vendredi 15 avril 2016

Retour de Naples, 6

Je ne suis pas encore revenue de Naples, tellement tous mes sens et toutes mes références culturelles clignotaient sans cesse. Il faut bien que je revienne dans ma réalité française mais j'ai le cœur et la tête près du Vésuve. Je vais entreprendre la séquence archéologique avec l'évocation des trois sites majeurs antiques que j'ai dévorés du regard. J'ai découvert Herculanum, situé à 15 kilomètres de Naples après avoir pris le circumvesuviana, le train de banlieue me conduisant aux deux sites archéologiques. Il faut bien deux bonnes heures pour Herculanum et le double pour Pompéi. On peut même passer des journées entières dans ces deux cités. La première petite ville de 5 000 habitants à l'époque romaine a subi le même sort que Pompéi. Le Vésuve a déversé en 79 après J.C. de 12 à 19 mètres de lave, figeant son existence. Les maisons sont mieux conservées après seize siècles d'oubli. Une grande partie de peintures, fresques et objets se trouvent au musée de Naples. Comme je m'intéresse à la vie des livres, j'ai appris que les archéologues avaient retrouvé les papyrus dans une bibliothèque. Ces documents inestimables encore déchiffrables malgré la lave comprenaient de nombreux écrits du philosophe épicurien Philodème de Gadara, (1e siècle avant J.C.), ami de Cicéron, de Virgile et d'Horace. On visite les maisons significatives ouvertes au public et j'ai eu de la chance en me retrouvant souvent seule devant des fresques émouvantes : des silhouettes animales, des décorations florales, des portraits, des dieux, etc. Le plan détaillé donne le vertige à tous visiteurs consciencieux : la maison d'Argos, les tavernes, les thermes, les patios, les autels dédiés aux dieux du foyer, les Lares, la maison d'Aristide, celle de Neptune et bien d'autres. Pour visiter Herculanum, j'avais un plan mais j'ai préféré me balader librement et rentrer dans ces espaces en cherchant des yeux les fresques et les mosaïques sauvées par l'éruption du Vésuve. J'ai pensé à tous les habitants de cette petite cité en imaginant leur vie quotidienne, leurs rites religieux, leurs façons de vivre. Voir de près ces vestiges donne une impression d'éternité, de passerelle entre nous et eux, ces femmes et ces hommes qui, deux mille ans avant, nous ressemblent et nous fascinent. Une fraternité retrouvée au delà des siècles... Herculanum m'a préparée pour Pompéi...