vendredi 27 octobre 2017

Madrid, 2

Je suis donc repartie à Madrid pour ses musées. Mais, je ne pouvais pas passer huit heures par jour dans ces lieux culturels (quoique) bien que les trois musées les plus importants exigent pour chacun trois heures de visite tellement les collections sont importantes. J'ai donc visité des places, des églises, les jardins du Palais Royal, les avenues, les monuments, le parc du Retiro, le jardin botanique, les marchés sans parler des rues que l'on traverse pour humer le parfum de Madrid. Malgré tout, Madrid n'éblouit pas les yeux comme Rome, Naples ou Vienne. Au premier abord, elle ne possède pas ce charme envoutant des villes italiennes que je trouve pour ma part les plus belles du monde... Une des places emblématiques de Madrid se nomme la Puerta del Sol où se situe le kilomètre zéro des routes d'Espagne. Dans cet espace, se réunissent souvent les madrilènes pour fêter le premier de l'an en avalant un grain de raisin à chaque son de cloche. Les manifestations nombreuses aboutissent à la Puerta del Sol et on peut caresser de l'œil, un gros ours appuyé sur un arbousier, une sculpture en bronze très célèbre à Madrid. Les touristes s'amusent à prendre des clichés pour bien montrer à leurs proches qu'ils visitent la ville. Dès cet espace, rempli de jeunes, j'ai mesuré l'extrême vitalité des Espagnols dans une ambiance bon enfant. Aucun militaire en vue comme en France, peu de policiers pour gérer la sécurité. J'ai aussi visité la place la plus touristique : la Plaza Mayor, construite au temps des Habsbourg au XVIIe siècle. De forme carrée, entourée de façades de couleur rouge, elle présente une unité architecturale remarquable. Sous les arcades, des vieux magasins montrent leurs fresques colorées. Malheureusement, le tourisme de masse a déjà provoqué des dégâts avec l'invasion des terrasses de bars et surtout avec la présence de personnages ridiculement déguisés (style Spiderman) et des silhouettes de toreros pour se faire photographier. Dans ce cadre historique, c'est bien dommage de rencontrer cette facette commerciale alors que le patrimoine culturel devrait être respecté davantage... Heureusement, je n'ai pas observé ce phénomène près des musées.  Je citerai la Place d'Espagne où se tiennent les deux héros de Cervantès : Don Quichotte et Sancho Pança. Ces statues équestres sympathiques, surmontés de leur père géniteur et se reflétant dans un miroir d'eau,  embellissent cet espace cerné par des buildings de l'ère franquiste... 

jeudi 26 octobre 2017

Madrid, 1

Mes escapades européennes se sont terminées à Madrid en ce mois d'octobre. Après Rome, Prague, Athènes et le Péloponnèse, je suis partie en Espagne, le pays de mes grands-parents, originaires d'Aragon et immigrés à Bayonne au début du XXe siècle. Quand je suis sur les terres d'Espagne, je me sens un peu chez moi et je n'éprouve aucun sentiment d'étrangeté, de dépaysement. J'ai appris l'espagnol dès la sixième en première langue jusqu'à la fin de ma licence. Je lisais le "Don Quichotte" en langue originale. Mais, quand on ne pratique pas la langue régulièrement, on perd beaucoup de réflexes langagiers. J'ose quand même parler l'espagnol, j'aime l'écouter et le comprendre. C'est pour cette raison que j'avais envie de revoir Madrid, une des capitales européennes les plus attachantes. Dès que je me suis approchée du centre, dans la calle Atocha, près du Paseo del Arte, j'ai vu beaucoup de drapeaux, accrochés aux fenêtres, aux balcons, sur les façades. Ces citoyens madrilènes proclamaient leur détermination pour rester unis dans un seul état. Les Catalans indépendantistes ne font pas l'unanimité et blessent les Espagnols, soucieux de conserver l'unité du pays... Cette grave crise politique se voit partout dans la ville. Comme je suis arrivée en milieu d'après-midi, j'ai rencontré avec plaisir, Enrique, le propriétaire décontracté de l'appartement qui m'a confié ses clés avec une confiance totale. Puis, j'ai redécouvert avec plaisir le quartier de Las Lettras où je me suis recueillie devant la statue de Federico Garcia Lorca, situé dans la place Santa Ana où se trouve aussi un monument dédié à Calderon de la Barca. Le destin tragique du poète andalou, assassiné par les franquistes, m'a toujours révoltée. Sur les pavés de la rue Huertas, j'ai photographie les citations en lettres dorées de grands écrivains espagnols : Perez-Galdós, Gongora, Becquer, Zorilla, etc. J'ai apprécié comment la ville rend hommage à la littérature... Je commençais bien mon séjour en terre madrilène et surtout dans un environnement dédié à l'écriture et aux écrivains. Les murs sont souvent tagués avec des peintures joyeuses et revendicatrices. Dans ce quartier où vivent beaucoup d'artistes et d'intellectuels, les cafés et les bars à tapas se fréquentent abondamment. Les espagnols aiment sortir, boire entre amis, s'interpeller avec convivialité, partager un repas. Leur mode de vie, baptisé la movida, est bel et bien une réalité... Mais, je suis revenue à Madrid pour revoir le quartier des musées : le Prado, le Thyssen, le Reina Sofia, le Sorolla et d'autres... La suite, demain.

