jeudi 14 mars 2019

Atelier Lectures, 2

Danièle a poursuivi la séance "coups de cœur" avec trois livres : "Le jeu de l'oie" de Erri de Luca, "Gratitudes" de Delphine de Vigan et "L'université de Rebibbia" de Goliarda Sapienza.  Le dernier ouvrage d'Erri de Luca complète son puzzle autobiographique sous la forme d'un testament littéraire. L'écrivain italien adresse une lettre à un fils imaginaire et lui parle de sa vie, de ses engagements politiques et de sa vocation littéraire. Encore un livre essentiel qui nous aide à méditer le sens de la vie. Delphine de Vigan vient donc de publier un beau roman sur la vieillesse, la perte de la parole et une réparation qui passe par les soins d'un orthophoniste bienveillant. Danièle a surtout présenté le récit autobiographique de Goliarda Sapienza. L'écrivaine italienne, connue pour son magnifique "Art de la joie", a vécu une expérience originale en prison dans les années 80, suite à un vol de bijoux. Elle raconte son environnement dans une cellule qu'elle partage avec deux autres détenues. Solidarité,  amitiés, amours, mais aussi disputes, cris, bagarres, tous ces événements forment un monde à huis clos que l'écrivaine traite avec un humour, teinté de tendresse et d'empathie. Goliarda Sapienza décrit ces femmes, souvent liées à des affaires de vol et de trafic de drogue, comme des compagnes, marginalisées par la misère sociale. Ce récit autobiographique qui se lit d'une traite transforme l'enfermement en moments de liberté. En écoutant Danièle, je me demandais pourquoi je n'avais pas encore proposé cette écrivaine italienne, sœur symbolique de la magnifique Elsa Morante. J'envisage de proposer Goliarda Sapienza dès la rentrée prochaine. Mylène a proposé un roman de Ronit Matalon, "Et la mariée ferma la porte", édité chez Actes Sud. La mariée s'enferme dans une chambre avant la cérémonie. Par son mutisme et par son refus de sortir, elle provoque des réactions en cascade de ses proches. Ce vaudeville cocasse pose aussi des questions sur la société israélienne. L'écrivaine a disparu en 2017 en publiant ce dernier roman. Il faut aussi découvrir "Le bruit de nos pas", grand succès de librairie. Mylène a évoqué un haut-le-cœur concernant le roman de Leonor de Recondo, "Point cardinal", évoquant un père de famille qui veut changer de sexe. Le sujet délicat du transsexualisme a fait l'objet d'un débat entre nous. Je pense pour ma part que la littérature doit se saisir de tous les thèmes sociétaux qui peuvent déranger mais n'est-ce-pas la vocation de l'art dans tous ses domaines ? Voila pour les coups de cœur des lectrices de l'atelier. Les livres nous offrent toujours des découvertes, des talents confirmés, des idées de lecture, des moments de plénitude, mais aussi d'inquiétude…