mercredi 31 juillet 2013

Rubrique poésie

Je lis régulièrement des poètes et j'ai donc envie d'intégrer dans ce blog un poème que j'ai aimé. Je propose  Fernando Pessoa, mon écrivain-poète portugais préféré, et je l'ai trouvé dans le recueil "Le Gardeur de troupeaux", édité dans la collection Poésie/Gallimard.
"Je suis un gardeur de troupeaux.
Le troupeau ce sont mes pensées
et mes pensées sont toutes des sensations.
Je pense avec les yeux et avec les oreilles
et avec les mains et avec les pieds
et avec le nez et avec la bouche.

Penser une fleur c'est la voir et la respirer
et manger un fruit c'est en savoir le sens.

C'est pourquoi lorsque par un jour de chaleur
je me sens triste d'en jouir à ce point,
et couche de tout mon long dans l'herbe,
et ferme mes yeux brûlants,
je sens tout mon corps couché dans la réalité,
je sais la vérité et je suis heureux."

lundi 29 juillet 2013

Voyage à Turin

Malgré la forte chaleur de la semaine dernière, j'ai visité une très belle cité italienne, Turin dit Torino dans la péninsule. Deux jours de marche à travers les places avec ses arcades, les cafés historiques, les palais royaux et les musées. Je suis passée de 35° à 20° dès que je rentrais dans ces lieux historiques. L'avantage de partir en plein mois de juillet se vit à l'intérieur des musées : pas un touriste en vue, pas de Turinois à part le personnel affecté à la surveillance. Je pouvais admirer un Rembrandt magnifique, "Portrait d'un vieil homme dormant", sans être dérangée, un Jan Brueghel, "Vanités", magique, dans le Musée Sabauda.  J'ai déambulé dans les salles du Musée Egyptien, le premier en Europe après celui du Caire, en éprouvant un sentiment vertigineux du temps qui passe et de l'admiration pour cette civilisation fascinante. J'ai arpenté les palais royaux, "Le Palazzo Reale" du XVIè siècle, siège du Duché de Savoie, aux dorures flamboyantes et le Palazzo Madama, où se loge le Musée des Antiquités. Les Piazza Castello et San Carlo résument à elles seules le goût de Turin pour l'harmonie architecturale et le Baroque que l'on retrouve dans les églises de la ville magnifiquement décorées. La place du livre semble résister avec la présence de nombreux bouquinistes et de librairies. J'ai visité une très belle Bibliothèque royale même si je n'ai pas eu le plaisir de contempler des manuscrits en parchemin et des incunables à cause d'une exposition temporaire sur un Roi d'Italie. En prenant le tram pour me promener vers le fleuve Po, j'ai croisé des Turinois surtout des dames âgées adorables de gentillesse qui me posaient des questions sans que je puisse dialoguer car à mon grand désespoir, je n'ai pas appris l'italien mais l'espagnol. Les plages sont envahies sur les côtes françaises et italiennes... Si vous voulez profiter des lieux culturels, partez à la conquête des villes en plein été, surtout à Turin !

jeudi 25 juillet 2013

"Marée basse, marée haute"

j'ai déjà parlé de cet écrivain merveilleux, délicat et tellement représentatif de la qualité éditoriale "gallimardesque" (si j'ose m'exprimer ainsi...), J.-B. Pontalis, disparu récemment. J'ai donc lu une œuvre posthume, "Marée basse, marée haute", recueil de textes autobiographiques et aussi imaginaires à la façon d'un homme rêveur qui utilise la psychanalyse littéraire ou la littérature psychanalytique comme un symptôme révélateur du comportement humain. Je ne peux pas relater les 26 textes très courts, concis, limpides mais je cite quelques titres éclairants : "Le retrait", "la chute", "Se séparer d'une part de soi-même", "S'exiler de l'exil", "Reprendre vie", "La passerelle, le carrefour", etc. Je suppose que la double identité de J.-B. Pontalis, écrivain-psychanalyste,  a dû nourrir son imagination. Il raconte avec un art très subtil notre condition d'homme et de femme toujours à la recherche du sens de sa propre vie. Chaque personnage réel qu'il décrit et qu'il analyse nous parle aussi de nous-mêmes : histoires d'amour, d'amitié, de haine, de fatigue, de dépression et de ruptures. Le dernier texte du recueil m'a particulièrement touchée car J.-B. Pontalis aborde le thème de la mer et de ses marées (titre choisi pour l'ensemble), et il écrit : "Je me dis que ces coquillages, ces coques, ces palourdes, ces moules en grappes, ces bouts de bois rongés par le sel marin, ces morceaux de corde tombés d'un bateau de pêche, figurent ce qui est déposé dans ma mémoire : de petits restes - comme ils me sont précieux ! - qui seront tout à l'heure recouverts par la marée haute mais qui réapparaîtront, ceux-là ou d'autres, quand la mer de nouveau se retirera. Marée basse, marée haute, cette alternance est à l'image de ma vie, de toute vie peut-être. La vie s'éloigne, mais elle revient." A méditer...