mercredi 25 octobre 2017

"Tiens ferme ta couronne"

Attention, ce livre fantasque peut dérouter un lecteur qui ne connaît pas Yannick Haenel. Cet écrivain singulier coanime la revue littéraire, "Ligne de risque" qui considère l'écriture comme un "absolu". Son roman est publié chez Gallimard dans la collection "L'Infini" et figure en bonne place pour les prix littéraires. Le narrateur (l'auteur ?) vient d'écrire un scénario sur la vie d'Hermann Melville, le grand écrivain américain. Il cherche un cinéaste pour ce film et ne pense qu'à Michael Cimino qu'il admire. Il passe son temps à visionner ses films et analyse les obsessions du réalisateur américain. Il obtient par relation le numéro de téléphone de Cimino qui lui donne rendez-vous à New York pour lire son scénario. L'intrigue du roman repose sur ce thème central : l'adaptation de son œuvre par le cinéma. Littérature et cinéma sont-ils donc aussi compatibles ? Sa passion totale pour "Voyage au bout de l'enfer" et "La porte du paradis" fournit de longs passages de cinéphilie. Il est aussi question d'un voisin mystérieux qui lui confie son chien, un Dalmatien encombrant. Le narrateur vit aussi dans une situation précaire. Il rejette le confort matériel, la vie normale et ressemble à un Diogène littéraire. L'art et la littérature deviennent un absolu comme le grand cachalot blanc de Melville, une philosophie de l'être : "Un écrivain est quelqu'un qui, même s'il existe à peine aux yeux du monde, sait entendre au cœur de celui-ci la beauté en même temps que le crime, et qui porte en lui, avec humour ou désolation, à travers les pensées les plus révolutionnaires ou les plus dépressives, un certain de l'être".  Il rencontre Lena, sa Diane chasseresse dont il tombe éperdument amoureux. Ce roman halluciné évoque la fusion de l'écrivain avec la littérature, vécue comme une mystique. Le lecteur(trice) peut se perdre dans ce texte obsessionnel, fantasque et excessif mais cet écrivain m'a souvent intriguée tellement sa personnalité, son style et sa conception radicale de la littérature lui donne une place à part dans le panorama littéraire d'aujourd'hui. 

lundi 16 octobre 2017

Retour de Grèce, Athènes, 2

Je suis revenue à Athènes pour respirer l'air de la ville antique. Près des sites, les Grecs protègent leurs trésors dans les musées pour leur accorder enfin une éternité méritée. Le plus important, le Musée archéologique national (1888) se situe dans le quartier des étudiants, Exarchia. Cette institution présente l'une des plus importantes collections d'art antique au monde. Le patrimoine de l'Antiquité se divise en périodes : mycénien, cycladique, archaïque, classique, hellénistique et romain. Cet espace riche de milliers d'objets, de statues, de bas-reliefs, de vases doit s'accompagner de lectures plurielles : guides, livres d'art, revues spécialisées... Sans ces clés de compréhension et sans la passion de ce "miracle grec", les visiteurs peuvent se lasser et s'ennuyer devant tant de merveilles. Plus je les regarde, plus je les admire. Ces témoignages artistiques ont traversé les siècles dans des conditions inouïes : enfouis dans la mer, dans la terre, dans les tombes, dans les grottes... L'archéologie a ressuscité ces milliers de chefs d'œuvre antiques pour raconter l'Histoire ancienne. Du masque en or d'Agamemnon aux Kouroi majestueux, des vases aux jouets, des urnes funéraires aux statuettes votives, chaque salle dévoile la culture de la Grèce antique comme si on se plongeait dans un immense livre d'où surgissent les silhouettes divines et humaines en marbre et en bronze, traces des premiers sillons de notre civilisation occidentale. Quand je vois les bijoux, les ustensiles de cuisine, les sculptures, j'ai l'impression que leur vie quotidienne n'était pas si éloignée de la nôtre. Le Musée de l'Acropole, ouvert en 2009, étonne par son architecture audacieuse et parfois critiquée. Cet espace ouvert, transparent, lumineux présente toutes les sculptures de l'Acropole dont les très célèbres Caryatides, les authentiques (celles du temple Erechtéion sont des copies). Ce musée incontournable complète la visite de la colline sacrée. J'ai aussi visité le Kanellopoulos, un musée privé (gratuit) qui présente une collection extraordinaire de vases grecs. J'ai retrouvé avec le plus grand plaisir le Musée des Arts cycladiques, (Fondation Goulandris), un magnifique espace scénographique et pédagogique. Les idoles cycladiques, figurines en marbre de dimension variée (de cinq centimètres à un mètre cinquante), portent un mystère total en elles : elles étaient associées au culte de la fertilité ou à une déesse mère (matriarcat). Des artistes modernes se sont inspirés de ces statuettes étranges et exceptionnelles... Je suis restée trois jours à Athènes et j'aime cette capitale qui me permet d'approcher ces temps archaïques grâce à l'art et à l'architecture. Cette ville blanche et ensoleillé s'étale à l'infini du bord de mer à la plaine et partout, l'Acropole demeure en hauteur pour nous rappeler la jeunesse de notre civilisation humaine. 3000 ans d'histoire sur les millions d'années de notre Terre, au fond, ne doit pas nous impressionner. Athéna er Socrate deviennent ainsi mes contemporains...

