vendredi 27 mai 2016

La chasse aux trésors

Hier après-midi, j'ai vécu au rythme des livres. J'ai commencé par rendre et emprunter des documents à la Médiathèque de Chambéry. J'aime flâner pendant un bon moment du secteur romans à l'espace audiovisuel en passant par les Beaux-arts et la philosophie. Je butine dans les rayons et parfois je trouve des trésors cachés : un CD de lieder de Schumann, un opéra d'Haendel, un vieux film de Visconti, un livre sur la peinture romaine, un autre sur les portraits du Fayoun. Quand je fais une bonne récolte, je me sens comme un jardinier qui ramasse des tomates ou des roses... Ensuite, j'avais repéré un événement qui m'intéressait particulièrement : un salon de livres d'occasion, organisé par Amnesty International à la chapelle de Vaugelas. Quand je suis rentrée dans la salle, des milliers de livres de toutes sortes s'étalaient sur des tables et dans des casiers. J'ai senti monter ma fébrilité en m'adonnant à ma passion : trouver des pépites d'or sous forme d'imprimés. En farfouillant méthodiquement les tables et les casiers, j'ai trouvé un Robert Morel (Célébration du vin) qui va compléter ma collection de cet éditeur provençal. J'ai pris des "Terre Humaine", celle de "Praga magica" et celle de Jacques Lacarrière, "L'été grec", un ouvrage de Finkielkraut, "Nous autres modernes", un autre de Claudio Magris, "Microcosmes" et le 10/18 d'Irme Kertész, "Un être sans destin". Des centaines de livres de poche couvraient la moitié des tables et  avec un euro, on  pouvait en acheter trois... Je me suis dirigée vers les ouvrages scolaires et j'ai soulevé des dictionnaires et des manuels quand j'ai aperçu une "grammaire grecque complète" de Riemann et Goelzer, édité en 1933 chez Armand Colin, un Assimil du grec ancien et un sur les "Mythes grecs". Je les ai saisis avec gourmandise et avant de partir, la chance m'accompagnait, car vers l'accueil où j'allais régler ma note, j'ai vu un Mazenod que j'avais l'intention d'acquérir, "L'art grec", un ouvrage indispensable pour connaître en profondeur l'Antiquité. Cet ouvrage de luxe n'est pas à la portée de toutes les bourses comme toute la collection de cette maison d'éditions. Cette édition de 1972 que j'ai acquis pour une somme plus que raisonnable m'attendait dans la chapelle comme un signe des dieux (grecs) que j'aime beaucoup ! Je le signalais dès mon titre du billet : je suis retournée dans un esprit d'enfance avec cette chasse aux trésors, ces trésors, synonymes de livres, bien évidemment... La bouquinerie d'Amnesty se termine demain : il doit rester encore quelques livres qui espèrent être adoptés par de nouveaux propriétaires heureux... Et merci aux donateurs(trices) dont certains n'ont pas hésité à offrir des ouvrages passionnants.
 

jeudi 26 mai 2016

Rubrique cinéma

Dès que j'ai vu que le dernier Almodovar était à l'affiche à l'Astrée, je n'ai pas hésité une seconde... Et je n'ai pas été déçue, car j'ai retrouvé le Pablo Almodovar que j'aime, le conteur de drame familial, l'analyste des conflits, le cinéaste de la perte et du malentendu. Ces films loufoques et débridés avaient fini par me lasser et sa "Julieta" me réconcilie avec lui. Il appartient à la veine psychologique. Julieta, une belle quinquagénaire, range son appartement à Madrid. Elle va quitter sa ville pour suivre son compagnon au Portugal. Dans la rue, elle tombe par hasard sur une ancienne amie de sa fille Antia. On apprend que Julieta n'a aucune nouvelle d'Antia depuis une dizaine d'années. Elle l'avait effacée de sa vie mais peut-on oublier sa fille ? Cette amie lui révèle qu'elle a vu Antia en Suisse avec ses trois enfants. Cette nouvelle va provoquer son désir de la retrouver. Elle décide de rester à Madrid dans l'espoir que sa fille la recherche un jour. Elle loue un appartement dans l'ancien immeuble où elle vivait avec elle. Commence pour elle un retour sur le passé sous la forme d'un journal intime. Elle confie à Antia les circonstances de sa rencontre avec un homme, Xoan, pêcheur en Cantabrique, marié avec une femme très malade. Dans le train,  elle a refusé de parler avec un passager désespéré qui se suicidera sur la voie lors d'un arrêt. Ce drame la rapproche de Xoan et ils ont une aventure dans la nuit. Julieta poursuit sa carrière de professeur de littérature classique. Un jour, elle reçoit une lettre de Xoan lui annonçant la mort de son épouse. Elle le rejoint et s'installe avec lui, près de la mer. Ils ont une fille, Antia et leur vie de famille se déroule dans l'harmonie. Mais, un jour, Antia part en colonie de vacances. Julieta se retrouve seule et apprend que son mari, bien que toujours amoureux d'elle, a une liaison épisodique avec une amie de longue date. Il part en mer en pleine tempête après une querelle violente. Il est retrouvé noyé et la vie de Julieta bascule dans la dépression. Antia avec l'aide de son amie soutient sa mère et elles s'installent à Madrid. Mais à dix-huit ans, la jeune fille rompt les amarres car, elle accuse sa mère d'être responsable de la mort de son père. Elle ne donnera plus de signe de vie jusqu' au jour où Julieta reçoit une lettre de sa fille qu'elle croyait perdue à tout jamais... Il faut voir ce film sur les liens mère-fille, une relation complexe, fusionnelle et unique. Un film almodovarien intense et intime qui rappelle les meilleurs comme "Tout sur ma mère" et "Volver". A voir sans tarder...

