lundi 8 mars 2021

Le 8 mars, un seul jour pour les femmes

 Le 8 mars, a lieu la Journée internationale des droits des femmes. A l'origine, de nombreuses manifestations de femmes ont éclaté au début du XXe en Europe et aux Etats-Unis. Elles réclamaient des meilleures conditions de travail et le droit de vote. L'ONU a commencé à célébrer la Journée internationale des femmes en 1975. Cet événement est devenu au fil du temps une date que les médias évoquent encore avec une certaine prudence. Que veulent-elles encore après cinquante ans de lutte ? Elles ont obtenu des gains incontestables : indépendance économique, contraception et droit à l'avortement, égalité salariale dans la loi, liberté de choisir sa sexualité, etc. Des conquêtes inimaginables pour nos ancêtres du XIXe et du début du XXe ! Le compte semble bien positif en ce début du XXIe siècle. Mais, il y a toujours des "mais" : les féminicides (une femme tuée tous les deux jours par leur conjoint), des inégalités sociales, des violences sexuelles, l'harcèlement dans la rue, etc. Pour comprendre la lutte des femmes, la revue Philosophie magazine propose un numéro hors-série, "La puissance des femmes" qui présente un panorama historique sur le féminisme. Depuis les origines de l'humanité, des femmes célèbres et inconnues ont joué un grand rôle non reconnu : les oubliées de l'Antiquité comme la mathématicienne Hypatie, victime de l'obscurantisme chrétien, les hérétiques du Moyen Age et de la Renaissance avec les guérisseuses, les mystiques, les sorcières. Puis, arrivent, de l'âge classique à la Révolution industrielle, les Universalistes, héritières des Lumières avec Olympe de Gouges en particulier, autrice de la Déclaration des Droits de la Femme. Et au XXe, les Révolutionnaires émergent comme Rosa Luxemburg qui articule sa lutte avec ses frères marxistes et les Libératrices suivent avec Simone de Beauvoir et Elisabeth Badinter. La revue compose un tableau très parlant sur les vagues que produisent les luttes féministes. Autant, j'ai suivi les vagues précédentes, autant je n'arrive plus à nager dans la dernière vague contemporaine. Un entretien avec l'universitaire Isabelle Stengers m'a vraiment éclairée : elle parle d'intersectionnalité, de féminisme décolonial, d'écoféminisme, d'anti-impérialisme. Le "mâle blanc hétérosexuel" est devenu le grand Satan de l'Occident. Ce féminisme radicalement extrême nuit beaucoup à cette belle idée, à cet idéal humaniste qui prône l'égalité homme-femme comme un droit universel. Ce militantisme rageur et haineux détourne et détériore cette cause légitime. Pour ma part, mon féminisme semble bien calme et reposant quand je regarde la furie de Virginie Despentes. Il vaut mieux lire nos grands dames magnifiques de la littérature : Virginia Woolf, Marguerite Yourcenar, Colette, Marguerite Duras, Simone de Beauvoir, Annie Ernaux, Mona Ozouf, Elisabeth Badinter. Cette revue a quand même le mérite de mettre à l'honneur beaucoup de femmes philosophes, intellectuelles, historiennes, éminemment intéressantes. En ce jour du 8 mars, lisons et relisons "Une chambre à soi" de Virginia Woolf, un livre essentiel pour fêter notre journée internationale. Il faut rappeler que l'écrivaine n'avait pas le droit d'aller à l'université et pourtant, elle est devenue une créatrice géniale : "Fermez vos bibliothèques, si cela vous plaît, mais il n'est ni porte, ni serrure, ni verrou que vous puissiez dresser contre la liberté de mon esprit !"