samedi 14 octobre 2017

Retour de Grèce, Athènes, 1

Dès que le taxi m'a embarquée à la sortie du ferry, au Pirée, pour me conduire à l'Hôtel, situé dans le quartier de l'Acropole, j'ai reconnu les yeux fermés l'ambiance un peu survoltée d'Athènes. Taxis jaunes, bus, scooters, voitures, tous ces objets à roues envahissent les boulevards et les avenues et il vaut mieux traverser le passage piétons à toute allure... Cette ville ne ressemble à aucune capitale européenne : pas d'Arc de triomphe, d'hôtels particuliers, d'institutions comme le Panthéon, d'architecture classique et haussmannienne. L'intérêt culturel de la capitale grecque se situe dans son immense passé antique : l'Acropole, l'Agora grecque, l'Olympion, le Kéramicos et surtout ses musées archéologiques. Evidemment, il faut aussi se retrouver  devant le Parlement et voir les "evzones", les gardes nationaux en costume traditionnel avec leurs mules à pompons, impassibles devant leur guérite. La place Syntagma tient lieu de centre stratégique pour tout rassemblement contestataire. L'incessant ballet de la circulation gâche cette place vivante et généreuse. Des bâtiments du XIXe de la Grèce indépendante symbolisent les repères d'une nation récente avec sa Bibliothèque nationale et son Académie universitaire. J'aime prendre tous les transports pour me frotter à la vie quotidienne des Athéniens : bus, tram, métro, funiculaire, taxi. J'ai croisé dans mes déplacements des hommes et des femmes charmants, affables et prévenants, même dans le métro dont celui de Syntagma, pavé de marbre et présentant des vestiges antiques. Ma première balade de dimanche m'a menée dans la promenade de l'Acropole : le Parthénon se voit à tous moments et il ne faut surtout pas le visiter pendant le week-end car trop de touristes visitent le site. J'ai préféré revoir l'Agora romaine et sa Tour des Quatre Vents, le site Keramicos avec ses stèles funéraires et son musée, l'Agora grecque (VIe siècle av. J.-C.), centre de la vie publique avec son musée et surtout le temple très bien conservé d'Héphaïstos dont les bas-reliefs (métopes) racontent les exploits d'Héraclès. J'avais visité Athènes à deux reprises et revoir pour la troisième fois toutes ces merveilles de l'Antiquité n'a pas entamé mon admiration pour cette civilisation extraordinaire. Quand je suis revenue à l'hôtel, le soir après un bon restaurant, j'ai contemplé le Parthénon illuminé sur l'Acropole de la terrasse et c'est une vision de toute beauté... Que serait Athènes sans son Acropole ? Il vaut mieux ne pas se poser cette question...

vendredi 13 octobre 2017

Retour de Grèce, Egine (suite)

A Egine, près du port où accostent les ferries, un site archéologique, nommé Kolona, domine la mer. Il ne subsiste qu'une seule colonne (d'où le nom du site) que l'on aperçoit du bateau quand on s'approche de l'île. Je me suis promenée dans ce promontoire rocheux, habité dès  - 2500 av. J.-C. et ne présentant aujourd'hui que des murailles dessinant sur le sol des emplacements d'une agora inconnue. La vue sur la mer ressemble à des paysages paradisiaques. Je me suis baignée très près de cet espace en admirant cette colonne rescapée d'un monde disparu... Une impression d'être à la fois en 2017 et en - 500 dans un télescopage temporel inoubliable. Peut-être que des Eginètes anciens nageaient dans ces eaux d'un bleu profond... J'ai visité le petit musée archéologique situé dans le site. Fondé en 1829, il fut le premier de toute la Grèce. Bien qu'assez modeste, il possède une collection de céramiques mycéniennes et corinthiennes, des statues, un sphinx, et d'autres objets de l'île antique. Un patio accueille les visiteurs (j'étais seule avec mes amies) avec des sculptures. J'ai même photographié une cigale, agrippée sur un pin maritime. Ce pays m'enchante tellement qu'une cigale grecque me semble venue des temps anciens ! J'ai aussi visité deux églises orthodoxes dont la chapelle Aghios Nikolaos d'un blanc absolu, installée sur le port et protégeant les pêcheurs. Elle est toujours ouverte et les îliens manifestent leur foi profonde dans cet espace minuscule. Les symboles religieux se manifestent souvent dans les lieux publics. J'ai remarqué la présence d'images saintes dans le bus que j'ai pris pour aller voir le temple d'Egine. Il faut dire qu'il n'existe pas dans le pays la séparation de l'église et de l'état... Mon séjour s'est terminé le dimanche matin avec la vision d'un Eginète sur une mobylette, traînant derrière lui un cheval encordé qui devait remplacer un de ses compagnons chargés de tirer les cinq calèches pour les touristes (très peu nombreux) un peu paresseux qui prennent ces moyens de locomotion un peu trop folkloriques à mes yeux... J'ai repris le ferry le dimanche matin pour le Pirée et j'ai retrouvé mes mouettes qui m'ont peut-être reconnue...  

