mardi 4 décembre 2018

Eloge des bibliothèques

Cet après-midi, j'ai redécouvert le plaisir d'arpenter la ville de Chambéry pour diverses courses. Après quinze jours de confinement chez soi, le "sortir de chez soi" prend une couleur vive, tonique et se balader à son rythme constitue une parenthèse enchantée dans cette belle cité savoyarde. J'ai enfin échangé mes livres à la Médiathèque Jean-Jacques Rousseau et quand je suis entrée dans le hall d'accueil, le silence régnait et un calme serein flottait dans l'air. Quand on traverse une ville, des milliers de bruits pénètrent notre peau : voitures, bruits des travaux, scooters, etc. A la Médiathèque, un havre de paix. Les lecteurs installés dans les fauteuils et autour d'une table respectent absolument la consigne : le silence fait partie du contrat entre le lieu et l'usager. Un homme dormait même la main posée sur un dictionnaire. Personne ne le dérangeait. Chacun vaque à ses intérêts de lectures. Je regarde l'arrivage des romans sur la table des nouveautés. Je feuillette la presse littéraire et je note des références. Je cherche des ouvrages sur la mythologie, la philosophie. Parfois, en consultant les sommaires, je renonce à l'emprunter à cause de la complexité du texte. J'ai pris l'habitude de farfouiller dans les chariots des retours. Je vérifie ainsi que certains écrivains ont encore l'adhésion du public. Une bibliothèque ressemble à une malle à trésors. On peut chercher une pépite littéraire par hasard, et la trouver, abandonnée sur une table. Cet ouvrage m'attendait et je l'ai mis dans mon sac. Au deuxième étage, l'espace de la presse quotidienne et hebdomadaire rassemble beaucoup de retraités et de personnes seules. J'ai travaillé pendant trente ans dans ces lieux d'une importance capitale pour se sentir citoyenne, pour participer à un projet d'une société éducative et culturelle. En ce moment, certains de nos concitoyens souffrent de la confiscation fiscale et la notion d'impôt n'a pas bonne presse. Je pensais à ce service public, une bibliothèque, et j'étais vraiment heureuse de payer des impôts pour permettre la permanence de ces services publics comme une école, un hôpital, une mairie, un théâtre, etc. Quand je pense aux économies que j'ai effectuées en fréquentant la Médiathèque depuis quinze ans, je crois que j'ai bien équilibré mes comptes… Je suis repartie avec un sac plein de livres. J'ai aussi rencontré des lecteurs qui forment une communauté universelle et ouverte à toutes les idées, les pensées, diffusées par les livres. Et cerise sur le gâteau, l'usager peut emporter vingt cinq documents pour un mois. D'autres supports audiovisuels complètent le charme indéfinissable du papier. J'avais envie de relater ces moments passés au sein de la bibliothèque municipale (je préfère ce mot…), des moments de paix et de sérénité, bien appréciables dans ce monde en conflit permanent.