lundi 9 mars 2015

"Chemins"

J'avais beaucoup aimé "Ecoute la pluie" de Michèle Lesbre, paru en 2013 chez son éditrice Sabine Wespieser. Je viens de terminer son dernier opus, "Chemins" et j'ai retrouvé avec un grand plaisir la musique de cette femme écrivain, une prose musicale, élégante, nostalgique, subtile... La trame de l'ouvrage importe peu et je dis à ceux (et celles) qui aiment l'action, les tribulations, l'agitation : passez votre "chemin" et n'empruntez pas ceux de Michèle Lesbre. La narratrice évoque l'image de son père, un père méconnu et absent quand elle rencontre un homme dans la rue, dont la silhouette, l'attitude lui rappellent l'image paternelle. Elle aperçoit le titre du livre que cet étrange étranger tient dans ses mains : "Scènes de la vie de bohême" d'Henry Murger, le livre de chevet de son propre père. A partir de cette scène, le passé resurgit. Le roman est construit en alternance avec des flashs sur son enfance et avec des scènes de son temps présent. La narratrice part à la campagne, près d'un canal afin d'entretenir une maison d'amis et raconte ses rencontres au fil de l'eau : une gardienne de vaches, un éclusier, un couple de mariniers. L'évocation de son père se fait par touches minimalistes et le portrait se précise au fil des mots. Ce père fuyant, secret, insaisissable devient le fil conducteur dans ces "Chemins" intimes. J'apprécie aussi dans ce roman "impressionniste" l'amour de l'auteur pour la littérature en évoquant en particulier Jean-Claude Pirotte, disparu récemment. Dans un article de la revue Page, élaboré par des libraires, j'ai lu cet avant-propos : "Lire un nouveau roman de Michèle Lesbre, c'est comme retrouver une amie qui nous entraîne dans ses errances". Un beau roman rêveur, nostalgique et écrit avec un pinceau...