mardi 12 novembre 2019

Escapade à Paris, 3

Le cimetière du Montparnasse se situait prés du musée Zadkine et j'ai saisi l'occasion pour me recueillir (en ce temps de la Toussaint) sur les tombes de Simone de Beauvoir et de Marguerite Duras. Ce lieu incroyable et inspiré accueille les personnalités les plus diverses : artistes, hommes politiques, écrivains, peintres, stars de la télévision, militaires, parisiens et parisiennes anonymes. Les tombes se distinguent les unes des autres par des excentricités : sculptures baroques, décorations loufoques, citations ciselées sur le marbre. Tout est un peu spectaculaire dans cet espace immense. J'avais l'impression de lire un livre d'Histoire de France en remarquant les noms de famille, leur importance sociale liée à la grandeur du caveau. Après quelques minutes hésitantes, j'ai enfin trouvé la tombe de Marguerite Duras dans la division indiquée : j'ai ressenti une émotion devant sa simplicité. Les amoureux(ses) de son œuvre plantent des stylos dans des pots de fleurs. L'écrivaine n'est pas seule car son dernier compagnon, Yann Andréa, l'accompagne dans cette dernière demeure. Je remarque qu'elle n'est pas oubliée et que sa sépulture attire beaucoup de visiteurs. Plus loin, Simone de Beauvoir et Jean Paul Sartre reposent dans une tombe dépouillée et la stèle est décorée par des centaines de traces en forme de baiser. Une classe de lycéens allemands se tenait prés de moi et ils prenaient des notes selon les indications de leur professeur. La notoriété du couple Beauvoir-Sartre dépasse nos frontières et cela me faisait plaisir que ces deux grands écrivains français intéressent encore quelques jeunes européens. Je pensais depuis longtemps rendre un hommage à ces deux écrivaines exceptionnelles qui ont changé la vie des femmes (et la mienne) en France. Ce pélerinage littéraire une fois effectué, j'ai visité l'Institution Giacometti au 5, rue Victor Schoelcher, installée dans l'ancien atelier de l'artiste-décorateur Paul Follot, un hôtel particulier de style Art Déco. L'atelier reconstitué d'Alberto Giacometti, composé de son mobilier, d'objets personnels, de murs peints par l'artiste, permet d'imaginer la vie de cet artiste magnifique. Des expositions temporaires offrent un nouvel éclairage sur l'œuvre de l'artiste. Les sculptures hiératiques habitent le lieu, lui insufflant une atmosphère quasi sacrée, en particulier dans la salle principale, une bibliothèque où livres et statues se mélangent avec bonheur. Comme j'aime beaucoup Giacometti, ces moments passés en sa compagnie virtuelle auprès de ses œuvres m'ont bien convaincue que ce musée particulier magnifiait cet artiste génial. J'ai terminé ma soirée à la Fondation Cartier où j'ai vu une exposition sur les arbres, "Nous, les arbres", leur importance dans les sociétés indiennes et dans les nôtres, imprégnées d'un souci légitime écologique pour leur survie. Encore une journée culturelle intense et épuisante (il faut beaucoup marcher à Paris) mais ô combien enrichissante !