mercredi 6 juillet 2016

Yves Bonnefoy

Je venais de terminer la lecture du recueil "La vie errante" d'Yves Bonnefoy quand j'ai appris sa mort à 93 ans. La disparition des écrivains et des poètes me touche particulièrement tellement leur présence à travers leurs œuvres m'accompagne dans ma vie de lectrice. J'ai découvert ce grand poète en tant que critique d'art avec "L'arrière-pays" édité dans une collection mythique, "Les chemins de la création" de l'éditeur Skira. Depuis, sa poésie m'intimidait et je n'avais pas eu la curiosité de le découvrir. Juste avant sa mort, le Monde des Livres avait mis en première page le dernier ouvrage d'Yves Bonnefoy, "L'écharpe rouge" en nous le conseillant fortement. Né à Tours en 1923 dans un milieu modeste (père ouvrier et mère institutrice),  il a fait des études de mathématiques et de philosophie. Il commence à publier en 1946 tout en voyageant et en occupant divers postes de professeur à l'université. Il rejoint le Collège de France de 1981 à 1993. Homme multiple, il traduit Shakespeare, Yeats et devient un essayiste sur l'art. Ses publications sur la Rome baroque, sur le sculpteur Giacometti, Picasso, Mondrian et d'autres artistes font date et sont devenues des classiques de l'art. Dans les "Entretiens sur la poésie", ouvrage sur sa vocation de poète, il évoque les influences déterminantes de Rimbaud et des surréalistes comme André Breton et Paul Eluard. Son premier recueil de poésie, "Du mouvement et de l'immobilité du Douve", le place d'emblée au sommet de la poésie française. Son œuvre peut sembler hermétique et demande un certain effort de lecture. Il faut se laisser porter par le rythme des phrases, par le choix des mots, par l'irruption d'images et même si on ne comprend pas l'intention du poète, il suffit de poursuivre la lecture et se laisser bercer par le sentiment poétique que procure la nature, l'art, la musique, la vie, tout simplement... Je citerai ces quelques vers : "On me disait : lis, écris. Et j'essayais, je prenais un mot, mais il se débattait, il gloussait comme une poule effrayée, blessée, dans une cage de paille noire tachée de vieilles traces de sang". Les mots, il les a saisis en poète et j'ai glissé dans ma liste de lectures estivales, Yves Bonnefoy. Les poètes ne meurent jamais, ni les écrivains...