mercredi 3 octobre 2018

Naxos, 3

J'ai consacré la deuxième journée en visitant Chora, la ville principale de Naxos. Le matin, une balade dans les ruelles pavées m'a menée vers le Kastro vénitien et plus je montais, plus la vue sur la mer se précise et se dilate : l'air, le ciel, la mer envahissent la pupille d'un bleu profond, sans nuages de gris, et ensuite, le regard embrasse le blanc des maisons. Des touches de rouge apparaissent avec les bougainvilliers qui jaillissent des murets comme des restes de coucher de soleil… J'ai visité le musée archéologique qui présente la deuxième collection des idoles cycladiques après le Musée archéologique d'Athènes. Ces figurines en marbre symbolisent la plupart du temps des formes féminines dans leur nudité, les bras croisés sur le ventre. Les archéologues interprètent ces idoles comme des représentations d'une déesse mère dans la tradition du Néolithique. Certains pensent aussi à des jouets pour enfants ou à des objets votifs. Le mystère demeure sur l'identité et l'utilisation de ces statuettes qui mesurent de huit centimètres à quarante centimètres. On peut aussi observer des figurines de musiciens, un joueur de pipeau et un joueur de harpe. J'aime que ces objets sacrés ou profanes résistent à la rationalité des scientifiques. Les Grecs des Cyclades avaient inventé un objet symbolique en utilisant le marbre des carrières et ce mystère demeure toujours entier… Dans la belle lumière du matin, ce musée de Naxos présentait une bonne centaine d'idoles exposées dans des vitrines en bois et se renvoyaient des reflets comme si elles communiquaient entre elles… Un destin commun les réunit dans cet espace et je me demandais bien quelles mains avaient pu les tenir et les bercer. J'ai retrouvé les poteries de la période mycénienne, les vases géométriques, des fresques funéraires, des statues dans ce musée qui n'a pas changé depuis des années. Une belle surprise dans mon escapade à Naxos. Plus tard, j'ai pris un bus pour me rendre dans une belle plage à dix kilomètres près de Chora. L'eau transparente m'a permis d'apercevoir des petits poissons gris argentés et bleus qui m'accompagnaient dans ma baignade. Quel plaisir de nager dans la mer Egée en fin septembre ! Un plaisir dionysiaque, évidemment. J'ai terminé la journée dans un café merveilleux, le "1739", intégré dans un monastère, transformé en centre culturel de la ville. Ce lieu s'appelle ainsi car cette année-là, l'école fut fondée par les Ursulines pour éduquer les jeunes filles des Cyclades. La terrasse surplombait la baie de Chora  et je savourais mon petit verre de vin blanc du pays en admirant le coucher du soleil, un rite bien sympathique dans les Cyclades.