jeudi 6 octobre 2016

Escapade à Lisbonne, 5

Cet été, je me suis mise à lire et relire Fernando Pessoa. J'ai déjà évoqué cet immense écrivain-poète dans ce blog avant de partir à Lisbonne. J'ai été fortement étonnée de voir son effigie dans les boutiques de souvenirs, sur des carnets, des pavés, des sacs, des porte clés. etc. Un écrivain aussi secret et aussi austère est devenue l'icône de la ville en dix ans côtoyant les sardines en boîte et autres gadgets fabriqués en Chine. Fernando Pessoa revenant sur terre serait vraiment très étonné de se transformer en objet publicitaire, lui qui n'a rencontré aucune reconnaissance de son vivant. J'ai donc cherché ses traces dans la ville lumière en démarrant dans le Chiado, près de la place Camoes.  Devant le bar "Brasiliera" que le poète fréquentait, une statue en bronze doré le représente assis et attablé près d'un guéridon. Quelques touristes curieux se font photographier devant l'éternité. Mais, il vaut mieux aller visiter le musée Pessoa dans un quartier excentré de la ville. La mairie a choisi un petit immeuble où l'écrivain a vécu les quinze dernières années de sa vie. Dès que l'on aperçoit la façade, les citations de l'écrivain s'étalent sur les murs et ces graphismes donnent une image de livre ouvert. Dès l'entrée de l'immeuble, une bibliothèque regroupe  toutes ses œuvres dans toutes les langues qui peuvent être consultées sur place et la bibliothécaire m'a mis sur une table quelques livres en français pour les consulter. J'ai lu quelques poèmes avant de visiter sa chambre modeste avec un lit étroit et des objets usuels dans des vitrines. De nombreuses photos relatent la vie de Pessoa avec ses diplômes, ses fiches de notes, etc. Ce petit musée présente un ensemble de documentation hétéroclite, constitué de livres, d'objets, de photographies, de figurines et de films. Pour apprécier pleinement cet espace littéraire, il faut quand même comprendre le portugais, ce qui n'est pas mon cas, hélas... J'ai repris mon chemin vers la Place du Commerce où un des bars les plus anciens de la ville, le café Martinho da Arcada était fréquenté par les écrivains et les intellectuels dont mon poète lisboète. Un emplacement lui était réservé et j'ai vu sa tasse de café, son petit verre de digestif, son chapeau, et des livres de Pessoa sur la table. J'ai pensé au Flore à Paris où Sartre et Beauvoir avaient leur table réservée. J'ai même aperçu sur la façade de l'église des Martyrs, une plaque sur le baptême de Pessoa dans cet édifice... Lisbonne rend donc un hommage fervent à cet écrivain méconnu à son époque car son œuvre a commencé à être publiée dans les années 70, trente cinq ans après sa mort. Lisbonne a pris le visage de Pessoa pendant mon séjour et malgré sa marchandisation surprenante,  il reste son œuvre à découvrir et redécouvrir sans cesse...