mercredi 7 septembre 2022

Marcel Proust, "A l'ombre des jeunes filles en fleurs"

 L'année 2022, l'année Marcel Proust. J'ai relu cet été, époque propice pour des lectures longues, "A l'ombre des jeunes filles en fleurs", le tome 2 de la "Recherche du temps perdu". Publié en 1918, chez Gallimard, le roman a reçu un an après le Prix Goncourt par six voix contre quatre pour les "Croix de bois" de Roland Dorgelès. Le Narrateur est attiré par la fille des Swann, Gilberte. Les parents de la jeune fille l'invitent souvent et il rencontre pour la première fois, dans ce salon mondain, l'écrivain Bergotte, qu'il admire depuis longtemps. La jeune fille trouve le Narrateur trop envahissant et ils cessent de se voir. Deux ans plus tard, il part à Balbec avec sa grand-mère pour se soigner. Dans cette ville thermale ennuyeuse, il rencontre le neveu de Madame de Villeparisis, Saint-Loup. Ils deviennent amis et sa vie mondaine s'enrichit avec la présence de Bloch et du Baron de Charlus au comportement étrange. Le Narrateur se met aussi à rêver des "jeunes filles", une bande joyeuse et espiègle avec lesquelles, il cherche à se faire adopter. Il choisit Albertine, sa nouvelle égérie. Mais, celle-ci le repousse lors d'une tentative de séduction. Un autre personnage mythique apparaît dans le roman, le peintre Elstir qui séjourne près de Balbec. La saison prend fin et le Narrateur, quelque peu dépité, rentre à Paris. Marcel Proust raconte dans ce deuxième tome, "les intermittences du cœur", le sentiment fugace de l'amour de sa naissance à sa disparition. Mais, l'écrivain introduit aussi dans ce livre "le fracas du monde" en évoquant la visite du tsar, Nicolas II à Paris, les craintes de la guerre avec l'Allemagne, un krach boursier, l'Affaire Dreyfus, le milieu politique de l'époque. L'écrivain égrène dans son texte des réflexions sur le temps et sur l'art : "Le temps dont nous disposons chaque jour est élastique ; les passions que nous ressentons le dilatent, celles qui nous inspirons le rétrécissent, et l'habitude le remplit". Quand je relis Marcel Proust, j'aime, au détour d'une phrase, ses réflexions sur l'amour, sur l'art, sur la vie. Proust ou la passion des idées et aussi des sensations sans oublier son humour caustique sur les travers de ses personnages souvent grotesques dans leurs manières affectées. Une suite étincelante où se met en place l'univers proustien à multiple facettes. Une dernière citation pour le plaisir de l'écrire : "La vie est semée de ces miracles que peuvent toujours espérer les personnes qui aiment".