vendredi 19 juillet 2013

"Comment j'ai appris à lire"

Dans le Monde des Livres du vendredi 12 juillet, j'ai lu avec attention les pages consacrées à la jeunesse et les livres, autour de l'essai d'Agnès Desarthe, "Comment j'ai appris à lire"  et du numéro de la NRF dirigé par Philippe Forest, "L'enfance de la littérature". Jean Birnbaum dans sa "prière d'insérer" évoque le vibrant récit, intitulé "Comment j'ai appris à lire" en qualifiant l'attitude d'Agnès Desarthe, de loyale, d'honnête à l'égard d'elle-même et des autres et des livres, aussi. Dans son essai, l'écrivaine raconte avec un humour détonant sa  "détestation des livres", son évitement de la lecture, son manque d'intérêt pour la littérature alors qu'elle entreprend des études de lettres et réussit le concours de l'Ecole Normale Supérieure. Ce récit autobiographique sur son identité d'écrivaine relate avec une vérité rare son parcours chaotique dans le goût de l'écriture et le rejet de la lecture. Son obstination dans ce refus de découvrir les plus grands classiques imposés par l'institution scolaire n'est pas courante. Elle ressentait un monde tellement différent du sien qu'elle ne pouvait pas comprendre, ne pouvait pas appréhender l'intérêt de lire. Mais les remparts qu'elle s'est forgés se fissurent quand elle commence à lire des poètes comme Prévert qui la touche par sa simplicité de style, des écrivains comme George Sand, Victor Hugo, Racine, Duras et d'autres passeurs de littérature. Elle explique avec intensité ses défenses qui s'avèrent culturelles car ses racines familiales font partie d'un autre monde. Un écrivain américain va définitivement la fasciner et la combler pour l'aider dans ce passage symbolique qu'est la lecture, et il se nomme Isaac Bashevis Singer. Elle y retrouve le passé de ses origines familiales, un passé que personne ne lui avait raconté. Elle a compris que la lecture pouvait "réparer" les pertes mémorielles. Cet essai a vraiment touché ma fibre ultrasensible de lectrice passionnée. Cet hommage formidable à la lecture se termine ainsi : "A présent que lire est devenu mon occupation principale, mon obsession, mon plus grand plaisir, ma plus fiable ressource, je sais que le métier d'écrire, n'a servi et ne sert qu'une cause : accéder enfin et encore à la lecture, qui est à la fois le lieu de l'altérité apaisée et celui de la résolution, jamais achevée, de l'énigme que constitue pour chacun sa propre histoire". Un essai lumineux !

jeudi 18 juillet 2013

"La Sirène"

Pour se changer les idées, rien ne vaut un très bon roman policier. Tous les lecteurs(trices) connaissent l'excellente et incontournable collection "Actes noirs" chez mon éditeur préféré, Actes Sud. J'ai donc profité de cette période estivale pour lire "La Sirène" de la célébrissime écrivaine suédoise Camilla Läckberg. J'avais lu ses ouvrages précédents :  de la "La Princesse des glaces" en 2008 à "L'enfant allemand" en 2011 et la déception n'est jamais au rendez-vous. Bien au contraire, l'attente de la révélation concernant une série de meurtres n'est jamais ennuyeuse. Camilla Läckberg détient un talent d'écriture qui maintient l'intérêt du lecteur. Le milieu social des personnages n'est jamais sordide, les meurtriers supposés ressemblent à Monsieur Tout le Monde, la violence se veut feutrée et cachée. Dans ce dernier opus, on retrouve avec plaisir le couple formé par Erica, une écrivaine et Patrick, un policier. Il est chargé d'enquêter sur la disparition d'un certain Magnus, ami proche de Christian Thydell, bibliothécaire et auteur d'un premier roman. Il reçoit des lettres de menace depuis un an. Erica, son amie, mène une enquête parallèle. Les 410 pages relatent cette double enquête en intégrant le réseau d'amis de ce très mystérieux Christian. On se laisse facilement capter par l'ambiance du roman concernant les personnages : enfance tragique, comportement psychique borderline, secret de famille, bêtise machiste, vérité maquillée, etc. Patrick, le policier, patine dans l'enquête alors que sa chère compagne avance plus vite. L'explication des meurtres perpétrés par le mystérieux personnage aux lettres anonymes est distillée au fil des pages sans atténuer la force de l'intrigue. La lecture se transforme en jeu de pistes et en chausse-trappes. Camilla Läckberg a conservé toute son imagination plutôt sombre que lumineuse sur la nature humaine...

