mardi 13 février 2018

Rubrique cinéma

Dès la première image du film, "Jusqu'à la garde" du réalisateur Xavier Legrand, une certaine tension m'a saisie jusqu'à la dernière image. Un couple se déchire dans un bureau d'un juge. Il est question de garde d'enfants, surtout du plus petit, un garçon de onze ans, sa sœur étant presque majeure. Le père revendique son rôle auprès de son fils et son avocate l'humanise pour attendrir la juge. La mère, mutique et tétanisée, accepte contre son gré l'arrangement contraignant d'un week-end sur deux pour leur fils Julien. Mais, le garçon a pris parti pour sa mère, ce qui exaspère le père, contenant sa propre violence avec difficulté. Les scènes dans la voiture paternelle symbolisent l'impossible communication entre eux. La ceinture de sécurité prend une grande importance dans ces échanges bloqués. Le jeune garçon terrorisé supporte les questions sur leur nouvelle vie de famille. La jalousie maladive, la suspicion perverse de cet homme frustre font craindre le pire. Et les enfants éprouvent une peur panique devant ce père immature. Ravagé par le manque d'amour, il veut attirer la pitié de sa femme dans une scène où il tente l'ultime chance de renouer le lien familial. Cet homme qui n'attire aucune empathie, se sent exclu, ce qui le rend particulièrement dangereux. D'autant plus que son propre père démissionne et le chasse de chez lui devant sa violence incontrôlée. Sa fille aînée choisit sa vie avec son copain et sa fête d'anniversaire, ses dix huit ans, annonce le dénouement. Le mari frustré attend dans l'ombre d'un parking et quand la soirée se termine, notre homme délaissé sonne à la porte de l'appartement où demeurent son fils et son ex-femme. Il reste des heures à attendre que s'ouvre la porte. La mère et l'enfant se blottissent dans le lit en attendant que cet harcèlement cesse. Mais, le mari, furieux, va chercher sa carabine et commet l'irréparable. Je ne dévoilerai pas la fin de ce film sobre, sans fioritures, d'un réalisme éprouvant sur la violence conjugale. Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de leur conjoint. Ce film coup de poing joue son rôle d'alerte, de prise de conscience, et les enfants dans ces expériences traumatisantes, sont les héros courageux de ces drames tragiques...