lundi 18 août 2014

"Instantanés II"

J'avais évoqué dans ce blog le tome 1 des souvenirs de Roger Grenier, baptisé modestement "Instantanés". Cet écrivain discret, pourtant l'un des plus influents de la maison Gallimard, nous livre ses confidences sur ses confrères des lettres françaises dans un nouvel opus. Cette galerie de portraits est passionnante pour ceux et celles qui aiment la littérature, qui aiment ces drôles d'humains qui vouent leur vie à l'écriture, à l'imagination dans un certain isolement et une solitude certaine... On ne parle assez de la vie littéraire et pourtant, connaître des anecdotes familières sur certains d'entre eux nous les rend plus proches, plus intimes, plus "normaux". Roger Grenier raconte des rencontres essentielles : celles avec Bachelard, le philosophe bourguignon qu'on ne "pouvait qu'aimer et respecter", Hector Bianciotti, déjà oublié, Roger Caillois, le passeur, Louis Guilloux, le protégé de Gallimard, Valérie Larbaud, le cosmopolite, Flannery O'Connor, la nouvelliste géniale, etc. J'ai surtout apprécié le chapitre sur un des mes écrivains préférés, le très subtil J.-B. Pontalis, l'ami et le collègue de Roger Grenier, qui travaillaient cote à cote chez Gallimard. J'ai remarqué cette phrase sur son ami : "Dans "Fenêtres", ce lexique très personnel, je relève les mots : nostalgie, déçu, chagrin, larmes, sanglots, vieillir, enfance, souvenirs, clairière, et aussi : pourquoi." Quand un écrivain se souvient, quand un écrivain aussi empathique que Roger Grenier livre ses "instantanés" sur ses relations, parfois professionnelles, parfois amicales avec des confrères, cela donne un ouvrage très agréable à lire, un hommage généreux de la vie littéraire avec ses petitesses comme avec ses grandeurs.