jeudi 12 octobre 2017

Retour de Grèce, Egine

En 2015, j'ai visité Egine, l'île la plus proche d'Athènes à une heure trente de ferry. Comme je n'étais restée qu'une petite journée, je n'avais pas eu le temps de découvrir le temple d'Aphaia qui forme le triangle sacré avec le Parthénon et celui du cap Sounion. J'ai abandonné la voiture au Pirée et j'ai pris le bateau très pittoresque à mes yeux pour résider deux nuits à Egine. Les touristes préfèrent Hydra, Poros et les Cyclades mais j'aime mieux me retrouver au milieu des Grecs qui passent leur week-end sur Egine. Les voir embarquer en moto, en auto et en camion dans une cacophonie invraisemblable et bon enfant est un des aspects les plus frappants de la Grèce d'aujourd'hui. Le ferry offre des places dans des salons très confortables et on peut aussi rester sur les ponts à l'air salin. J'adore photographier les mouettes qui nous suivent pendant un bon moment et leur ballet incessant et virevoltant constitue un vrai spectacle pour les voyageurs. Elles me frôlaient à un mètre et venaient me saluer en me souhaitant la bienvenue... Dès que le bateau accoste sur le port, le même brouhaha se reproduit et tous les passagers quittent le ferry dans un ordre logique, allant des piétons aux camions. Le port d'Egine réceptionne des yachts de luxe mais les barques de pêcheurs sont heureusement majoritaires. Le trafic maritime ne gêne absolument pas l'ambiance tranquille du port. Des restaurants "typiques" occupent une partie du front de mer et les rues parallèles au boulevard principal recèlent de boutiques au parfum des années 50 (dont des drogueries qui ont disparu en France...). L'île est réputée pour la qualité de ses pistachiers et de nombreux stands proposent cette divine gourmandise sous plusieurs formes : pistaches en sachet, en crème, en confiture, en sablé, etc. Après une approche buissonnière du port, j'ai effacé deux mille cinq cents ans de ma mémoire pour admirer le temple d'Aphaia en prenant le bus qui sillonne l'île. Dédié à Athéna, ce temple dorique possède six colonnes sur douze, domine la mer Egée et impressionne les visiteurs par son harmonie architecturale. Les Grecs anciens cultivaient le Beau à satiété... Peu de touristes s'aventurent vers ce lieu magique et j'ai profité amplement de cet édifice face à la mer, au milieu des pins et dans un silence "religieux"... La suite, demain.

mercredi 11 octobre 2017

Retour de Grèce, Nauplie et Epidaure

Après Mycènes, j'ai visité la très jolie ville de Nauplie. Proche de Mycènes, elle se situe au bord du golfe Argolide. Première capitale de la Grèce libérée, elle offre un panorama magnifique et conserve un passé vénitien dont on ressent l'héritage dans les rues étroites pavées de marbre, ses maisons fleuries, ses placettes, ses églises orthodoxes. Il régnait un calme appréciable sur le front de mer et boire un jus d'orange frais devant l'îlot Bourdzi s'est avéré un moment délicieux. J'ai visité le musée archéologique qui présente une collection mycénienne dont les émouvantes idoles en terre cuite (-1300 av. J.-C.) représentées les bras levés pour mettre l'accent sur la fécondité. Le premier étage montre une collection de vases des époques géométrique, archaïque et classique. J'ai surtout remarqué un nombre impressionnant de lécythes, vases élancés et peints avec une délicatesse remarquable. Les Grecs l'utilisaient pour contenir les huiles parfumées. Il faut pour s'imprégner de Nauplie, se balader dans les rues tortueuses de la petite cité, rentrer dans une église, remarquer la décoration vintage d'un bar, regarder quelques vitrines de magasin, lever les yeux sur les balcons ouvragés, les hibiscus, le ciel d'un bleu pur et toute cette découverte se déroule sans la présence de touristes tonitruants. Après cette étape charmante, j'ai repris la route pour Epidaure. J'avais déjà vu ce théâtre exceptionnel, restauré dans les années 60. Adossé à flanc de colline, entouré d'oliviers et de pins, ce lieu magique poursuit sa mission culturelle en proposant un festival de théâtre antique tous les ans. Il peut recevoir 12 000 spectateurs et j'ai assisté à une prise de paroles d'une touriste canadienne qui récitait du Sophocle. J'étais au plus haut des gradins et je l'entendais. Elle a pris une feuille de papier qu'elle a déchirée et là aussi, mes oreilles ont perçu les sons de la déchirure. Ce théâtre est le plus beau de toute la Grèce. Plus loin, un musée présente une collection liée au site avec des stèles sur lesquelles on peut lire (il faut vingt ans d'apprentissage de grec ancien !) les prescriptions et les remèdes miracles du célèbre médecin grec, Asclépios. J'ai terminé ma journée dans un hôtel vers Epidaure, surplombant la mer Egée. Assister au coucher de soleil et à son lever le matin, prendre son petit-déjeuner sur la terrasse, admirer un panorama grandiose avec les îles au loin : la Grèce dans toute sa splendeur !

