mardi 13 mai 2014

"La caverne des idées"

Dès la première phrase du roman, José Carlos Somoza captive le lecteur(trice) : "Le cadavre reposait sur de fragiles brancards en bois de bouleau. Le torse et le ventre étaient couverts d'hématomes, les chairs déchirées maculées de sang coagulé et de terre séchée, mais la tête et les bras présentaient un meilleur aspect." Ce roman-thriller est édité dans la collection "Noirs" d'Actes Sud et demande parfois une attention concentrée et un effort pour mémoriser, ne serait-ce que, les noms grecs des personnages. L'écrivain espagnol (né à Cuba mais vivant à Madrid) joue sur deux registres : un texte grec d'un traducteur qui raconte l'histoire de crimes sur des éphèbes et la vie de traducteur dans les notes en bas de page.  A partir de cette construction, l'histoire principale se déroule dans la Grèce antique après la guerre du Péloponnèse. Le corps mutilé, découvert sur le mont Lycabette, porte un nom : Tramaque, un élève de Diagoras, son tuteur à l'Académie de Platon. La rumeur publique évoque la morsure des loups mais son tuteur doute de cette interprétation. Il fait appel au "déchiffreur d'énigmes", Héraclès Pontor, (alias Hercule Poirot) chargé de mener l'enquête. Il se penche sur les relations de Tramaque pour rechercher les motifs de ce meurtre et il apprend qu'un de ses meilleurs amis est aussi assassiné dans des conditions mystérieuses. Il est alors question d'une secte qui célèbre une religion très particulière. Je ne dévoilerai pas le nœud de l'intrigue. Ce roman policier hautement antique plaira à tous les lecteurs(trices) qui aiment  l'histoire ancienne sous la forme du thriller politique et religieux. On peut laisser de côté l'histoire secondaire du traducteur (écrit en trop petits caractères) sans nuire au récit principal. Rencontrer Platon au fil du récit, découvrir le rôle de la religion dans la société grecque, ressentir les émotions des personnages, revivre le quotidien de l'agora, connaître les secrets d'une secte plus que spéciale, méritent un certain effort de lecture. Un conseil à suivre : il faut franchir les trente premières pages sans se décourager et ensuite, la récompense arrive : un retour fulgurant dans un passé si proche et si lointain. Un roman vraiment original et comme je me suis mise à l'heure grecque, j'ai apprécié, bien évidemment, le contexte historique...