mardi 4 février 2020

Le droit de blasphémer, un droit fragile

Comme je suis l'actualité quotidiennement et avec un intérêt constant, j'ai été frappée par l'histoire de cette jeune adolescente, Mila. Je l'ai vue à la télévision chez Yann Barthès où elle a expliqué ce délirant épisode sur les réseaux sociaux. La jeune fille a refusé les avances d'un garçon car en plus d'être une jeune athée, elle se revendique homosexuelle. Un crime impardonnable... L'athéisme et la liberté sexuelle vont devenir des comportements insupportables aux yeux de certains pratiquants. Où se situe la liberté d'expression, la tolérance ? Chaque personne dans le monde occidental choisit la vie qu'il veut mener. Mila a donc subi des milliers d'insultes, de menaces de mort. Elle a quitté son lycée et doit être protégée. L'affaire est gravissime et il faut donc qu'elle soit d'un courage inouï pour se montrer. Les réactions à ses paroles même outrancières sont bien timides. Heureusement, Elizabeth Badinter a écrit une tribune dans l'Express pour dénoncer "l'esprit de soumission" d'un grand nombre de responsables politiques. "On le paiera cher", dit-elle. Je suis étonnée que le milieu des féministes se taise. Je suis étonnée que la gauche radicale se taise. Je suis étonnée du silence complice des intellectuels. Si on ne peut plus dire ce que l'on pense des religions, si on ne peut pas s'en moquer, la situation me semble ubuesque. Vit-on encore dans une République laïque ? Chacun peut vivre sa religion y compris l'athéisme. Je me réfère à Nietzsche et son "Dieu est mort". A son époque, il n'avait pas reçu heureusement des milliers de tweets qui le menaçaient, l'insultaient. Heureuse époque sans cette haine sur Internet… Je cite Clément Rosset : "Fabuler d'un autre monde que le nôtre n'a aucun sens à moins de supposer qu'un instinct de dénigrement, de dépréciation et de suspicion à l'encontre de la vie ne l'emporte en nous. Dans ce cas, nous nous vengeons de la vie en lui opposant la fantasmagorie d'une vie "autre" et "meilleure". En France, aujourd'hui, il semblerait que nous n'avons plus le droit de critiquer la religion, toutes les religions. On a définitivement le droit à l'athéisme et à la liberté. Mila a tout de même regretté la vulgarité de ses propos et a même présenté ses excuses aux "croyants pacifiques". Car, cette adolescente a osé dire ce qu'elle pensait. Elle a déclaré qu'elle quittait les réseaux sociaux. Bonne et sage décision. Pour ma part, je soutiens Mila, le blasphème, la liberté d'expression, les critiques sur les religions. Je suis Charlie, je suis Mila, je suis qui je veux, même combat…