou un bus, ces colonnes d'une hauteur impressionnante apparaissent comme des vigies de l'Antiquité dans cette cité urbanisée  à outrance. Je n'oublierai jamais le métro de la place Syntagma où j'ai remarqué un squelette reposant depuis des siècles dans un mur reconstitué. Ce frère ou sœur humain(e) a été retrouvé lors des fouilles entreprises pour créer cette ligne en 2004. Cet homme ou cette femme dort à tout jamais devant les passants innombrables de la station. Qui est-il (elle) ? Quels sont ces rêves secrets ? Je suis allée le ou la saluer pour rompre son sommeil de pierre... L'archéologie déclenche des fortes rêveries évidemment romanesques !

jeudi 1 octobre 2015

Retour de Grèce, 2

Au lieu de raconter mon séjour d'une façon chronologique, je préfère la manière thématique. Comme mon objectif était de découvrir la Grèce antique dans ses sites archéologiques et dans ses musées, j'ai vu tout ce que j'avais noté dans les divers guides de voyages, feuilletés durant l'été. J'avoue que la lecture permet un premier voyage, un embarquement tissé de mots et d'images, absolument nécessaire pour mieux comprendre ce que l'on visite. J'ai pourtant "raté" ma visite de l'Acropole car j'ai opté pour le premier dimanche de mon séjour tellement je voulais revivre un choc esthétique lors de mon premier rendez-vous avec le Parthénon. D'emblée, une foule de touristes accompagnés de leur guide avait envahi le lieu. Je pense que nous étions des centaines de visiteurs à grimper sur l'Acropole en file indienne, en faisant bien attention de ne pas se faire bousculer... Deuxième contrariété, des échafaudages masquaient le devant du Parthénon et des Propylées. Je savais qu'un plan ambitieux de rénovation avait démarré depuis quatre ans mais ces travaux, certes indispensables, gâchent un peu la beauté sublime de ces monuments antiques. J'ai quand même ressenti un sentiment d'admiration devant ce lieu sacré dominant la ville depuis 2500 ans. Une fois sortie de ce chaos touristique (comme à Venise, sur la place San Marco où la foule se concentre), j'ai vite redescendu la colline pour visiter le théâtre de Dyonisios, au pied de l'Acropole et là, quelle fut ma surprise de me retrouver avec une dizaine de visiteurs alors que je venais de quitter des centaines de pèlerins parthénoniens ! J'ai arpenté le théâtre bâti au Ve siècle av JC, un berceau de la tragédie où furent présentées les pièces de Sophocle, Euripide et Aristophane. Je m'imaginais dans la première rangée, un soir au coucher de soleil, écoutant ces comédiens (tous des hommes) déclamant à travers leurs masques, des tirades terribles sur le destin des dieux et des humains. Ce théâtre n'est pas aussi spectaculaire que celui d'Epidaure mais il pouvait accueillir 15 000 spectateurs. Et comme pour tous les sites archéologiques, il faut de l'imagination pour reconstruire les monuments tels qu'ils étaient à l'origine. L'autre théâtre, l'Odéon d'Hérode Atticus, a été rénové pour recevoir le Festival d'Athènes. Depuis 2004, (date des Jeux Olympiques à Athènes), une promenade piétonnière de trois kilomètres relie les sites archéologiques à travers une forêt de pins, d'oliviers, de chênes et avec en prime, la musique des cigales... Un lieu magique et vraiment exceptionnel qu'il faut fréquenter tôt le matin et après 17h quand les cars des "tours opérators" ont quitté la ville...