mardi 16 juillet 2013

Rubrique cinéma

Quand il fait très chaud en ville (35° sur Chambéry, aujourd'hui), je connais deux solutions pour se rafraîchir : se baigner et aller au cinéma. L'Astrée propose une climatisation agréable et j'en ai profité en allant voir un film "paradoxalement" américain, "Le Quatuor" de Yaron Zilberman. Un film audacieux par son sujet : la vie d'un quatuor à cordes, un ensemble de quatre musiciens virtuoses, spécialistes de Beethoven. Le violoncelliste apprend qu'il est atteint de la maladie de Parkinson. L'avenir du groupe est donc menacé. A la veille de leur 25e anniversaire, le Quatuor va exploser. Le couple formé par deux violonistes se déchire et va se séparer, le quatrième compère va prendre la fille du couple comme maîtresse malgré la différence d'âge. Toute leur vie artistique part en vrille : jalousies, rancœurs, amertumes s'affirment et se développent dans leur cohabitation musicale. Leur vingt-cinq ans d'amitié et d'amour se fragilise au détriment de leur profonde vocation artistique. Le réalisateur met en scène la passion humaine sous le masque de la perfection, de l'idéal que représente l'interprétation musicale, une école absolue de discipline et de travail au détriment de l'épanouissement personnel. Chacun lutte pour sa survie : le créateur du Quatuor en proie au deuil (il a perdu sa femme, mezzo-soprano) et à la maladie, le premier violon trop perfectionniste et dépourvu de sentiment, le deuxième violon, jaloux de son collègue, sa femme partagée entre son amour pour son mari et son désir pour son collègue. Comme j'ai vraiment un goût immodéré pour la musique classique, j'ai vraiment apprécié ce film, traditionnel dans sa forme mais passionnant dans la mise en scène des personnages, passionnés par leur art jusqu'au sacrifice de leur propre vie... A voir si vous aimez le monde fascinant de la musique classique.

vendredi 12 juillet 2013

"C'était Catherine B."

Je me suis toujours intéressée à l'œuvre originale de Georges Perec. Il faut absolument relire son livre prémonitoire sur le phénomène de la consommation de masse, "Les choses". Il restera toujours dans la mémoire littéraire avec son célèbre "Je me souviens", texte mis en scène et interprété par un Sami Frey, formidable de vérité et de lucidité. Quand je pense à lui, mort dans sa cinquantaine, on n'imagine pas sa vie de "famille". Pourtant, les compagnes d'écrivains mériteraient toute notre attention. Marina Vlady a donc comblé ma curiosité en dressant le portrait de Catherine Binet, son amie intime. Elle écrit en première page : "Catherine Binet était la compagne de Georges Perec, c'est l'héroïne de ce portrait. (...) Sa destinée chaotique, faite de créativités avortées, d'humiliations au quotidien, mais aussi de réussites artistiques majeures, est exemplaire". Marina Vlady  rend un hommage émouvant à cette amie singulière, particulière et exceptionnelle. Elle relate avec des souvenirs très précis leur trente ans d'amitié depuis 1980. Catherine Binet n'était pas une femme ordinaire, loin de là. C'était une artiste dans le domaine du cinéma. Elle a ainsi réalisé des films qui restent encore méconnus. Sa fin de vie s'avère difficile et solitaire. Ce document biographique éclaire une partie de la vie de Georges Perec, écrivain de génie. Marina Vlady a toujours soutenu son amie malgré toutes les galères qu'elle a vécues elle-même. Ce livre est un témoignage d'amitié envers une femme passionnée de littérature et de cinéma qu'elle a essayé d'aider pendant toutes ces années. Catherine Binet s'est éteinte à 62 ans en 2005. Je regrette l'absence de son témoignage de vie sur son compagnon, Georges Perec...

