mardi 9 mai 2023

Escapade italienne, Ferrare

Le lendemain, j'ai commencé ma journée avec le Musée archéologique national, installé dans le Palais de Ludivico il Moro, un joyau du XVIe siècle. Le musée abrite l'art et l'architecture de la Renaissance dont des fresques de Garofalo. En plus de ces trésors artistiques, j'ai apprécié tout particulièrement la collection unique de la civilisation étrusque découverte en 1922 dans l'ancienne ville de Spina, située sur le delta du Pô. Cette nécropole a permis de mettre à jour plus de 4000 tombeaux riches de bijoux, vases grecs, poteries, statuettes votives en bronze, éléments architecturaux, sarcophages, objets de toilette, miroirs, etc. J'étais heureuse de retrouver les traces des Etrusques, un peuple raffiné et encore assez mystérieux par leur écriture et leurs rites religieux. L'Italie des origines étrusques et romaines me fascine toujours autant. Ce très beau musée n'attire que peu de touristes et pourtant, c'est un des trésors cachés de Ferrare. Après quelques instants d'archéologie passionnante, j'ai visité un deuxième palais, baptisé "Schifanoia", construit par la famille d'Este. Ce vocable Schifanoia signifie "échapper à l'ennui". Le salon des mois (Salone dei Mesi) abrite des fresques étranges où sont représentés, pour chaque mois de l'année, les chars des dieux de l'Olympe, entourés de leurs animaux attitrés correspondant aux signes du Zodiaque. Après la visite, j'ai savouré le calme et la fraîcheur dans un jardin du palais où était installé un petit restaurant bien sympathique d'une simplicité modeste, sans chichis, ni tralala. Après la pause repas champêtre, j'ai repris le chemin de la culture ferraraise avec le célèbre Palais des Diamants, construit en 1492 par Hercule Ier d'Este. Cet édifice porte ce nom car sa façade est composé de plus de 8500 blocs de marbre taillés en forme de pointes-de-diamant. Le palais accueille la Pinacothèque nationale avec des œuvres de l'école de Ferrare du Moyen Age au XVIIIe siècle. J'ai retrouvé l'étrange Cosmè Tura, Mantegna, Gentile de Fabriano, et même un Greco. J'ai terminé la journée en me rendant à la Bibliothèque municipale, le Palazzo Paradiso, un lieu d'esprit où il est bon de se recueillir autour des livres. J'ai vu une exposition photographique sur Giorgio Bassani et Pasolini avec leurs éditions originales dans des vitrines. Le plafond de la Sala Ariosto est décoré de fresques et de médaillons représentant les fondateurs de la bibliothèque. Nommer la bibliothèque, Palais Paradis, me rappelait un phrase de Borgès : "Et j'imaginais le paradis sous la forme d'une bibliothèque". Ferrare, la secrète,  la littéraire, l'universitaire, méritait amplement une visite approfondie entre palais, églises, bibliothèques et monuments. Je relirai mieux Giorgio Bassani depuis que j'ai découvert le charme secret de cette cité médiévale hors des sentiers battus. Aucun touriste étranger dans mon escapade ferraraise ! Qu'elle conserve longtemps sa liberté de ne pas être envahie comme à Bergame !