mardi 24 mai 2016

"Etre ici est une splendeur"

Je regarde régulièrement Arte et je suis tombée par hasard sur une émission consacrée à une femme peintre, Paula Modersohn-Becker, que je ne connaissais pas. Marie Darrieussecq commentait  sa vie avec une passion certaine et cette émission m'a tout de suite incitée à acquérir le livre sur cette peintre. J'ai été intéressée par la vie de cette jeune femme, née à Dresde en 1876 et disparue en 1907 à Worpswede, près de Brême. Dans un article de Wikipédia, j'apprends qu'elle est une des représentantes du mouvement expressionniste de son pays. Elle fait de nombreux séjours à Paris et découvre les peintres impressionnistes, la peinture cubiste, le fauvisme et même l'art japonais. Son mariage avec le peintre Otto Modersohn s'avère une épreuve et une entrave à son art. Cette femme va trouver sa voie dans les portraits féminins, les natures mortes, les enfants, la vie tout simplement... Marie Darrieussecq n'a pas composé une biographie traditionnelle en respectant la chronologie. Sa biographie très subjective raconte la vie de Paula avec une empathie totale en utilisant l'écriture fragmentaire. En voici un exemple dès la première page : "Elle a été ici. Sur la Terre et dans sa maison." Plus loin, "Elle ne peignait pas que des fleurs", "L'horreur est là avec la splendeur, n'éludons pas l'horreur de cette histoire, si une vie est une histoire : mourir à trente et un ans avec une œuvre devant soi et un bébé de dix-huit jours". Marie Darrieussecq s'empare de Paula comme un double, une sœur en création. Elle décrit l'art de Paula, sa vie à Paris, ses relations familiales, ses amis dont le poète Rilke. Dans le JDD, Bernard Pivot remarque l'ardeur et l'admiration de l'écrivain pour Paula, "la première femme à oser se peindre nue et enceinte". Ce livre relate une belle rencontre entre deux femmes. L'une a utilisé un pinceau et des couleurs pour peindre la vie, l'autre a pris un stylo et du papier pour écrire un exercice d'admiration et de "sororité". Un beau livre et une découverte d'une artiste-femme, enfin reconnue en France. Le Musée d'art moderne de Paris propose une exposition des œuvres de Paula Modersohn-Becker jusqu'au mois d'août. Les vacances approchent : pourquoi pas une escale à Paris pour cette femme peintre ?

lundi 23 mai 2016

Retour de Vienne, 6

Pour terminer l'évocation de mon escapade viennoise, je consacre ce dernier billet à quelques découvertes dans les musées. J'ai visité, (je n'ose l'écrire), une bonne douzaine de musées en cinq jours. Parfois, je traversais quelques salles en jetant un coup d'œil et je m'arrêtais sur certains peintres pendant quelques minutes pour que ma mémoire retienne ces moments intenses. A la galerie de peinture de l'Académie des Beaux-arts (Gemaldegalerie), j'ai admiré quelques Rembrandt toujours aussi émouvants, et surtout, le Tryptique du Jugement dernier de Jérôme Bosch (1450-1516). Or, quand j'ai atteint la dernière salle, une cinquantaine de touristes allemands ou autrichiens, monopolisaient l'espace et la toile tant convoitée. Le conférencier s'éternisait dans ses explications certainement passionnantes à suivre. Mais j'étais désappointée car je voulais m'approcher de la toile pour décrypter tous les détails fantastiques du Tryptique. J'ai attendu que la conférence se termine et j'ai même attiré l'attention vraiment compatissante d'une employée du musée qui voulait me ménager une place devant les visiteurs du conférencier. Quelle gentillesse !Quand ils ont enfin libéré la place, j'avais le tableau devant mes yeux : un univers dantesque et fantasmagorique de personnages loufoques aux formes variées comme cette grosse tête à deux pieds, un homme-couteau, des hommes torturés par le diable, etc. L'imagination débordante et fantaisiste de Bosch, ce Flamand primitif, est absolument unique dans notre culture européenne et "visiter" ses toiles à Madrid, Berlin, Venise, Bruxelles, me procure toujours un sentiment d'admiration intense pour ce raconteur en images de l'Enfer et du Paradis. Après Bosch, j'ai eu la bonne surprise de voir des toiles du peintre surréaliste de la Renaissance, Arcimboldo,  au Kunsthistoriches Museum. Il compose ses tableaux à base de fruits, de légumes, de poissons, et même de livres pour former le portrait d'un bibliothécaire... Une œuvre originale et très ludique. J'ai consacré ma dernière journée dans le Neue Burg en renouant avec ma passion antiquisante  au musée d'Ephèse, ma passion de la musique au musée des instruments de musique et ma passion de l'écriture au musée des Papyrus. Avant de rejoindre l'aéroport, j'ai déjeuné au Café central en compagnie de l'écrivain viennois, Peter Altenberg, égérie de ce lieu littéraire et succulent. Je me suis sentie au cœur de l'Europe à Vienne et cette ville fait partie de mon palmarès des plus beaux lieux que j'ai visités dans ma vie de "voyageuse" culturelle...

