mercredi 27 juillet 2022

"L'Autre Femme"

J'aime garder un contact régulier avec ma destination préférée : l'Italie. Un lien privilégié m'est offert grâce à la littérature et je lis souvent des romans de ce si beau pays, patiné par le temps et embelli par l'art.  Cristina Comencini, la fille du célèbre cinéaste, elle-même scénariste et réalisatrice, écrit souvent de bons romans et son dernier paru cette année porte un titre intéressant, "L'Autre Femme". La narratrice s'appelle Elena, une jeune femme de 25 ans. Elle est tombée amoureuse de son ancien professeur, d'une trentaine d'années de plus qu'elle. La différence d'âge ne lui pose aucun problème. Son amant, Pietro, a quitté son épouse, ses trois enfants et ressent une folle envie d'arrêter la fuite du temps. Une histoire somme toute assez banale sur le plan romanesque. Pourquoi lire une histoire aussi basique peut-elle encore intéresser ? L'écrivaine italienne utilise les réseaux sociaux pour mettre du piment dans ce couple asymétrique. Le trio épouse-mari-nouvelle compagne vole en éclats quand Elena entretient une relation amicale via Facebook avec "l'Autre Femme", l'ancienne femme de Pietro qui a pris une fausse identité pour dialoguer avec "l'usurpatrice", selon son analyse. Dans ce dialogue surréaliste, Elena comprend enfin qu'il n'est pas facile d'assumer le passé familial de son compagnon. Le doute commence à percer et l'ancienne épouse, blessée par l'échec de son couple, sape à petits bruits la confiance d'Elena envers Pietro. Le point de vue change au fil du récit, car les deux voix se mêlent à d'autres personnalités proches : un fils cadet du même âge qu'Elena, une amie du vieux couple, entremetteuse entre les deux femmes, l'ancienne et la nouvelle. L'écrivaine italienne interroge la notion de couple dans une perspective contemporaine. Comment retrouver sa jeunesse avec une partenaire d'une autre génération ? La différence d'âge est-elle un atout ou une entrave ? Le poids du passé peut-il représenter une menace ? Toutes ces questions traversent les monologues de l'ouvrage. Le féminisme est passé par là et influence en sourdine les comportements féminins. Ce roman se lit avec plaisir comme on déguste un spritz sur une terrasse en Italie. Frais, gouleyant et délicieusement italien...