mardi 10 octobre 2017

Retour de Grèce, Mycènes

Après Corinthe, ma route s'est poursuivie jusqu'à Mycènes. Une tradition m'a frappée :  des chapelles miniatures apparaissent sur les bords des routes. Elles prennent des formes et des couleurs différentes, contiennent des photos, des cartes, des fleurs, des vases. Beaucoup de conducteurs ont perdu la vie ou se sont blessés et ces chapelles représentent un hommage aux accidentés de la route... Quand je suis arrivée sur le site de Mycènes, je pensais à Jacques Lacarrière qui a très bien décrit ce lieu où est née la tragédie grecque avec la funeste famille des Atrides. Oreste tue sa mère, Agamemnon tue sa fille Iphigénie, Egisthe, l'amant de Clytemnestre, tue Agamemnon... Quelle famille modèle ! Mais, les Mycéniens échappent à cette catégorie de monstres sanglants car ils sont architectes, orfèvres, potiers, soldats, artisans... Un archéologue passionné, Heinrich Schliemann (1822-1890), s'est lancé dans l'aventure archéologique par passion. Cet autodidacte qui s'est enrichi dans le commerce, a quitté sa vie bourgeoise pour réaliser des fouilles à Troie pendant vingt ans en suivant le texte d'Homère, l'Iliade. Après cette découverte majeure, il s'attaque à Mycènes où son équipe dégage le site dont les tombes royales. L'émotion surgit soudain à la vue des énormes rochers formant des murailles cyclopéennes (-1300 av. J.-C.) d'une épaisseur de trois mètres à huit mètres. Le vestige le plus spectaculaire, la Porte des Lions, date de cette époque et symbolise l'emblème de la cité. J'ai visité le tombeau d'Agamemnon dit le trésor des Atrée. Précédé d'un couloir taillé dans la roche qui aboutit à une porte monumentale, coiffée de blocs énormes formant un triangle, cet espace funéraire est un des plus importants de l'âge de bronze. Quand je suis rentrée dans cette rotonde de pierres en levant les yeux sur la coupole, j'ai touché de mes mains ces blocs, manipulés par les Mycéniens eux-mêmes... Quand je me suis retrouvée au sommet de cette étrange acropole, j'ai contemplé avec émotion le paysage de la plaine d'Argos, les montagnes alentour et les collines couvertes d'oliviers... J'ai pensé à Homère et à l'Iliade quand il évoque Agamemnon allant à la rescousse des Grecs contre les Troyens. Un musée accueille les visiteurs et propose les objets votifs trouvés dans les tombes, des céramiques à ornements géométriques, des statuettes et bien d'autres trésors. Cette étape à Mycènes m'a plongée davantage dans le monde homérique car ce lieu isolé, peu visité par les touristes, n'a, au fond, pas changé depuis trois mille ans cinq cents ans. Devant ce paysage montagneux, ce ciel bleu, ces murailles titanesques, je partageais avec les Mycéniens, cet espace mythique...