vendredi 20 mai 2016

Retour de Vienne, 5

Chaque capitale européenne met à l'honneur des "icônes" artistiques et historiques. Vienne en a choisi plusieurs : Sissi et François-Joseph, Mozart, Beethoven, Schubert, Freud pour ne citer que les plus connus. Mais deux peintres dominent le monde de l'art viennois : Gustav Klimt et Egon Schiele. L'Albertina et le Leopold Museum regroupent de nombreux tableaux de ces peintres du mouvement des Sécessionnistes, proches des Symbolistes. Ces artistes voulaient régénérer l'art en s'ouvrant à la modernité. Ils voulaient libérer l'individu et faire ressentir les sensations du corps.  Ce tournant radical permet à ces créateurs d'introduire dans leurs tableaux des scènes d'une intimité déchirante. Klimt célèbre les femmes, l'amour, la floraison et la fragilité de la vie. Il utilise l'or doré dans ses toiles pour symboliser l'extase religieuse mais surtout amoureuse (il eut de nombreuses liaisons et de nombreux enfants non reconnus...). Les mosaïques de Ravenne l'avaient influencé lors d'un voyage et comme tous les grands peintres, l'héritage des anciens se poursuit dans les œuvres des modernes. Il ne surtout pas manquer la frise dite de Beethoven installée dans un bâtiment Art nouveau reconnaissable à son dôme d'or, formé de feuilles stylisées. Son petit frère en art, Egon Schiele, est mort très jeune de la grippe espagnole en 1918. Il laisse une œuvre déchirante où il a peint son propre désespoir en différents autoportraits. Ses toiles peuvent même procurer un certain malaise tant elles crient le malaise de vivre où les pulsions de mort sont mises en scène avec une crudité dérangeante. Quand on se retrouve devant ses tableaux, la compassion accompagne l'admiration que l'on peut éprouver pour ce peintre en proie à ses plus sombres penchants. Tous les musées ouvrent de 10H à 18H mais offrent une fermeture plus tardive une fois par semaine (20H) et c'est souvent agréable de s'y rendre à ces heures là où il y a moins de monde. Je ne citerai pas toutes les toiles que j'ai vues : de Van Gogh à Picasso, de Chagall à Braque, de Giacometti à Modigliani, et pour ceux qui aiment l'art moderne, une étape viennoise est un vrai régal, des gourmandises de l'esprit aussi substantielles que les desserts viennois... Je terminerai par évoquer les toiles géantes d'Anselm Kiefer, exposées à l'Albertina. J'ai découvert cet immense artiste à Berlin et j'étais heureuse de le retrouver à Vienne...    

