lundi 19 février 2018

Les cinquante ans du "Monde des Livres"

Quand j'ai acheté le Monde du vendredi 2 février, le dossier des Livres mentionne en gros caractères, "50 ans" : un numéro exceptionnel pour marquer ces cinq décennies du journal. Je me suis dit que ce n'était pas possible... Déjà, cinquante ans ! J'ai calculé que je le lisais depuis l'âge de vingt-cinq ans, donc j'ai quarante deux ans de lecture derrière moi... Lire le Monde des Livres ressemble à un rituel depuis tant d'années : je ne peux pas m'en passer et quand je ne suis pas en France, je charge une amie de l'acquérir en mon absence. Ce rendez-vous hebdomadaire m'accompagne et ponctue ma semaine. Je l'ouvre avec gourmandise pour noter les nouveautés du mois, découvrir des écrivains français et étrangers, me cultiver avec des critiques en sciences humaines, me plonger dans des planètes littéraires insolites. Jean Birbaum, le rédacteur en chef, écrit : "Le livre n'est pas seulement un objet à recenser, mais un univers d'expériences à explorer. (...) Il n'y a pas, d'un côté les livres et de l'autre la vie, mais une seule et même écriture qui éclaire l'actualité du jour et le quotidien de nos existences". Le supplément rassemble "toutes les sentinelles du livre, éditeurs, traducteurs, correcteurs, libraires, attachés de presse, critiques, illustrateurs...". Les rédacteurs en chef ont marqué profondément la ligne éditoriale. Je pense en particulier à Jacqueline Plantier et à Josyane Savigneau. Dans cet hommage au travail immense des journalises littéraires, douze livres marquants avec leur critique sont proposés dont "Patrimoine" de Philip Roth, "Les armoires vides" d'Annie Ernaux, "En lisant, en écrivant" de Julien Gracq. Raphaëlle Bacqué raconte dans un long article l'aventure intellectuelle du supplément : "Feuilleter les collections du Monde des Livres sur cinquante ans constitue un voyage dans la littérature autant que dans la vie du pays. (...) Des dizaines de milliers d'ouvrages y ont trouvé une lecture attentive et le moyen de se frayer un chemin vers ce que sa première directrice appelait un lecteur ami". Des écrivains étrangers remercient le Monde de publier ce supplément qu'ils attendent tous les vendredis dans les kiosques des grandes capitales. Qualité d'écriture, analyses sérieuses, critiques retenues, découvertes surprenantes : tous ces ingrédients indispensables offrent une lecture passionnante pour tous les amoureux des livres et de la littérature. Je déplore la disparition de mon "Magazine littéraire", transformé en "Nouveau Magazine littéraire" (un mensuel politique de gauche affirmée) et j'espère que le Monde des Livres vivra encore cinquante ans. J'irai l'acheter encore longtemps le vendredi, un plaisir chaque fois renouvelé...