mardi 10 mai 2011

10 Mai 1981-10 Mai 2011

Cela fait trente ans : en 1981, le 10 mai, explosion de joie pour le "peuple de gauche", anniversaire nostalgique pour penser à François Mitterrand et la victoire de la gauche unie. J'avais moi-même trente ans et j'ai célébré chez des amis cet événement extraordinaire tellement on se sentait exclu du pouvoir politique. La contestation, l'opposition, les manifestations, les pétitions, c'était la gauche, de l'extrême à la social-démocrate. Et, on gagna la présidentielle : un choc culturel avant tout tellement on avait pris l'habitude de vivre avec la droite gaullienne, pompidolienne et giscardienne. Maintenant, qu'est-ce qu'il reste de cet héritage de gauche pour moi : l'abolition de la peine de mort, la retraite à 60 ans (je suis partie à temps !), la cinquième semaine de congé, la dépénalisation de l'homosexualité, et tant de réformes sociales après avec Lionel Jospin comme la parité homme-femme, les 35 heures... Le quotidien Libération met dans sa une un hommage à cet esprit de la gauche victorieuse... Ce que je retiens aussi en ma qualité d'ex-libraire et d'ex-bibliothécaire : le prix unique du livre qui a permis de sauver des centaines de librairies en France et le développement de la lecture publique en France. Une des grandes révolutions silencieuses de la gauche, c'est donc la construction de nouvelles bibliothèques dans toutes les communes de France pendant les deux mandats de Mitterrand dont on parle très peu. J'étais concernée en premier lieu car j'ai participé à la construction de trois bibliothèques et ma fonction de bibliothécaire est née d'un décret dans les années 80 quand l'Etat aidait les communes à financer des postes pendant deux ans à hauteur de 50 %. Merci à Jack Lang ! La culture devenait une priorité pour le gouvernement. C'était la belle époque pour le livre et l'écrit ! Mitterrand a laissé sa marque aussi, une marque "pharaonique" en décidant la construction de la Bibliothèque Nationale de France et je me souviens de son air gourmand et heureux quand il annonca cette nouvelle un 14 juillet. Pour lui, il était évident que lire et se cultiver étaient des actes émancipateurs et civilisateurs. J'ai visité la BNF avec le souvenir d'un Président qui aimait les arbres comme il aimait les livres... Dans sa forêt landaise comme dans les librairies qu'il fréquentait souvent, je l'imaginais apaisé comme Ulysse retrouvant Pénélope à Ithaque... Trente ans après, quel est l'homme ou la femme politique qui participerait à un Apostrophes ? Qui parlerait de ces écrivains préféres sans se ridiculiser ? Tout le monde s'en moque aujourd'hui... Nostalgie d'une époque civilisée où la littérature était appréciée par le plus grand de nos représentants républicains. Respect et gratitude pour ma part : il ne faut pas oublier les décisions politiques de l'ère Mitterrand qui ont changé la vie de millions de citoyens...