jeudi 19 mai 2016

Retour de Vienne, 4

Les musées de Vienne représentent dans l'ensemble une offre culturelle immense, digne de Londres et de Berlin. Mais, il existe aussi des sites beaucoup moins fréquentés par les touristes (surtout Japonais à Vienne) mais qui possèdent un charme fou. Pour ma part, je me suis toujours intéressée aux maisons, révélatrices de secrets. J'ai commencé par celle de Freud, située au 19, Berggasse, adresse célèbre et vénérée par les psychanalystes du monde entier et des lecteurs de son œuvre. Le "médecin des âmes" a vécu au 19 Berggasse pendant 47 ans, de 1891 à 1938. Dès l'entrée de l'immeuble, j'ai remarqué les vitres décorées et les escaliers en pierre. L'imagination se met à palpiter d'émotion en pensant à Sigmund Freud, le gardien du lieu. Un modeste appartement bourgeois nous attend dans toute sa simplicité : l'entrée, la salle d'attente et le bureau du docteur. Il reste peu d'objets et de meubles car Freud s'est réfugié à Londres en emportant son divan en 1938 avec l'aide de Marie Bonaparte. J'ai remarqué dans les vitrine de l'exposition, ses sacrés cigares, ses objets de toilette, sa collection d'antiquités, des photos de famille, de ses amis. Quand j'ai vu son fauteuil dans un coin, j'ai rêvé de Freud dans ses activités d'écrivain et de psychanalyste. Un calme remarquable règne dans cet appartement à double vitrage. Une bibliothèque de 25 000 ouvrages de psychanalyse est seulement accessible aux chercheurs. Je suis repartie avec un sentiment de gratitude envers ce découvreur de l'inconscient, de l'interprétation du rêve, de la cure analytique, clé du mystère de soi enfin dévoilé... J'ai regardé un film de sa fille Anna quand le docteur Freud est exilé à Londres, affaibli et malade (il était atteint d'un cancer de la mâchoire), mais entouré avec sollicitude des siens et de ses amis. Un rendez-vous émouvant et fort dans ce séjour. Le lendemain, j'ai voulu aussi aller à la rencontre de Schubert, un de mes compositeurs préférés. "Vivre sans musique me semble une erreur" écrivait Nietzche et j'ai donc entrepris un pèlerinage musical en pénétrant dans la demeure de ce grand Viennois, mort à 31 ans en 1828. Rentrer dans l'intimité de ce musicien génial n'est pas banal. Dans une vitrine, ses lunettes nous regardent avec intensité,  des tableaux et ses partitions racontent son passé familial. Cette maison d'enfance du musicien montre son origine modeste et ses partitions, son piano, des estampes, des tableaux de famille accentuent l'ambiance romantique et mélancolique... Deux sites émouvants, deux créateurs indispensables, l'un pour réparer le mal-être et l'autre pour l'apaiser...

mercredi 18 mai 2016

Retour de Vienne, 3

Vienne et le Baroque : je ne pouvais pas faire l'impasse sur ce mouvement artistique qui se manifeste partout dans le centre-ville : fontaines en marbre, palais fastueux, façades en stuc doré, fresques colorées sous les voûtes des passages, présence du marbre, décorations florales dorées. Les Viennois voulaient mette en scène et fêter leur foi chrétienne. Ils s'inspiraient évidemment de leur proche voisin, l'Italie. Deux institutions symbolisent l'esprit baroque de Vienne : la Bibliothèque nationale d'Autriche (Nationalbibliothek) et la Karlskirche. Je ne pouvais pas éviter la bibliothèque, située dans le Hofburg car les guides indiquaient bien qu'elle fait partie des plus belles institutions baroques au monde. Charles VI l'a commandée en 1726 et sa statue trône au milieu de la salle d'apparat que l'on appelle la Prunksaal. Près de 200 000 livres anciens, tous reliés en cuir, habillent les murs et les plafonds ont été peints par Daniel Gran à la gloire de l'empereur. Des superbes globes terrestres illustrent l'esprit encyclopédique du XVIIIe siècle. En tant qu'ancienne bibliothécaire, je ne pouvais qu'admirer cette bibliothèque splendide. On pouvait prendre des photos car j'avais été frustrée de ne pas saisir ces images du savoir à l'Escurial et à Coimbra. Mon Lumix s'est donné à cœur joie en figeant pour l'éternité ces étagères où des livres nourrissaient l'esprit des lecteurs. Des escaliers en bois permettaient d'atteindre les volumes les plus hauts et des meubles bas étaient disposés pour recevoir des atlas gigantesques. Une visite indispensable et émouvante pour les amoureux des livres dans cet écrin magnifique. La deuxième surprise est venue de l'église Saint-Charles, le plus beau sanctuaire baroque de Vienne. L'architecte Fischer Von Erlach a bâti ce lieu de culte au XVIIIe siècle pendant 25 ans et son fils a terminé son œuvre. J'ai pris un ascenseur intérieur pour atteindre le dôme et j'ai grimpé pas mal de marches (un exercice sportif de haute volée...) pour me retrouver au sommet de l'édifice. Les fresques de Daniel Gran étaient à vingt centimètres de mes yeux... Une expérience unique pour contempler les angelots grassouillets, les personnages bibliques et les madones en pamoison extatique... Le Baroque mérite bien sa définition : un art de la démesure, des contrastes, de la profusion et des couleurs chaudes, des formes biscornues pour une exaltation des sens et de l'esprit. Vienne témoigne à merveille de cet art exubérant et finalement, très vivant.

