mercredi 9 avril 2014

Atelier de lectures, 2

Pour la deuxième partie, baptisée par Sylvie "la pioche aux livres", j'ai proposé les deux plus grandes divas de la littérature française, dotées d'un prénom commun : Marguerite Yourcenar et Marguerite Duras. On célèbre en ce moment le centenaire de Duras (elle est née le 3 avril 1914) et Arte (quelle belle chaîne !) a offert des documentaires sur elle dont "Le siècle de Duras" et son film mythique "Hiroshima, mon amour". J'ai toujours suivi, et les œuvres de la pasionaria de la rue St Benoît et les épopées historiques et familiales de notre américaine exilée. L'aînée a construit des monuments littéraires à l'image de la Rome antique (portrait d'Hadrien), de la Renaissance (Zénon) et même de la saga familiale ancrée dans une tradition européenne du Nord (Le Labyrinthe du monde) pour ne parler que de l'essentiel. Sa petite sœur cadette, très loin de cette planète d'un classicisme incontestable, a livré à ses fans (les lectrices de Duras sont séduites, sidérées, envoûtées...) l'histoire secrète de son enfance dans un Vietnam fantasmé, de sa mère-courage qui préférait ses fils, de la découverte de la jouissance, et surtout de sa recherche éperdue de l'amour avec un grand A, un amour souvent non-partagé. Ces deux monstres littéraires sont devenues des icones du XXème siècle : chacun(e) peut reconnaître le style inimitable de l'une ou de l'autre, chacun(e)  peut se retrouver dans leur univers mental façonné par la passion de l'Histoire, le vertige du temps ou par les questions permanentes que pose Duras sur l'amour, la solitude, le désespoir, la perte... Nous avons donc partagé dans la deuxième partie de l'atelier quelques lectures de deux "Marguerite". Régine a évoqué "La douleur" (1985) de Marguerite Duras, un récit autobiographique relatant la libération du Robert Antelme, son mari, interné dans un camp de concentration. L'audace du livre réside dans l'extrême précision des détails sur la déchéance physique de Robert Antelme, de sa guérison très lente et douloureuse. Un choc de lecture, extraordinaire selon Régine. Danièle a lu "Le marin de Gibraltar" (1952) ou l'histoire d'une femme qui court le monde en bateau à la recherche de l'homme qu'elle aime et qui a disparu. Un roman dans la première phase de création (les romans des années 50) où Duras décrit dans une langue assez classique, l'impossible communication entre les êtres. Geneviève et Janine ont partagé le même avis sur le célèbre "L'amant", prix Goncourt en 1984, qui a conquis des millions de lecteurs(trices) dans le monde entier. Après une deuxième relecture, elles n'avaient rien oublié de cette histoire d'amour sulfureuse entre une jeune fille de 15 ans et un riche Chinois de 26 ans. Pour ma part, j'ai relu "Les petits chevaux de Tarquinia" (1953) que j'ai trouvé d'une modernité contemporaine par son style, son sujet sur une femme "absente" à elle-même, la tonalité "tragique" sous un soleil de plomb : du très grand art ! Evoquer ces deux figures mérite un deuxième billet que j'écrirai jeudi...

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