vendredi 13 juin 2014

"Voyages et autres voyages"

Dès que j'ai aperçu sur la table des nouveautés de la librairie Garin, l'ouvrage, "Voyages et autres voyages" d'Antonio Tabucchi, je l'ai tout de suite saisi dans mes mains pour le feuilleter et je l'ai évidemment acheté. J'ai une admiration sans fin pour cet écrivain italien, né à Pise en 1943 et mort à Lisbonne en 2012. J'ai évoqué son œuvre littéraire dans ce blog et je recommande en particulier le formidable "Pereira prétend" édité chez Bourgois. On connaît sa passion fondatrice pour le génie lisboète, Fernando Pessoa et sa vie littéraire se confond avec sa vie réelle. Cet intellectuel antifasciste, (lire "Au pas de l'oie : chroniques de nos temps obscurs), cet écrivain raffiné, merveilleux, devrait entrer dans la Pléiade (son œuvre est publié chez Gallimard)... De son vivant, je lui aurais décerné le prix Nobel de littérature... Quelle injustice pour lui et pour l'Italie... Il n'avait pas besoin de ces récompenses, au fond, futiles à ses yeux et il incarnait un amour inconditionnel pour la littérature, une littérature exigeante, fondamentale, profonde et fascinante. Je le classe dans les très grands écrivains contemporains à lire sans cesse et sans tarder. Son opus posthume, "Voyages et autres voyages" concerne sa vision de ses déplacements, une vision originale, critique mais aussi amplement émerveillée de la magie des lieux. La carte du monde s'étale devant nos yeux : Paris, Sète, la Provence, Barcelone, la Crète, Lisbonne, la Grèce et l'Inde, et l'Amérique, et même un coin de Mongolie et bien d'autres pays de la planète. Ce livre de sensations littéraires complète à merveille tous les guides pratiques du voyage et certains textes m'ont particulièrement touchée. Il évoque les sculptures de Chillida, la ville de San Sébastian, la culture basque et ses "fascinantes et mystérieuses origines (amulettes magiques, étranges pierres tombales, instruments musicaux)  ; une culture magnifique que le fanatisme assassin de l'ETA risque de rendre odieuse." Quand il conte la magie de Lisbonne et de Pessoa, j'ai revécu ce voyage que j'avais fait dans cette ville si romanesque, une des plus belles capitales européennes. J'ai retenu aussi le concept de "syndrome de Stendhal" où la beauté peut rendre "malade". Je cite ce passage : "Chaque jour, la laideur du monde nous poursuit, elle est chez nous dans l'écran de télévision, et nous nous y sommes habitués. Alors que la beauté, elle, peut rendre malade". Voyager, c'est guetter et percevoir la beauté du monde... Avant de partir, il faut lire ce recueil de textes pour apprendre à mieux voyager à la manière "tabucchienne", si j'ose m'exprimer ainsi...