mercredi 8 février 2017

Les 40 ans de Beaubourg

Cette semaine, Paris fête les quarante ans d'une institution emblématique de la modernité : le Centre Pompidou, baptisé aussi Beaubourg ou BPI. Je suis "montée" à Paris en 1981 et cet anniversaire m'a replongée dans mon passé de "provinciale", attirée par la magie de notre capitale et à cette époque-là, la culture ne pouvait que se vivre pleinement qu'à Paris. Le pays ne s'était pas encore doté de grandes médiathèques, de musées rénovées, de librairies fascinantes. Je désirais respirer l'air du large culturel en accostant sur les rives de la Seine. Quand j'ai vu pour la première fois ce vaisseau industriel, réalisé avec des tuyaux bleus pour l'air, jaunes pour l'électricité, verts pour l'eau, rouges pour les ascenseurs, des façades en verre, j'ai été frappée par l'audace folle de cette architecture et même si certains esprits chagrins l'ont surnommé "raffinerie, méccano, bidule affreux", Beaubourg a tout de suite attiré des millions de visiteurs. Dès que je suis rentrée à l'intérieur, j'ai adoré le musée national d'Art moderne où j'ai commencé à vraiment aimer la peinture moderne et contemporain. Mais,  j'ai admiré tout de suite l'immense espace de la bibliothèque, avec un fonds de centaines de milliers de livres que l'on pouvait consulter sur place et en toute liberté sans être muni d'une carte de lecteur. Une révolution à l'époque pour la lecture ! Je me souviens d'avoir passé quelques après-midi dans ce lieu, bondé de jeunes et de moins jeunes aussi, un brassage d'étudiants, de curieux, de fouineurs heureux. Plus de vingt mille visiteurs par jour défilaient dans les escalators du centre, alors que le personnel en attendait cinq mille. Musée, bibliothèque, musique (IRCAM), Design, Grandes expositions, tous ces offres culturelles sont à la disposition du public en toute liberté. Dans un séjour à Paris en 2013, j'ai repris le chemin de Beaubourg pour revoir une toile de Vieira da Silva que je n'ai pas retrouvée, les conservateurs ayant choisi de la mettre dans la réserve... Le Centre avait perdu un peu de sa magie car je ne le voyais plus avec mes yeux de trentenaire... Mon esprit critique pointait des défauts : trop de monde, une offre saturée d'événements, des touristes attirés par la vue sur Paris plus que par la culture... Le temps nous change, transforme nos goûts et je pensais à Héraclite avec sa sentence célèbre : "Tout coule, tout change"... Le Centre Pompidou reste malgré tout une des institutions les plus visitées de Paris après la Tour Eiffel. Son hyper-modernité hybride correspond bien à l'air du temps. Et j'y retournerai un jour prochain ! Peut-être que ma Vieira da Silva sera de nouveau sur un mur du musée...