mardi 28 mai 2019

Atelier Lectures, 4

Janelou et moi avons lu "Une ethnologie de soi, le Temps sans âge" de Marc Augé, paru en 2014. L'anthropologue écrit : "La question de l'âge est une expérience humaine essentielle, le lieu de rencontre entre soi et les autres, commune à toutes les cultures, un lieu complexe et contradictoire dans lequel chacun d'entre nous pourrait, s'il en avait la patience et le courage, prendre la mesure des demi-mensonges et des demi-vérités dont sa vie est encombrée". S'interroger sur son âge ressemble à un exercice "d'ethnologie de soi" comme le titre de l'ouvrage l'indique. En lisant cet ouvrage d'une richesse certaine, j'avais le crayon suspendu sur les pages et comme l'a suggéré Janelou, ce livre nous parle de nous, un miroir où l'on peut partager notre condition de vieillir le mieux possible. Au détour d'une page, je suis tombée sur cet extrait sur les livres : "Il faut savoir lire et relire ; la relation avec un livre est vivante. Un livre qui ne vieillit pas, c'est un livre dont le lecteur peut toujours attendre quelque chose, où il peut toujours découvrir quelque chose, un livre qui lui démontre ainsi qu'il est toujours vivant, que leurs sorts sont liés et qu'ils sont tous deux unis "à la vie, à la mort". Marc Augé évoque la vieillesse non comme un naufrage existentiel, mais au contraire comme une chance, voire un privilège : "Je vieillis, donc je vis". Cet essai revigorant se termine par la phrase salutaire de Marc Augé : "La vieillesse, ça n'existe pas". On veut bien le croire… Plusieurs lectrices ont lu l'ouvrage de Lydia Flem, "Comment j'ai vidé la maison de mes parents". L'auteur écrit :" Un jour, alors que l'enfance sera déjà loin, nous deviendrons orphelins. Une fois nos disparus enterrés, nous devons accomplir cette tâche impudique : vider la maison de nos parents. Pour chacun des objets et souvenirs de leurs vies, nous n'aurons que l'un de ces choix : garder, offrir, vendre ou jeter. Puis, dans le désordre de l'émotion, nous fermerons leur porte, qui est aussi un peu la nôtre".  Cet essai personnel provoque toujours un écho à tous ceux et à toutes celles qui ont vécu la perte de leurs parents. Lydia Flem en psychanalyste sans jargon, raconte avec empathie une expérience humaine partagée, le deuil assumé. Voilà pour les sept ouvrages que j'avais conseillés…