lundi 6 juin 2011

Viviane Forrester

J'ai dans mon programme de lectures de cet été une biographie de Virginia Woolf écrite par Viviane Forrester. J'apprécie cette écrivaine discrète. J'ai récemment acquis son journal intime "Rue de Rivoli, journal 1966-1972", publié chez Gallimard. Je suis curieuse de "journal d'écrivain" comme tous les amoureux de littérature et celui de Viviane Forrester ne pouvait que m'intéresser. Je n'ai pas été déçue et je l'ai lu en regrettant qu'il soit si court, à peine 257 pages... Si l'on veut savoir comment on devient écrivain, il faudra mentionner ce journal de création littéraire. Quelques règles à retenir : lire, lire et lire beaucoup et passionnément. Elle cite Proust, Woolf, Hemingway, Simon, en particulier et parle de sa rencontre avec Maurice Nadeau, toujours "découvreur" de talents. Elle décrit sa vie quotidienne et ses voyages avec son mari, peintre "torturé", et égocentrique, ses rencontres amicales, et surtout ses doutes, ses angoisses sur le roman qu'elle est en train d'écrire. On y trouve un pachwork de notes éparses : des portraits nostalgiques d'un Paris des années 70 avec son atmosphère unique de ville littéraire, des souvenirs d'enfance, des doutes récurrents sur sa vocation d'écrivain et des fulgurances sur la beauté d'un moment de vie, au hasard. Ce journal intime, à la fois pudique et sincère, donne envie de lire tous les livres de Viviane Forrester, en particulier un essai prémonitoire sur "l'horreur économique", écrit en 1996 et qui sonne juste aujourd'hui en période de crise. Viviane Forrester nous communique son art de lire, d'écrire et de s'inscrire dans une histoire de la création artistique. J'attends la suite du journal avec impatience. C'est rare d'entrer dans le laboratoire d'idées d'une femme, écrivain et critique littéraire qui se confie aussi intimement.
Un extrait daté du 25 juillet : "Toutes ces choses heureuses. La cloche de Saint-Roch qui sonne l'heure dans la nuit et c'est chaque fois comme une surprise, intense. J'aime l'heure, les heures, la nuit. j'aime vivre, exister. J'ai besoin de solitude. J'écris, je suis heureuse."
Laissons Viviane Forrester à son bonheur d'être et retrouvons la dans ses écrits divers et originaux.