lundi 9 octobre 2017

Atelier lectures, 3

En juin, j'avais conseillé la collection Folio Sagesses de Gallimard pour approcher la philosophie et la morale de façon moins intimidante, plus "conviviale"... Evidemment, la littérature tient une place primordiale dans l'atelier mais j'aime prendre des chemins de traverse. Evelyne et Janine ont fait leur devoir de vacances en lisant "les pensées" de Marc Aurèle. Celui-ci appartient à la catégorie des philosophes stoïciens dont la vie coïncide avec leurs pensées.  Cet empereur romain (121 – 180 ap. J.-C.), écrit une sorte de "journal intime" pendant ses campagnes militaires contre les Barbares qui attaquaient l'empire. Il meurt de la peste à Vienne. Pour cet empereur stoïcien, le bonheur passe par l'impassibilité devant des événements indésirables, la sérénité et la sagesse. J'ai noté : "N'agis point comme si tu devais vivre des milliers d'années. Tant que tu vis, deviens homme de bien". Dans ce journal, ces mots reviennent comme un leitmotiv : maîtrise de soi, respect des ancêtres, du cosmos, de la mesure, brièveté de la vie, sagesse, bonté. Il faut accepter sa "finitude", son destin, se gouverner soi-même par la raison. J'imagine l'empereur deux fois millénaire (quel vieux monsieur...) dans sa tente, cerné par les dangers, prenant son papyrus et son calame, se recueillant pour écrire ses pensées en utilisant le grec ancien.  La légende raconte que ses écrits ont dormi pendant des siècles dans un coffre qu'un jour, un homme (ou une femme) a ouvert par hasard... Quel trésor, ce curieux a trouvé dans toutes ces pensées stoïques ! Régine est restée dans le domaine antique en évoquant Sénèque, philosophe stoïcien, né en Espagne (-1 av. JC - 65 ap. JC). Il devient conseiller sous Caligula et précepteur de Néron. Dans son ouvrage, "De la constance du sage-De la tranquillité de l'âme", il considère le bonheur comme une vertu, la sagesse comme une force intérieure. Une citation lue par Régine : « Ai-je mérité ce qui m’arrive? si je l’ai mérité, ce n’est pas une offense, c’est justice. Si je ne l’ai pas mérité, c’est à l’auteur de l’injustice d’en rougir ». Sénèque a beaucoup influencé Marc Aurèle et ils sont liés à tout jamais dans le Panthéon des philosophes. Geneviève a choisi Alain, (Emile Chartier 1868-1951) et son ouvrage, "Du bonheur, de l'ennui et autres textes". Ce philosophe français du XXe siècle, professeur et journaliste, a écrit ses "propos" de façon claire et accessible. Pacifiste, laïque, éveilleur d'esprit, tolérant et pédagogue, son œuvre, assez méconnue aujourd'hui, mériterait une renaissance. Geneviève nous a convaincues : nous le lirons. La collection Folio Sagesses propose ainsi une initiation, simple et tranquille, au monde de la philosophie... 

vendredi 6 octobre 2017

Atelier lectures, 2

Janelou a lu avec intérêt le roman de Jean-Baptiste Del Amo, "Règne animal". L'écrivain toulousain décrit la vie de cinq générations d'agriculteurs depuis le début du XXe siècle. Cette famille travaille dans la filière porcine et ces destins se mêlent à cet environnement animalier, fait de violence et de misère. Ce roman olfactif, sensuel, rude et rugueux a impressionné Janelou mais peut rebuter les lecteurs sensibles... Dany s'est laissée séduire par Claude Monet qu'elle aime beaucoup. Elle l'a retrouvé dans le roman de Michèle Bernard, "Deux remords de Claude Monet". Véronique a lu cet été le très bon livre de Robert Seethaler, "Le café Tresnieck" paru en Folio. Ce roman d'éducation raconte l'histoire du jeune provincial, Franz, dans les années 30 à Vienne, période sombre de la montée du nazisme. Il rencontre Freud, l'amour, la folie humaine. Danièle a toujours gardé son âme de randonneuse. Comme elle aime la montagne, elle a beaucoup aimé le livre de Paolo Cognetti, "Les huit montagnes", paru chez Stock. Dans le Val d'Aoste, Pietro, un petit garçon de la ville rencontre Bruno, un enfant de la montagne. Bruno entraîne son ami dans les alpages, dans les forêts et cette initiation à la nature transforme la vie de Pietro. Après vingt ans de séparation, Pietro revient vers Bruno pour faire le bilan de sa vie. A lire aussi de cet écrivain milanais, "Le garçon sauvage", paru en poche. Sylvie a évoqué Isabelle Autissier et son roman, "Soudain, seuls". Ce livre l'a particulièrement marquée cet été. On avait déjà parlé de "Soudain, seuls" dans l'atelier car il avait rencontré l'adhésion des lectrices. Un homme, une femme, deux trentenaires, un tour du monde, un naufrage dans une île, la nature, des animaux, et avec cette question : comment survivre seuls ? Je lirai ce roman pour connaître la réponse... Pour terminer les coups de cœur, j'ai ajouté ma découverte de la psychanalyste Anne Dufourmantelle, hélas, décédée cet été dans une noyade en allant sauver deux enfants. J'ai conseillé son "Eloge du risque", paru chez Payot. Cet ouvrage, écrit dans un style simple et non jargonneux, est surtout un éloge de la vie... Voilà pour la partie coups de cœur... 

