lundi 15 juin 2020

Atelier Lectures, 1

Mes retrouvailles avec les amies lectrices de l'Atelier Lectures vont peut-être se réaliser demain après-midi. Avec le virus fatal, la saison 2019-2020 s'est révélée particulièrement perturbée : d'octobre à février soit cinq séances en continue, une fois par mois. Ce rendez-vous régulier rythmait ma vie de lectrice passionnée par la littérature. La réunion de demain sera un peu exceptionnelle car la Maison de Quartier ne peut accepter que cinq personnes dans la salle qui m'est accordée. Le réglement sanitaire devient presque un carcan tellement excessif que la vie sociale va finir par disparaître. Comme nous sommes une dizaine de participantes, j'ai trouvé presque par hasard une terrasse dans le Carré Curial pour nous retrouver autour d'une table. Le service social par excès de zèle ne joue plus son rôle de médiateur. Le principe de précautions nous prive aussi de l'ouverture de la médiathèque qui va proposer un "drive" pour les lecteurs(trices). Il faut commander les livres, faire la queue pour les récupérer et surtout, ne pas accéder aux rayonnages. Je me demande si ce comportement face au virus tient plus du délire que de la raison raisonnable… En octobre, personne ne pouvait s'imaginer que la saison s'interromprait de cette façon : le confinement en mars jusqu'au 11 mai… Ce passé si proche ressemble à un paradis perdu. Pourtant, la société était aussi troublée par la pauvreté, les gilets jaunes, le terrorisme, les communautarismes, les tensions internationales, les extrémismes de tous les bords, les femmes battues, etc. Mais, le virus est arrivé et a suspendu pour quelques semaines tous ces problèmes de société. Tout revient maintenant avec encore la menace virale tant que nous n'avons pas de vaccin. La distance physique se transforme en distance psychologique… La société masquée n'a rien de séduisant, de charmant, de civilisationnel. J'ai donc proposé de nous retrouver demain pour évoquer nos coups de cœur pendant cette période de latence. Je rappelle les thèmes de la saison d'octobre à mars : trois grandes écrivaines italiennes, Elena Ferrante, Elsa Morante, Goliarda Sapienza en octobre,  la rentrée littéraire en novembre, la littérature et la ruralité en décembre, la collection Folio ,"Les petits éloges", en janvier, la fabuleuse Anna Enquist en février, le silence en mars. J'avais proposé la littérature épistolaire pour avril… A tous ces thèmes, il faut ajouter les coups de cœur de mes amies lectrices. J'avoue que les livres et la littérature m'ont accompagnée encore plus fortement pendant ces semaines d'immobilité physique obligatoire et ils m'accompagneront toujours. Grâce à ces nourritures spirituelles, la crise sanitaire s'est déroulée avec une angoisse calmée par la lecture. Evidemment, je continuerai à la rentrée mon périple sur les terres littéraires en compagnie des lectrices de l'atelier…