mardi 17 mai 2016

Retour de Vienne, 2

J'aime remarquer les petits détails de la vie quotidienne quand je voyage. La vie à l'hôtel nous apprend déjà les coutumes du petit-déjeuner où le salé est à l'honneur... J'ai acquis un billet hebdomadaire pour emprunter tramway, métro, bus et j'ai démarré ma journée avec le "must" de Vienne à mes yeux, le Kunsthistoriches Museum, le musée de l'histoire de l'art, "témoin du mécénat averti des Habsbourg" regroupant les collections d'art de l'empire austro-hongrois en 1891. Dès que l'on pénètre dans le hall d'entrée, l'architecture intérieure impressionne le visiteur. Je voulais surtout admirer la collection des antiquités grecques et la galerie de la peinture européenne. Je ne savais plus où poser mes yeux quand j'ai découvert les vases de Tanagra, les statuettes votives, les portraits du Fayum, les objets de la vie quotidienne, les sculptures en marbre, les statues hiératiques, les bas reliefs, etc. Ces richesses provenaient des collections privées des Habsbourg et ont été regroupées dans cet espace monumental. J'ai aussi vu des Cranach, Vermeer, Le Caravage, et une dizaine de Brueghel l'Ancien dont la célébrissime "Tour de Babel". Pour "digérer" un tel festival de beauté autour de soi, je me suis offert une pause "pâtisserie" vers midi dans un salon magnifique, installé au cœur du musée. Après cette visite incontournable, je me suis promenée dans un quartier charmant, le Spittelberg, où des étudiants dessinaient dans la rue dans un calme parfait. Je me suis dirigée vers le Mumok, un musée d'art contemporain pour contrebalancer l'art ancien. J'ai constaté que je basculais dans le XXIe siècle. Quelques toiles du peintre viennois, Egon Schiele, étaient présentées dans une salle mais je reviendrai sur ce peintre plus tard. Pour terminer ma deuxième soirée, j'ai assisté à un concert de lieder de Rubinstein, Schumann et Schubert, interprétés par le baryton Jéremy Appl, accompagné au piano. La musique classique est vraiment appréciée à Vienne car au Konzerthaus, je me suis mêlée aux Viennois et je n'ai entendu aucune langue étrangère... Les fantômes de mes compositeurs préférés se promenaient dans les couloirs et se sont assis à mes côtés pour écouter ce chanteur lyrique à la voix chaude et profonde... Et comme le veut la coutume du pays, j'ai fini ma soirée dans un café viennois, le Bellaria, où j'ai choisi une soupe avec une boulette de foie (pas terrible, j'avoue) et un dessert typique recommandé par le serveur, le Kaiserschmarren, une crêpe épaisse coupée en morceaux et accompagnée d'une compote de prunes...

lundi 16 mai 2016

Retour de Vienne, 1

Le lundi 9 mai, en fin d'après-midi, sous un soleil doré, je me suis retrouvée devant le Parlement autrichien car mon hôtel, "La Pension Wild" (que je recommande pour sa localisation centrale et son prix modique) se situait dans le centre ville. Il m'a suffi de descendre deux rues pour ressentir l'atmosphère viennoise : des rues aérées, des avenues boisées, une voie pour les vélos, des piétons tranquilles, des espaces verts visibles, un air non pollué, un tram rouge circulant dans le "Ring" (ce boulevard circulaire encercle le centre historique). Vienne a été classée la première ville en Europe où il fait bon vivre. Ce bien vivre, je l'ai vu dans les trams, dans l'élégance vestimentaire des Viennois, dans l'architecture classique, baroque et Art nouveau des immeubles. Evidemment, je me suis retrouvée dans le quartier des Ministères et des Musées en remarquant ce calme, cette tranquillité que j'ai rarement rencontrés dans les capitales européennes visitées, surtout en revenant de la fébrile Naples. J'ai lu dans les guides, l'empreinte essentielle des Habsbourg, dynastie impériale régnant du XIVe au début du XXe siècle. Vienne se transforme en capitale des arts et devient même le cœur de l'Europe. En arpentant cette ville, j'avais l'impression de vivre dans les temps anciens comme à Amsterdam ou à Venise. La modernité a fait irruption au XXe siècle avec le mouvement "Sécession" et tous les styles s'entremêlent avec bonheur. J'ai traversé le quartier Hofburg en longeant les appartements royaux, les statues équestres, les calèches pour les touristes amoureux d'une cité kitsch où les valses de Vienne et le destin tragique de Sissi font pleurer les âmes sensibles... Malgré cette exploitation commerciale, l'architecture grandiose de cet espace muséal ne laisse pas indifférent. J'ai fait quelques centaines de mètres pour retrouver un lieu intimiste et adorable, le parc Burrgarten, un havre de paix  et de sérénité où je me suis recueillie avec gratitude devant le monument dédié à Mozart. J'ai pris l'apéritif sur une terrasse du restaurant Palmenhaus, logé dans une serre aux palmiers et aux papillons... Un lieu d'un charme inouï. J'ai fini ma première journée dans un café viennois, le Griensteild où mes amies et moi avons dégusté les plats locaux : une Wiener schnitzel, l'escalope viennoise au veau, un mets succulent à savourer quand on a un bon appétit. Mon séjour a vraiment bien démarré !

