vendredi 10 juin 2011

Les livres à la télévision

Temps maussade et gris sur Chambéry, avec quelques éclaircies : j'en profite pour visionner des émissions littéraires que j'enregistre le soir. J'ai donc vu la dernière de la Grande Librairie avec François Busnel sur la Cinq, le jeudi soir. J'aime bien cette cérémonie de la dernière émission avant l'été. Ils exagèrent de partir trois mois quand même... Bon, il faut bien qu'ils soufflent, ces parisiens. François Busnel était entouré de quelques écrivains qui se sont chargés de sélectionner des classiques. J'ai remarqué surtout Laure Adler défendant Flaubert, Rimbaud et conseillant la lecture de "La sorcière" de Jules Michelet. Elle a aussi bien parlé de Marguerite Duras qu'elle a biographée et recommande "L'amant", roman oublié et décrié par la critique. Les écrivains présents sur le plateau ont cité Vian, Marcel Aymé, Beckett, et bizarrement le journal de Churchill. Ensuite, les critiques de certains hebdos ont recommandé "La fortune de Sila" de Fabrice Humbert, "la province" d'un russe Maxime Ossipov, "Ce qu'aimer veut dire" de Mathieu Lindon", "Ou j'ai laissé mon âme" de Ferrari. Et enfin des libraires, de vrais libraires qui lisent. Dans les conseils précieux qu'ils ont livrés, j'ai surtout retenu pour les auteurs français : Sévère" de Jauffret, "Cet été-là" de V. Olmi, "G229" de Blondel, "Ouragan" de Laurent Gaudé, "La violoncelliste" de Marcel Moreau. Pour les étrangers, j'ai remarqueé le "Just kids" de Patti Smith, "Le léopard" de Nesbo. Réunir des écrivains, des critiques et des libraires donnent une dynamique à l'émission et Busnel devrait proposer cette formule plusieurs fois dans l'année au lieu d'une avant l'été. Plus on parle de livres à la télé, plus on a envie de lire tous ces titres. Pour ma part, j'en ai déjà lu certains, mais je vais découvrir des livres que je n'ai pas encore eu le temps de lire. Quand la télévision se mêle de littérature, je la trouve plus "intelligente"... Quel dommage qu'elle l'oublie trop souvent...
La deuxième émission que j'ai regardé en "différé" était passionnante : c'est le portrait de Maurice Nadeau, le plus jeune des centenaires de France. Portrait émouvant, touchant,intelligent. Des livres partout : dans son bureau de la Quinzaine, dans son appartement parisien, dans sa maison de campagne, des murs de livres protecteurs, bienveillants, chaleureux. On sent qu'il aime cette vie totalement consacrée à la litttérature et quand il montre à la caméra des lettres de René Char, Perec, Lowry, je me demandais, moi qui suis une ancienne biblothécaire, que deviendraient tous ces livres et tous ces documents précieux en l'absence de Maurice Nadeau. Dans cette émission si précieuse, il lit le journal de Kafka, (qu'il m'a donné envie de lire), il parle de Beckett, il feuillete des manuscrits, il corrige les épreuves de la "Quinzaine" et finit par avouer qu'il n'est "rien" sans les autres. Leçon de modestie, leçon de vie, dans le bon sens du terme. Maurice Nadeau aime la littérature qui dérange, qui dit non, qui "révolutionne" et qui "dénonce"... A cent ans, Maurice Nadeau éprouve le vertige de partir sans avoir tout relu. Un phénomène, je vous dis...