lundi 25 septembre 2023

Escapade italienne, Paestum

Je suis partie à Naples la semaine dernière mais avant d'arriver dans cette cité volcanique dans tous les sens du terme, j'ai effectué quelques chemins de traverse. De Paestum à Cumes en passant par la Côte amalfitaine, j'ai parcouru quelques centaines de kilomètres pour découvrir des lieux encore inconnus. Il y a six ans, j'avais pourtant visité le site de Paestum à 80 kilomètres de Naples qui m'avait impressionnée par la beauté de ses temples grecs. Le soir de mon arrivée, du restaurant jouxtant le site archéologique, j'ai observé le crépuscule s'allongeant sur les colonnes et le spectacle de l'illumination des colonnes a apporté une dose de magie supplémentaire. Dès l'ouverture matinale, j'ai arpenté Paestum quasiment sans groupe organisé avec l'animateur en tête de file agitant son drapeau ! Effets du tourisme de masse ! Les trois temples peuvent se visiter même à l'intérieur, baptisés par les noms de dieux grecs : Héra, Apollon et Athéna. Colonie grecque fondée en 600 av. J.-C. au sud de Salerne, elle est devenue romaine en 273 av. J.-C. et a pris le nom de Paestum après Poséidonia. Le temple d'Héra, très bien conservé, mesure plus de 50 mètres de long sur 24 mètres de large. D'architecture dorique, ces édifices religieux dégagent une poésie d'un passé profond. Imaginons ces centaines d'années pendant lesquelles les autochtones n'ont pas jeté un regard sur ces drôles de bâtiments, composés d'un toit et de colonnes comme si des extraterrestres avaient édifié comme à l'île de Pâques des espaces religieux surdimensionnés. L'esprit du sacré règne dans ce lieu mythique. Après ma promenade rêveuse et songeuse sur les sentiers menant aux temples grecs, conservés dans un état exceptionnel, j'ai terminé ma visite au musée de Paestum qui présente les célèbres fresques d'un banquet et du plongeur, découvertes dans une tombe de la nécropole. Ces panneaux peints sur calcaire dites fresques lucaniennes montrent des scènes de bataille, des chevaux, des guerriers. Ces témoignages picturaux demeurent les seules traces de cette civilisation perdue dans les limbes du temps. La Tombe du Plongeur a inspiré un roman de Pascal Quignard, "Boutès" et l'écrivain archéo-nostalgique imagine la vie de cet homme, compagnon d'Ulysse et ne pouvant résister à l'appel mélodieux d'une sirène au large de la baie de Naples. Ce plongeon vers la mort ou l'éternité symbolise la finitude de la vie sur terre avec ce mystère insondable : et après ? Dans ce musée, cette vision du Plongeur et des banquets constitue une plongée vers ce passé inconnu, mystérieux et fascinant pour tous ceux et celles qui aiment voyager dans le temps si lointain et pourtant si proche de nous.