lundi 23 janvier 2017

Jeudi des Livres, 3

Quand Geneviève a proposé Virginia Woolf, j'ai vite accepté tellement son œuvre me fascine depuis des décennies. Mais, lire Virginia Woolf présente un inconvénient : comment aborder ses romans qui souvent, semblent assez opaques à de nombreux lecteurs ? J'ai donc pris des précautions car, pour rencontrer un écrivain de cette dimension universelle, la porte est assez étroite... J'ai choisi un essai, "Une chambre à soi" et une biographie de Viviane Forrester. Avant d'ouvrir un roman "woolfien", il faut se renseigner sur la vie de cette femme singulière et unique. Elle est née en 1882 à Londres dans une famille d'intellectuels de la haute société anglaise. Son père, Leslie Stephen, historien imposant et sévère, se marie une deuxième fois avec la mère de Virginia. La jeune adolescente vit dans une famille "recomposée" avec une fratrie nombreuse. Virginia perd sa mère à l'âge de treize ans et sa demi-sœur, Stella, deux ans après. Elle s'effondre psychiquement et elle est brièvement internée. Elle étudie seule, sans aller à l'école et se nourrit de livres de la bibliothèque de son père. La lecture tient une immense place dans sa vie.  A la mort de ce père tyrannique, Virginia s'installe avec sa sœur Vanessa dans une maison londonienne et fréquente un groupe de jeunes intellectuels, le "Bloomsbury Group". En 1912, elle se marie avec Leonard Woolf et fonde une maison d'édition, "La Hogarth Press" qui publiera de nombreux écrivains dont Freud. Pendant tous ces années, elle mène une vie trépidante à Londres et une vie calme à la campagne pour s'adonner à l'écriture qui devient une obsession vitale et la protège de la folie qu'elle sent monter en elle. Elle rencontre Vita Sackville en 1922 et elles auront une liaison passionnelle qui donnera naissance au seul roman baroque et historique de son œuvre : "Orlando".  Les troubles psychiques s'accélèrent au fil du temps et Virginia Woolf se suicide en 1941 en se noyant dans la rivière proche de sa maison. Ce destin hors du commun a toujours ému ses lectrices (en majorité) et une littérature biographique importante évoque la folie suicidaire de cette femme fragile dans sa vie et puissante dans son œuvre. La biographie très littéraire de Viviane Forrester dévoile les secrets intimes de Virginia Woolf et raconte la maladie de l'écrivaine, le rôle protecteur et ambigu de son mari, l'entourage familial et amical, le retrait volontaire du monde pour mieux le décrire. Qui était vraiment cette femme écrivain  ? Elle conserve tout un halo de mystère et pourtant, lire ses romans et ses essais apporte quelques réponses. Elle écrit : "Je sens qu'en écrivant, je fais ce qui est beaucoup plus nécessaire que tout le reste" et une autre citation révélatrice : "Notre affaire, c'est d'aller des mots anciens dans un ordre nouveau, afin qu'ils survivent et qu'ils créent la beauté, qu'ils disent la vérité." Je consacrerai deux autres billets dans la semaine sur "Une chambre à soi" et "Vers le phare"...