jeudi 11 juillet 2013

Revue de presse

Pour terminer la revue de presse de juillet, j'ajouterai la revue Philosophie magazine qui consacre son dossier central sur la question essentielle du bonheur : "Pourquoi ne sommes-nous pas plus heureux ?". Alexandre Lacroix, le directeur de la rédaction, s'interroge sur ce sentiment d'insatisfaction et d'inquiétude que l'on ressent souvent dans sa vie. Je le cite : "Les pauses de l'existence ont presque toujours une tonalité mélancolique. Comme si la petite musique trépidante du quotidien masquait, derrière un son de basse, plus essentiel ; comme si l'absence de toute préoccupation, la levée provisoire des soucis venait révéler une dimension ombreuse et menaçante de l'existence." Les pages sur ce sujet récurrent en été ne sombrent pas dans la caricature de l'option "soyons heureux, gais, positifs" : il est normal de ressentir cette douce mélancolie, liée à notre condition de "mortel", et nous dit Alexandre Lacroix "Il est possible, au fil des années, d'apprivoiser cette souffrance-fond, de lui permettre de rayonner en nous, sans la craindre". J'ai aussi noté un beau reportage de Yannick Haenel sur les traces de Saint François d'Assise en Toscane, un entretien avec Imre Kertesz sur la noirceur du XXe siècle, un cahier sur Schopenhauer et l'amour, un face à face entre Pierre Rabhi et Michel Onfray, et bien d'autres rubriques. Pour ne pas bronzer idiot sur une plage... Le Magazine littéraire s'est associé avec Marianne pour leur Hors-série de l'été sur les lectures de l'été avec de très nombreux conseils sur les livres de poche (200 références) et un dossier sur Pierre Dac. J'ai aussi acheté la Quinzaine littéraire numéro 1087 qui rend hommage à Maurice Nadeau, disparu le 16 juin 2013. Les revues sur la littérature et la philosophie ont pour moi un charme particulier : le lecteur(trice) feuillette, butine, note, découvre, s'informe, se cultive et la savoure dans un temps non limité. On peut même les retrouver des semaines et des mois après leur parution...

mercredi 10 juillet 2013

"Le gardien invisible"

Je ne lis pas beaucoup de romans policiers mais j'ai fait une exception avec Dolores Redondo, recommandée par des critiques élogieuses. Son "Gardien invisible", édité chez Stock dans la collection récente "La Cosmopolite Noire", m'a procuré un plaisir de lecture, teinté de frisson et de nostalgie. Le cadre du roman est culturellement proche de mon ancrage symbolique au Pays Basque, du côté Navarrais, qui va de Pampelune à Elizondo. L'héroïne se nomme Amaia Salazar, inspectrice ultra formée au FBI. Elle revient dans son village d'origine, Elizondo, pour résoudre une enquête fort difficile concernant l'assassinat de plusieurs jeunes filles. Ces victimes sont exposées selon un rite digne d'un sérial killer, assoiffé de pureté. Ce meurtrier semble connaître à la perfection la forêt où coule la rivière Baztan. Amaia utilise les techniques d'investigation les plus sophistiquées pour confondre cet étrange meurtrier. Une légende parcourt le livre avec la présence d'un "basajaunn", être mythologique de la culture basque. Ce yéti des forêts est-il l'instigateur du cérémonial morbide entourant les victimes ? L'inspectrice retrouve aussi dans ce retour aux sources sa terreur d'enfance face à une mère en proie à la maladie mentale. Ses sœurs ont repris l'entreprise de pâtisserie familiale et l'aînée, Flora, lui reproche son absence et sa désertion, Amaia ayant choisi une destinée différente, loin de son village. Ce roman policier n'est pas seulement une enquête sur la disparition des jeunes filles et la traque du meurtrier. J'ai beaucoup apprécié l'analyse psychologique des personnages, l'environnement austère de cette partie du Pays Basque espagnol, la qualité de l'écriture (excellente traduction de Marianne Million), le rôle des légendes, le poids des traditions et le dénouement inattendu. Un très bon roman à lire cet été, et pour moi, une surprise heureuse en découvrant cette femme écrivain, née à Saint Sébastien en 1969... Elle va poursuivre son chemin littéraire avec Amaia Salazar, tant mieux !

lundi 8 juillet 2013

"7 femmes"