samedi 7 mai 2016

Escapade à Vienne (Autriche)

Je poursuis ma "collection" des grandes villes européennes, car, j'avais décidé, quand je serai à la retraite, de découvrir toutes les capitales et les grandes cités de notre Europe. J'avoue que mes projets de voyage sont vraiment orientés sur notre continent, car je ne supporte pas plus de quatre heures d'avion. Peut-être que je m'envolerai un jour pour New-York, mais, pour le moment, je me "contente" de courtes distances. Une célèbre compagnie d'aviation propose des tarifs formidables pour partir et souvent, le parking de l'aéroport me coûte plus cher que les billets aller-retour de mes destinations... La semaine prochaine, je m'embarque pour Vienne et j'ai déjà le planning de mes visites : plus d'une dizaine de musées, des palais, le Belvédère, les cafés, les églises, les places... En lisant le Routard sur Vienne, le cartoville de Gallimard et le guide Voir de Hachette, j'ai tout de suite été séduite par l'offre extraordinaire de sites à visiter. Quelques éléments culturels m'ont conquise dès le départ : la richesse des musées, l'architecture de la ville ancienne, le mouvement Art nouveau, la littérature autrichienne, les grands peintres de la Sécession, les figures emblématiques de Freud, de Mozart, de Schubert, de Beethoven. Je ne manquerai pas d'aller visiter le mémorial des Juifs de Vienne, et aussi le carré des musiciens au cimetière central. Je vais donc entamer un pèlerinage dans une ville superbement culturelle. Pour affiner mes connaissances, j'ai lu plusieurs documents sur l'histoire de la ville. J'ai même trouvé un beau livre sur "Stefan Zweig et Vienne", paru aux éditions du Chêne en 2000. J'ai déjà repéré la maison où est né cet écrivain autrichien, toujours lu, toujours aimé et dont la vie a fini tragiquement au Brésil en se suicidant avec sa compagne. Pour partir, j'ai toujours un ouvrage fétiche que j'emporte dans mon sac et j'ai choisi "Vienne au crépuscule" d'Arthur Schnitzler, (1862-1931), ami de Freud et de Zweig. Je m'absente une semaine et je conterai, dans mon blog, mon périple viennois dès mon retour.

vendredi 6 mai 2016

Hommage à Imre Kertesz et à Jim Harrison

Ces deux écrivains n'ont rien en commun, seule leur disparition les unit dans l'au-delà. Imre Kertész était l'un des derniers survivants d'Auschwitz. L'écrivain hongrois avait obtenu le prix Nobel de littérature en 2002 et cette récompense prestigieuse avait permis à de nombreux lecteurs de découvrir cette œuvre essentielle pour appréhender la condition concentrationnaire. Son récit autobiographique, "Etre sans destin", publié en 1998, relate son expérience, à l'âge de quinze ans, de sa vie dans un camp nazi. Il a mis une dizaine d'années pour écrire ce chef d'œuvre qui marquera des générations de lecteurs comme l'inoubliable "Si c'est un homme" de Primo Lévi. Dans l'article nécrologique du journal "Le Monde", Florence Noiville écrit : "A travers tous ses livres, tous traduits chez Actes Sud, dont "Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas", "Le Refus", "Journal de galère", "Le Chercheur de traces", l'écrivain se présentait comme quelqu'un qui, du nazisme au stalinisme, aura accumulé suffisamment de savoir intime sur la dictature, pour la traduire en une expérience créatrice". L'écriture, pour cet écrivain majeur du XXe siècle, est aussi "un acte de résistance profondément éthique". Il avait lui-même dit : "Je peux dire peut-être que, cinquante après, j'ai donné forme à l'horreur que l'Allemagne a déversée sur le monde (...) que je l'ai rendue aux Allemands sous forme d'art". Il faut donc lire Imre Kertész, un témoin extraordinaire de la Shoah et un humaniste pour qui la littérature était sa planche de salut. Quant à Jim Harrison, j'avais aimé son roman culte, "Dalva", qui relatait la vie d'une jeune femme, qui a 16 ans, tombe amoureuse d'un  homme Sioux dont elle a un enfant qu'elle doit abandonner. Ce roman "typiquement" américain a lancé cet écrivain publié chez Bourgois. Beaucoup de lecteurs connaissaient son physique de bucheron de l'Ouest américain, son goût très prononcé pour le très bon vin rouge du Luberon, pour le grand air et les vastes espaces. Cet écrivain sensuel, original, puissant transmettait une énergie en le lisant. Deux écrivains nous ont quittés récemment et comme je les avais rencontrés à travers leurs livres, je tenais à leur rendre hommage. Heureusement, ils sont vivants grâce à la littérature.

