vendredi 7 février 2014

"La discrétion ou l'art de disparaître"

Pierre Zaoui, l'auteur du livre, "La discrétion ou l'art de disparaître", enseigne la philosophie à Paris VII. Il a écrit un ouvrage sur Spinoza et un essai très remarqué dans la presse, "La Traversée des catastrophes". Dans son dernier opus qui se lit sans trop de difficultés, il aborde un sujet très intéressant et peu traité dans la littérature : la discrétion. Dans la présentation que l'éditeur propose en couverture, on peut lire ce résumé : "Dans une société qui valorise le paraître et les confessions à grand spectacle, la discrétion est une forme heureuse et nécessaire de résistance. Plaisir baudelairien de flâner anonymement parmi la foule, joie silencieuse de regarder son amour dormir ou ses enfants jouer sans qu’ils remarquent notre présence, soulagement de voir s’éloigner enfin le désir de triompher : loin de la dissimulation, du calcul prudent, ou de la peur d’être vu, l’âme discrète offre une juste présence au monde." Pierre Zaoui évoque les grands discrets de la littérature, de Kafka à Blanchot, de Deleuze à Virginia Woolf et Walter Benjamin, pour cerner cette expérience "rare, ambiguë et infiniment précieuse".  Je vais surtout citer Pierre Zaoui dans ce passage à méditer quand on traverse une période délicate entre parent-enfant : "N'est-ce-pas la seule façon d'aimer ses enfants que de ne s'y attacher et de les élever que pour mieux les laisser partir et les laisser vivre leur vie propre dans le juste oubli de leur filiation tandis que de son côté on se contentera de se demander jusqu'au bout comment ils vivent mais en posant de moins en moins de questions, en se manifestant de moins en moins, en les confiant simplement à leur liberté ?" Lire une phrase de cette dimension vaut toute la lecture parfois complexe de ce livre, édité chez l'éditeur Autrement dans la collection "Les grands mots"...