jeudi 5 octobre 2017

Atelier lectures, 1

Mardi, j'ai repris le chemin de la Maison de quartier pour retrouver mes amies lectrices de l'atelier lectures. Nous étions treize (je ne suis pas superstitieuse...)  autour de la table pour évoquer les coups de cœur de l'été, la rentrée littéraire et les lectures "recommandées". J'avais proposé de découvrir la collection "Folio Sagesses". J'ai aussi suggéré d'acquérir quelques romans français, parus en septembre pour constituer une petite bibliothèque tournante. Ces ouvrages lus par deux ou trois lectrices donneront naissance à des avis peut-être divergents et intéressants. La partie "coups de cœur" a démarré avec Evelyne qui nous a parlé du roman d'Ian McEwan, "Dans une coque de noix". Un embryon-narrateur raconte la préparation d'un crime familial. Sa mère et son beau-père veulent se débarrasser du père pour hériter d'une maison à Londres. Ce thriller délirant et ironique décrit l'univers sordide de ce couple, formé par deux idiots sans conscience que l'écrivain dénonce avec un humour décapant. Janine a présenté l'excellent livre de Leonor de Recondo, "Point cardinal" qui traite d'un sujet "sensible", le transsexualisme. L'écrivaine évoque un père de famille qui s'est toujours ressenti comme femme. Sa décision de changer de sexe bouleversera sa vie et celle des siens. Tous les romans de cette auteur (violoniste de métier) rencontrent une estime méritée dans notre atelier. Régine a proposé un thriller américain, "Le chant de la Tamassee" de Ron Rash. Une petite fille de douze ans se noie dans la rivière et son corps se coince sous une branche. Pour la récupérer, il faut détourner le cours de la rivière, mais les écologistes s'insurgent contre cette solution. L'écologie s'invite dans ce roman original et intense. Marie a choisi Douglas Kennedy, avec "La poursuite du bonheur", une formidable fresque romanesque d'une Amérique en proie au maccarthysme dans les années 50. Marie-Christine a lu cet été, "Une vie" de Simone Veil, une autobiographie sensible et passionnante. A l'occasion de la disparition de cette femme exceptionnelle, cette lecture me semble essentielle. Geneviève a beaucoup aimé "Underground Railroad" de Colson Whitehead. Ce prix Pulitzer, paru cette année, évoque l'esclavage aux Etats Unis à travers le personnage de Cora, une jeune fille de 16 ans. Elle s'enfuit de la plantation grâce à l'aide de ce train souterrain, allégorie de la liberté. Mylène a beaucoup apprécié le roman de Pierrette Fleutiaux, "Destiny". Anne, une sexagénaire, rencontre dans le métro, Destiny, une jeune migrante du Niger, enceinte et perdue. De cette rencontre improbable, naît une relation d'amitié, de soutien et d'échanges. Un livre profondément humaniste. Mylène a aussi cité "Le dimanche des mères" de Graham Swift, un beau roman sur l'amour impossible entre une jeune domestique et son maître dans une Angleterre des années 20. La suite des coups de cœur, demain...

mercredi 4 octobre 2017

"Souvenirs de la marée basse"

Chantal Thomas a écrit des ouvrages remarquables sur Sade, Casanova, Marie-Antoinette. Spécialiste du XVIIIe, son roman "Les Adieux à la Reine" avait rencontré un grand succès auprès d'un public élargi. J'avais surtout apprécié "Les chemins de sable" et "Les cafés de la mémoire". Dans cette rentrée éclectique, le récit, "Souvenirs de la marée basse", a attiré l'attention des critiques et il figure en bonne position dans les premières listes pour les prix littéraires de l'automne. Dans ce beau récit autobiographique, Chantal Thomas rend hommage à sa mère et à la natation... Sa mère aimait passionnément nager. Toute jeune fille, elle avait osé crawler dans les eaux troubles du Grand Canal du Château de Versailles. Jackie (elle se nomme ainsi) s'imagine championne de natation, rêve qu'elle ne réalisera jamais. Cette femme considère la nage comme une véritable libération. Je cite ce passage : "Il faut dire que la nageuse est un phénomène neuf et d'exception dans une histoire de l'humanité qui revient pour les femmes à une histoire de leur immobilisation, de leur identification imposée, et plus ou moins assumée à des êtres de pudeur et de faiblesse (...), qui ne peuvent demeurer que sur le rivage, empaquetées de jupons, de robes et de châles, protégées du vent et du soleil". Sa mère vouait un culte quasi religieux à la mer dans laquelle elle se perdait. Que voulait-elle fuir, cette mère secrète et distante ? Une vie médiocre ? Un mari indifférent ? Sa famille ? Chantal Thomas retrace les années 50 à Arcachon quand elle était une petite fille, intriguée par la lubie marine de sa mère. L'auteur décrit à merveille les sensations de l'eau sur la peau, des pieds sur le sable, de l'immensité océanique. Jackie était amoureuse de ces espaces de liberté dans lesquels elle vivait des moments de jubilation physique, "d'une autre manière d'exister dans l'abandon, dans la déprise". Après Arcachon, Jackie, devenue veuve, s'installe à Menton et à Nice. Cette mère mélancolique et dépressive trouve une certaine sérénité à la fin de sa vie et sa fille Chantal finira par enfin rencontrer cette nageuse émérite et enfin, un peu maternelle...