jeudi 5 mai 2016

Revue de presse

Je suis abonnée au Magazine littéraire et quand je le reçois, je le dispose sur la petite table de salon. Dès que j'ai un peu de temps, je lis un article selon mes intérêts du moment. Il m'arrive même de le délaisser pendant des mois et je reprends un numéro dans ma pile car je les conserve depuis des années. Mon goût des archives littéraires ne s'épuise pas et j'ai plusieurs étagères consacrées à ces publications. Quand je compose un billet sur un roman ou un essai, je feuillette les sommaires pour retrouver la trace d'une critique et, souvent, je lis des articles qui ne concernent pas ma recherche précise. Quand on aime la littérature, on ne peut pas se passer de ces outils, médiateurs entre les écrivains et les lecteurs. En avril, la revue a proposé un grand et excellent dossier sur les féministes : "Où en sont les féministes ? De Christine de Pisan et Olympe de Gouges à Hélène Cixous et les Femen". J'ai surtout retenu un article sur le mal français, cette neurasthénie politique et intellectuelle de l'Hexagone qui étreint nos compatriotes, toujours stupéfiés par les attentats de 2015. Trois essais décrivent cette "dépression" sociale : "Comprendre le malheur français" de Marcel Gauchet, "Contre la bienveillance" d'Yves Michaud et "Malaise dans la démocratie" de Jean-Pierre Le Goff. Ces ouvrages seront en tête de liste dans mon été que je prévois stimulant en lectures... La revue du mois de mai évoque à mon grand étonnement les "écrivains et leurs séries cultes", une révolution dans ce type de revue. Alexis Brocas écrit : "Les séries sont d'authentiques romans en images". Certains auteurs sont devenus des scénaristes de séries, et les intrigues se complexifient et s'approfondissent. Des articles analysent la naissance de ces films à épisodes et douze écrivains dévoilent leurs préférences pour "Homeland", "Games of Thrones", "Top of the lake", "Fargo", "House of Cards", etc. La revue évoque aussi Annie Ernaux, Pierre Lemaître et Caryl Férey. Après avoir lu ce dossier sur les séries, j'ai décidé de signaler dans ce blog, celles que je regarde avec un très grand plaisir... Je suis aussi abonnée à la revue Lire qui met à l'honneur Stefan Zweig, Raymond Depardon et toutes les critiques concernant les nouveautés du printemps. Ces revues littéraires m'apportent toujours des idées de lecture. Il ne me reste plus qu'à rentrer dans une librairie ou dans une bibliothèque pour ouvrir les ouvrages recommandés et vivre toujours ces moments heureux au milieu des livres... 

mercredi 4 mai 2016

"Freud"

Depuis que j'assiste à un cours de philosophie, je commence à lire des "documentaires" comme on qualifiait ces ouvrages dans les bibliothèques. Daniel, notre professeur, stimule notre "intellect" et surtout, notre curiosité. Je rends souvent visite à l'encyclopédie collaborative, Wikipédia, pour chercher des informations sur des philosophes, des sociologues, des historiens, etc. Dans son cours, nous avons abordé une des plus grandes figures de la pensée, je veux parler de Freud. J'avais aussi conseillé dans un atelier de lectures quelques biographies dont celle du psychanalyste. Un biographe devient un médiateur pédagogique et l'approche de l'œuvre par ce biais-là, rend la découverte plus facile. J'ai lu dans cette logique, la biographie de Sigmund Freud, publié en 2006 dans la très bonne collection Folio de Gallimard. Après un grand nombre d'ouvrages sur Freud, René Major et Chantal Talagrand n'ont pas composé une biographie linéaire et factuelle. Ils ont réussi à décrypter les thèses psychanalytiques dans un vocabulaire accessible en évitant le jargon obscur et hermétique du freudisme. Parallèlement, ils évoquent la vie de Freud, ses origines, sa famille, ses amis, ses voyages et ses ennuis de santé. Chaque œuvre écrite est analysée dans son contexte intellectuel et tous les cas traités par Freud, constituent des micro-histoires révélatrices de la cure psychanalytique. Je ne vais pas résumer les notions essentielles, car cet exercice d'explication me semble impossible à faire. Il vaut mieux lire cette biographie lumineuse d'intelligence et de culture. Je vais bientôt partir à Vienne et je ne me réjouis à l'avance de la visite du Musée de Freud où m'attend même une exposition sur "les femmes et la psychanalyse". Je citerai une phrase de ce philosophe de l'âme humaine : "J'ai passé une grande part de ma vie à travailler à la déconstruction de mes propres illusions et celles de l'humanité". En ces temps sombres où terrorisme et religion se liguent contre un monde de la raison et de la démocratie, relisons "L'avenir d'une illusion" et "Le malaise dans la civilisation". Freud nous a appris que l'homme "n'est pas maître de sa propre maison". Quand on essaie de comprendre le monde, la grille "Freud" fonctionne et permet de trouver des explications à "l'impensable". Je vais donner à ce petit Folio inédit, une place majeure dans ma bibliothèque...  

