jeudi 23 février 2012

"Les solidarités mystérieuses"

Ce très beau titre concerne le dernier roman de Pascal Quignard, édité aux Editions Gallimard. Il n'avait pas écrit de fiction depuis sa "Villa Amalia" en 2006. Je l'ai "dévoré" en deux jours tellement Pascal Quignard me parle, s'adresse à des lecteurs-lectrices qui ne sont jamais déçu(e)s par son univers si particulier, si singulier, si unique dans la littérature française contemporaine. Un personnage féminin domine le roman. Elle s'appelle Claire. Elle quitte mari et enfants pour se réfugier dans sa terre bretonne, du côté de Dinard, du côté de la mer. En fait, elle retrouve son ami Simon dont elle est amoureuse depuis son enfance. Plusieurs personnages vont intervenir : son frère Paul, lien essentiel, représentant "cette solidarité mystérieuse", qui la rejoint et rencontre un ami qui deviendra son compagnon malgré son statut de prêtre. Claire va habiter dans une petite ferme en pleine lande en bord de mer. Son ancienne professeur de piano lui propose l'adoption et lui offre un héritage inattendu. Claire s'installe dans le paysage sauvage de cette Bretagne mythique. Simon est marié, et père d'un petit garçon. Il rejette Claire qui ne s'en remettra jamais. Elle passera le reste de sa vie à observer la vie de Simon, maire et pharmacien de son village. La femme de Simon se venge en incendiant sa ferme. Plus tard, Simon meurt noyé : suicide ou accident ? Après la disparition de Simon, Paul va protéger sa soeur et lui vouera un amour inconditionnel. Plusieurs personnages décrivent la vie errante et solitaire, minérale et végétale de Claire, qui va se fondre, fusionner avec la nature. Je vous cite un passage du roman : "Un jour, elle m'expliqua que le paysage, au bout d'un certain temps, soudain s'ouvrait, venait vers elle et c'est le lieu lui-même qui l'insérait en lui, la contenant d'un coup, venait la protéger, faisait tomber la solitude, venait la soigner. " . Quel beau portrait de femme, dont la folie d'aimer l'emporte sur la raison de vivre. Un roman qui évoque la mer comme un personnage majeur omniprésent et qui ne peut que me séduire...