mercredi 26 novembre 2014

"Le météorologue"

Olivier Rolin et son "météorologue" n'a pas obtenu un prix littéraire sauf celui du Style. Il aurait mérité largement le Médicis... J'avais vu sur Arte un documentaire sur la bibliothèque perdue des îles Solovki. Cette histoire de bibliothèque oubliée, dispersée dans un camp du Goulag m'avait beaucoup intéressée. La recherche d'Olivier Rolin était passionnante pour retrouver ce fonds perdu de livres appartenant aux prisonniers politiques, souvent des intellectuels broyés par le régime stalinien. Mais après une enquête minutieuse, l'écrivain français rencontre une femme russe qui va lui donner une piste fiable et il finira par découvrir la collection dans une école. J'avais donc envie de lire "Le météorologue" pour en apprendre davantage sur un des personnages du camp. Il s'appelle Alexeï F. Vangengheim et il est arrivé au goulag par dénonciation d'un collègue. Il est météorologue et étudiait les prévisions climatiques pour faciliter les transports routiers, aériens et maritimes. Il occupait donc un poste prestigieux dans la nomenklatura intellectuelle soviétique. Cet homme avait foi dans le communisme révolutionnaire. Il voulait "aider le prolétariat révolutionnaire à maîtriser les forces de la nature". En janvier 1934, il est arrêté, interrogé et envoyé au Goulag. Il y passe trois ans et envoie des lettres à sa femme et adresse à sa petite fille des herbiers que l'on retrouve à la fin de l'ouvrage. Il proteste vainement auprès des autorités pour clamer son innocence et ne comprend rien à son exil injuste. Lui, le savant honnête, fidèle aux idéaux de la Révolution bolchévique, crie en vain et ne sera jamais entendu. Il sera exécuté dans l'indifférence générale et sa femme ne connaîtra jamais les circonstances de cette liquidation. Olivier Rolin a choisi de raconter une histoire absurde et tragique d'un homme innocent comme toutes les victimes de la folie stalinienne. Ce témoignage sur tous ces disparus du Goulag, exécutés par des bourreaux inhumains, révèle la barbarie du stalinisme. L'auteur veut aussi montrer, avec cet ouvrage documenté avec minutie et précision, comment un homme innocent peut être massacré par la terreur. Un récit glaçant par son sujet mais un récit-devoir de mémoire contre l'oubli, absolument nécessaire en ces temps de retour de la barbarie au nom de la religion. Un des meilleurs livres d'Olivier Rolin...