Lydie Salvayre écrit dès la première page : "Sept folles. Pour qui vivre ne suffit pas. Manger, dormir et coudre des boutons, serait-ce là toute la vie ? se demandent-elles. (...) Sept allumées pour qui écrire est toute la vie". Le ton est ainsi donné dans les sept portraits qu'elle brosse avec toute son admiration d'écrivain-femme à d'autres écrivains-femmes qui ont osé prendre la plume à une époque où la vie littéraire se résumait à 95 % d'hommes créateurs, les femmes jouant le rôle de muse, d'accompagnatrice, de compagne aimante et mutique... Les "folles" qu'elle évoque s'appellent Emily Brontë, Marina Tsvetaeva, Virginia Woolf, Colette, Sylvia Plath, Ingeborg Bachmann, Djuna Barnes : deux Américaines (Plath et Barnes), deux Anglaises (Brontë et Woolf), une Russe (Tsvetaeva) et une Autrichienne (Bachmann). Lydie Salvayre rend compte de leur vie, des vies tourmentées, mouvementées, malheureuses, angoissantes pour la plupart d'entre elles. Ces "bouts" de biographie possèdent une tension romanesque qui permet au lecteur(trice) de découvrir ces femmes passionnantes, flamboyantes, inaptes à vivre un quotidien normatif, sage et banal. L'écriture rythmait leurs jours et leurs nuits. Certaines ont connu le succès, d'autres ont disparu sans se faire reconnaître. Si on aime la littérature, il faut découvrir le livre de Lydie Salvayre, petite sœur en empathie de ces femmes extraordinaires et émouvantes. Et cet hommage d'une femme à ses modèles littéraires provoque une envie entière de lire ou de relire ces sept merveilleuses "folles", folles d'écriture et de littérature. Un livre fort et indispensable...

jeudi 4 juillet 2013

"Passion de l'énigme"

Je viens de lire "Passion de l'énigme" de Diane de Margerie aux Editions Mercure de France dans l'excellente collection "Traits et Portraits". Diane de Margerie est une femme écrivain d'une subtilité rare et originale. Elle écrit depuis 1974, presque 40 ans maintenant et je l'ai surtout remarquée quand elle composait des livres sur Proust, sa passion communicative. Elle a cité Fernando Pessoa dans sa deuxième page : "Nous sommes deux abîmes face à face - un puits contemplant le ciel". Comme le veut la collection, cet ouvrage évoque l'enfance de Diane de Margerie, sa famille illustre (elle est la petite-nièce d'Edmond Rostand), ses lectures découvertes, ses nombreux voyages en Chine, en Italie, (son père est diplomate), ses relations familiales houleuses, ses rêves secrets et révélateurs. Elle s'interroge constamment sur le passé, comme une admiratrice proustienne. Elle ne comprend pas le silence de sa mère ou de son père sur leur vie propre, intime, personnelle. Ce rapport de l'écrivain à l'énigme, au secret, lui révèle la richesse de la littérature. Elle écrit à la page 73 : "On est à soi-même sa propre énigme. D'où vient la passion de l'enquête." Ce récit autobiographique mérite vraiment l'attention d'un lecteur(trice) attiré(e) par la recherche des origines, l'influence d'un milieu artistique et intellectuel, les racines familiales. Le livre intègre de très belles photos de la famille Margerie. Je vous laisse sur ses mots : "Souvent, loin des souvenirs, des enquêtes, des raisonnements et des déductions, couchée sur le lit, je vois des merveilles. (...) Tout est présent. Rien ne meurt jamais. (...) La beauté du monde bat comme un cœur ébloui, comme le flux et le reflux de la mer."

mercredi 3 juillet 2013

Kafka et Google

Quand Google évoque la littérature à travers le "doodle", je suis curieuse de savoir si des utilisateurs de ce moteur de recherche cliquent dessus pour s'informer du sens de l'habillage des lettres "google". Aujourd'hui, ce mercredi 3 juillet, Kafka est né il y a donc 130 ans. Cet hommage "clin d'œil" montre l'insecte de la "Métamorphose", œuvre géniale de cet écrivain tchèque, souvent cité et adoré de ses confrères écrivains. Je pense à son immense œuvre, pourtant noire, désespérante, absurde, mais qui peut aussi vous faire poser des questions essentielles sur la vie. Cet homme a voué sa vie à l'écriture et à la littérature et il est mort à 40 ans d'une tuberculose. Son génie créateur a démontré la solitude existentielle face à la bureaucratie et à la société de plus en plus technocratique et inhumaine. Je ne peux que citer cette phrase si connue de Kafka : "Un livre doit être la hache pour la mer gelée en nous"... A méditer et surtout, grâce à Google-Doodle, lisez et découvrez les romans et le journal de Kafka, le magnifique pragois...