mardi 3 mai 2016

"Place Colette"

J'ai ouvert par hasard un roman de Nathalie Rheims, "Place Colette", acquis par la Bibliothèque de Brassens. Cela faisait longtemps qu'un livre ne m'avait autant dérangée par son sujet. Pourtant, la littérature traite souvent de sujets délicats, voire sulfureux. Dans ce roman-récit, Nathalie Rheims met en scène une jeune adolescente de treize ans, fille d'un Académicien très connu à l'époque. Dans ces années 60, notre jeune fille de grande famille parisienne se prélasse dans une bergerie en Corse, fréquentée par les célébrités du moment. On a même droit à la présence de la chanteuse la plus guimauve de son temps, la populaire Dalida. Cette Lolita tombe amoureuse d'un comédien, un certain Pierre de la Comédie Française. Ils ont trente ans de différence. Elle est folle de ce bel homme et comme elle vit dans ce milieu, elle le rencontre dans sa loge et lui demande des conseils. Jusque là, je lisais avec curiosité ces pages sur une adolescente fantasque, dérangée et mal aimée des siens. La dénonciation de l'hypocrisie sociale et du snobisme de classe me semblait justifiée. Mais, quand elle relate plus loin sa relation physique avec ce Pierre, troublé par cet amoureuse juvénile, le malaise grandit au fil des pages. Ils se voient en secret et lui, malgré quelques hésitations, l'utilise pour son bien être sexuel personnel... Le tabou de la pédophilie est éclipsé car l'auteur maquille cette histoire en initiation amoureuse. Elle aime ce Pierre (complétement immoral) et parallèlement, elle se lance à corps perdu (c'est le cas de le dire) dans le théâtre, cette passion compense sa lubie passionnelle. Drôle de roman, dérangeant mais, pourtant bien écrit. Il fallait oser raconter cette histoire lubrique et invraisemblable où l'insolence de cette grande fille scandaleuse, trop tôt vieillie par une maladie infantile et trop isolée dans un milieu parisien, superficiel et hypocrite, laisse le lecteur pantois...

lundi 2 mai 2016

Rubrique cinéma

Je suis allée voir cet après-midi, "Par amour", du cinéaste Giuseppe Gaudino avec Valeria Golino. Mon choix s'est porté sur ce film italien pour cette seule et bonne raison : l'histoire se déroule à Naples et je voulais retrouver l'ambiance volcanique de cette cité unique. J'avoue que je n'avais lu aucune critique, ni recommandation et je n'ai pas été déçue... Les premières images en noir et blanc montrent une femme dans la quarantaine, travaillant à la télévision comme script. Ce contrat la rend heureuse. Elle se laisse même séduire par le personnage bellâtre de la série en tournage. Entre son lieu de travail et son foyer, Anna se débat sans cesse. Elle se retrouve dans sa famille entre ses deux filles et son fils handicapé sourd et muet. Le mari, un ancien acteur, a renoncé à sa carrière pour nourrir sa famille. Ils adoptent le langage des sourds-muets pour communiquer entre eux et semblent heureux.  Anna s'occupe aussi de ses vieux parents, malades et dépendants. Son épuisement physique et son moral en berne la fragilisent et elle se met à rêver d'amour. Elle accepte une invitation de l'acteur en question et noue une relation amoureuse un peu risquée pour elle. Sa naïveté l'empêche de voir la réalité. Mais, elle comprend par petites touches que son mari est devenu l'usurier du quartier et quelques familles sont délogées. Cet homme d'un machisme répugnant la bat devant ses propres enfants. Anna se rebelle enfin et dénonce ses trafics à la police. On apprend aussi à la fin que l'acteur énamouré devait l'éliminer pour éponger ses dettes contractées avec lui. Ce film ne se "lit" pas comme une histoire linéaire et réaliste. Beaucoup de scènes reviennent en couleurs symbolisant les souvenirs de son enfance. On voit aussi des images oniriques de la mer et du Vésuve dans une tempête menaçante. Anna finira par voler de ses propres ailes, au sens propre dans la scène finale étonnante et réjouissante. Ce film raconte un drame familial et social, illustré par des images baroques et surréalistes. Il faut dire que l'on retrouve cette folie napolitaine avec la religion ultra-présente dans la vie quotidienne. Une scène pleine d'humour révèle cet aspect cocasse entre la mère et Anna autour d'un crâne adopté comme une relique ! Un portrait original et fort d'une femme noyée dans ses problèmes mais qui finit par surnager et même s'envoler dans un acte de liberté d'un courage inouï...