lundi 21 mai 2012

"Mauvais genre"

Ce roman de Naomi Alderman, anglaise de naissance et américaine d'adoption, se lit avec intérêt malgré l'antipathie que le lecteur(trice) éprouve pour les personnages. On ne peut pas toujours ressentir une connivence empathique dans un univers romanesque. C'est particulièrement vrai pour le personnage principal, James Stieff, narrateur de l'histoire, qui étudie à Oxford, malgré des origines familiales modestes. Il va rencontrer dans cette université prestigieuse une bande de copains aussi déjantés les uns que les autres. Ils sont tous attirés par le plus riche d'entre eux, Mark, dans le rôle de l'homosexuel caricatural, consommateur d'amours éphèmères et charnelles en toute innocence. Il ne se doute pas encore du fléau qui va tomber sur cette communauté, le sida dans les années 80. Cet étudiant richissime achète l'amitié de ses copains, les héberge dans une vaste maison de maître. Il est un aimant-amant fascinant pour toute cette bande d'amis (filles et garçons) qui subisssent tout de même une pression intellectuelle permanente de la part des professeurs et de leur exigence hors-norme. Toute cette jeunesse "oxfordienne" étudie mais vit aussi des amours, des passions, des amitiés fondatrices. Mark, le héros négatif, va pourtant se marier avec la petite soeur d'un de ses amis. Il entretiendra aussi une relation amoureuse avec son meilleur copain, James, qui lui vit avec une compagne musicienne. Ce tourbillon amoureux est la marque de fabrique de ce deuxième roman de Naomi Alderman, une romancière anglo-américaine au talent romanesque évident. Ce livre a le mérite de nous plonger dans le milieu universitaire d'Oxford, décrit comme un monde sans pitié, cruel et pathétique. L'excellence intellectuelle ne se double pas toujours de l'excellence morale. Le personnage de l'amant secret, James, ira jusqu'au bout de cette relation sado-masochiste avec Mark et je ne donnerai pas la clé du roman pour vous donner envie de la découvrir...