lundi 6 mai 2024

Bernard Pivot, hommage

Bernard Pivot ! J'ai appris avec tristesse (après Paul Auster) qu'il venait de nous quitter à l'âge de 89 ans. Un fou de livres, de littérature, un bibliomane, un bibliophile, un ami de l'orthographe et des dictées. Le "nounou" des écrivains et écrivaines. La France perd un de ses meilleurs amoureux de la culture. D'ailleurs, je l'aurais vu ministre de la lecture ! Je donne une idée à notre Président qu'il devrait nommer un ministère de la lecture ! Oui, cet homme était un galérien de la lecture. Pour animer ses émissions d'Apostrophes, il lisait toute la journée, prenait des notes, s'informait et quand il recevait les auteurs sur le plateau, il consultait ses fiches. Personne aujourd'hui ne veut sacrifier sa vie à un tel sacerdoce. Quelles images vont rester de ce charmant Monsieur, d'une éducation parfaite, avec une once d'humour et des traces d'ironie ? Celles de ses débats tonitruants et aussi élégants avec tous les écrivains et tous les intellectuels des années 70 aux années 2000.  Je me souviens de ce passé livresque car dans ma librairie et plus tard mes bibliothèques, tous les téléspectateurs, interessés par les livres de Bernard Pivot, me disait qu'il ne se souvenait plus du titre mais qu'il était passé chez Pivot ! J'organisais souvent des tables "pivotiennes" pour présenter ces publications, qui, sans l'aide de ce journaliste, n'auraient pas rencontré leurs nombreux destinataires. Nostalgie de cette époque quand ce monde des livres avait une place prépondérante dans la société. Temps béni du dialogue sans violence, de la découverte de talents sans scandale. Evidemment, on était bien tranquille sans Instagram, Tiktok et compagnie. Les jeunes d'aujourd'hui ne savent plus qu'il existait un temps libre de toutes ces chaînes virtuelles. La télévision, la radio et la presse suffisaient amplement pour informer les amateurs de livres, de littérature. Et les librairies et les bibliothèques étaient des relais indispensables pour la lecture. Une page se tourne avec le départ de Bernard Pivot et j'espère qu'il va animer au paradis (car il ira tout droit) des rencontres avec tous ceux et toutes celles qu'il a invités. Je pense en particulier à Jean d'Ormesson, Marguerite Yourcenar, Marguerite Duras. Homme de télévision, médiateur culturel de génie, chantre de l'orthographe, écrivain, jongleur de mots, il va nous manquer et il nous a déjà beaucoup manqué quand il s'est retiré dans sa retraite. Je savais qu'il était très malade. Un "chic type", un Français du Beaujolais, un amateur de football et de cuisine. Sa disparition, un grand moment de nostalgie...