mardi 3 octobre 2017

Retour de Grèce, Corinthe

Après Delphes, direction Corinthe. Je me suis arrêtée à Loutraki, une station balnéaire, près de Corinthe en fin d'après-midi pour y passer la nuit. En prenant un bain de mer, je n'avais pas remarqué l'absence de baigneurs alors qu'il faisait très chaud (30 degrés...). J'ai commencé à nager quand j'ai senti des picotements de nature électrique : une méduse commençait à me caresser d'une méchante façon. Je n'avais pas prévu cet incident mais, après deux jours de crème réparatrice, j'ai oublié ma mésaventure. Comme mes étapes se situaient en bord de mer, je me suis renseignée auprès des baigneurs pour éviter ces bestioles désagréables en mettant mes pieds dans l'eau... Mon escapade grecque me réservait des surprises, mais j'aime tellement la mer que je ne peux pas résister à la goûter...J'ai voulu revoir le canal de Corinthe, devenu un haut lieu de tourisme de masse avec des boutiques de produits manufacturés "made in China"... On ne peut pas s'empêcher d'être étonnée par ce canal dont les parois rocheuses mesurent plus de cinquante mètres de haut sur vingt-cinq mètres de large. Néron rêvait de le creuser pour relier la mer Egée au golf de Corinthe et il avait envoyé des milliers d'esclaves pour réaliser ce chantier. Il a fallu attendre des siècles pour reprendre le projet. En 1882, l'invention de la nitroglycérine a tout changé et grâce à l'explosion des roches, la voie a été ouverte. La vision de cette tranchée verticale est un spectacle quand les voiliers, qui paraissent minuscules, empruntent cette voie maritime.  J'ai repris le chemin du Corinthe archaïque et j'ai découvert un vaste espace représentant une des agoras les plus importantes de la Grèce antique. Le temple d'Apollon de style dorique, regarde la mer au loin. La Fontaine de Glaucé, taillée dans un énorme rocher, l'agora, les vestiges de boutiques, se dessinent sur le sol. L'apôtre Paul a harangué les Corinthiens sur une estrade que l'on visite avec curiosité. Un musée archéologique jouxte le site et présente des pièces très intéressantes, issues des fouilles effectuées en 1892. Des céramiques à figures noires (VIIe-VIe av. J.-C.) avec des motifs animaliers et floraux diffèrent de celles dites "géométriques".  Dans le vestibule, je me suis assise sur un banc pour admirer les quelques statues qui accueillaient les visiteurs et parfois, ces statues s'animent et j'ai envie de leur soutirer tous les secrets de ces Grecs qui ont vécu trois mille ans avant moi...

lundi 2 octobre 2017

Retour de Grèce, Delphes

Après la première nuit passée à Itéa, petit village au bord du Golfe de Corinthe, j'ai donc découvert le site archéologique de Delphes. J'ai eu beaucoup de chance car les touristes en voyage organisé n'étaient pas encore arrivés sur le site. Nous étions un petite cinquantaine à arpenter ce lieu grandiose. J'ose écrire grandiose pour plusieurs raisons : sa situation géographique, son histoire mythique, sa valeur mystique. Dès que j'ai franchi le chemin qui menait à la voie sacrée, j'ai éprouvé un sentiment d'admiration et de jubilation. Voilà, j'avais enfin réalisé un de mes rêves : voir Delphes !  Zeus, le dieu des dieux, avait expédié deux aigles de deux bouts du monde pour trouver le centre du monde et ils se sont rejoints à Delphes, devenu ainsi l'ombilic du monde. A partir du VIe siècle, les pèlerins du monde méditerranéen affluaient vers ce lieu sacré unique, dans un espace naturel de toute beauté. Ils venaient écouter la Pythie, inspirée par Apollon, prophétisant des oracles divinatoires. J'imaginais la  prêtresse au sein du temple d'Apollon dont il reste quelques colonnes intactes. J'ai surtout remarqué le théâtre antique, le stade au sommet du site, le Trésor des Athéniens, la Colonne torsadée des Naxiens. Il fallait grimper, grimper pour terminer la visite par le stade où avaient lieu des jeux Pythiques célébrés tous les quatre ans. Je voyais les athlètes courir, j'entendais les clameurs du public, je sentais le souffle du vent qui séchait la sueur de ces hommes demi-dieux... Pour admirer les traces de la Grèce antique, il faut beaucoup apprendre des livres, puis les oublier et marcher dans les vestiges antiques pour vivre toutes les sensations que ces Grecs anciens ont eux-mêmes ressenties dans ces paysages magnifiques. J'ai visité ensuite le musée attenant au site qui expose les chefs d'œuvre de Delphes : l'Aurige merveilleux, les statues, des masques, des boucliers, des casques, des métopes (bas-reliefs des temples), un trio de danseuses caryatides... Ces trésors retraçant l'art grec attendent tous les amoureux de la Gréce archaïque. Ma première étape à Delphes m'a laissé une impression inoubliable car je touchais de mes yeux un des lieux les plus sacrés de l'Antiquité dans un cadre enchanteur, en pleine nature, loin des villes et des villages, niché à flanc de montagne. Vertige du temps, vertige de l'espace, un lieu magique...