lundi 5 mars 2018

Rubrique cinéma

Ce dimanche après-midi, séance cinéma avec "Call me by your name" du réalisateur, Luca Guadagnino : ce film italo-franco-américain m'a littéralement charmée. Le charme opère pour plusieurs raisons : unité de lieu, unité de temps, unité d'action, les trois règles du théâtre classique. Le lieu : l'Italie du Nord, une maison de famille, patinée par le temps avec un jardin merveilleux. Le temps : l'été 1983, pendant les vacances. L'action : le désir amoureux entre un jeune adolescent de dix sept ans et un trentenaire, doctorant américain. Les parents d'Elio vivent une complicité évidente avec leur fils. Le père enseigne la civilisation greco-romaine et la mère est traductrice. Dans cette maison ancienne, le temps se partage en moments privilégiés : passion des livres, de la musique et des discussions entre amis. Dans ce milieu intellectuel, l'harmonie règne jusqu'à l'arrivée d'Oliver. L'adolescent en pleine effervescence sensuelle remarque au premier regard la beauté du trentenaire. Ce thésard désinvolte perturbe la vie d'Elio car, il est agacé de son sans gêne et il le trouve un peu vulgaire dans ces enthousiasmes soudains : il joue aux cartes avec les gens du village, se fait remarquer dans les fêtes en dansant, disparaît sans le dire, se conduit familièrement. Son agacement cache en fait son attirance irrésistible pour Oliver. Le jeu amoureux s'amplifie au fil des images et malgré la relation qu'il entretient avec une amie, Elio n'a qu'une obsession : Oliver. Le professeur résiste, refuse ce lien interdit, se raisonne mais, ils succombent à leur passion homosexuelle mutuelle. Les vacances se terminent et le professeur doit quitter l'Italie. Les parents suggèrent à leur fils d'accompagner Oliver à Bergame, leur dernier séjour d'adieu. Ils vivent le temps le plus fort et le plus fou de leur liaison jusqu'à rendre Elio malade de trop de bonheur. Revenu chez lui, son père lui avoue qu'il a compris cette relation amoureuse : "parce que c'était lui, parce que c'était moi" d'après Montaigne. Plusieurs jours après leur séparation, Oliver appelle Elio pour lui annoncer son mariage aux Etats Unis... La dernière image du jeune homme en pleurs, (interprété par le prodigieux Timothée Chalamet), symbolise la fulgurance d'un amour perdu, un souvenir cruel,  mais lumineux, vécu comme une initiation, une éducation sentimentale pendant un été en Italie du Nord dans une belle maison de famille... Un film romantique, sensuel, proustien et tellement italien... A voir, absolument.